Méthanisation
Le méthaniseur de Brazey-en-Plaine a ouvert ses portes au public

Berty Robert
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En ouvrant ses portes au grand public de manière inédite, à l’occasion des journées nationales du biogaz, l’EARL des Chavanas, à Brazey-en-Plaine, a pu expliquer dans les moindres détails le fonctionnement de son méthaniseur.

Le méthaniseur de Brazey-en-Plaine a ouvert ses portes au public
Toute la journée, les groupes de visiteurs ont pu découvrir et comprendre, grâce aux explications de Jean-Michel Fèvre, le fonctionnement d'un méthaniseur.

La méthanisation agricole, on en parle beaucoup sans trop savoir de quoi il retourne. Pas étonnant, dès lors, que la journée porte-ouverte du 17 septembre à l’EARL des Chavanas, à Brazey-en-Plaine, à l’occasion des Journées nationales du biogaz organisées par l’Association des agriculteurs méthaniseurs de France, ait fait le plein. Les méthaniseurs ont pris un autre relief depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine qui nous a fait prendre conscience de nos fragilités en matière d’approvisionnement en gaz. Le 17 septembre, les petits groupes de visiteurs se sont donc succédé sur le site de l’exploitation, guidés par l’un des associés, Jean-Michel Fèvre, dans une ambiance conviviale avec un marché de producteurs agricoles locaux.

De la pédagogie

En matière de méthanisation, il faut de la pédagogie avant tout car le sujet est complexe. Les organisateurs avaient bien fait les choses : les visiteurs découvraient dès leur arrivée les différentes composantes utilisées pour produire ce gaz « vert » et leur potentiel énergétique. C’est en 2012 que l’exploitation agricole a commencé à réfléchir à la méthanisation. À l’époque, elle épandait dans les champs des déchets issus d’une malterie et a considéré qu’elle pouvait les valoriser différemment. « De plus, reconnaît Jean-Michel Fèvre, ce type d’épandage était vraiment très malodorant et entraînait des nuisances pour les riverains ». La méthanisation permettait de résoudre ce problème de nuisance et offrait la possibilité de produire de la chaleur dont la malterie avait besoin (voir encadré). L’injection de gaz a commencé en 2014, pour une puissance de 250 kW et, en 2018, la méthanisation a été agrandie afin de doubler cette production. Les visiteurs ont appris à cette occasion que la méthanisation résulte d’une décomposition de matière organique, principalement végétale, mais il peut également y avoir des produits d’origine animale (déchets alimentaires provenant de cantines). Ces derniers sont traités dans un appareil qui les soumet, pendant deux heures, à une température de 70°, afin d’éliminer les pathogènes. En se décomposant, la matière organique fabrique du méthane (CH4) qui est utilisé pour faire fonctionner un moteur qui, lui-même, entraîne une génératrice pour fabriquer de l’électricité revendue à une filiale d’EDF.

Comme une panse de vache

Pour illustrer son propos auprès du public, Jean-Michel Fèvre a comparé son méthaniseur à une panse de vache dans laquelle se produit une fermentation. « Tous les jours, précisait-il, nous amenons environ 30 tonnes d’aliments solides à notre méthaniseur : des fumiers de bovins, de l’ensilage de seigle, de sorgho ou de maïs, des radicelles de malterie, des poussières de céréales… Il y a aussi des boues de malterie ». En parallèle, il y a aussi du liquide : lisier d’élevages, eaux grasses que les restaurants ont l’obligation de trier et de faire collecter. Le méthaniseur de Brazey en récupère entre 40 et 50 tonnes chaque semaine. Le site utilise également les « eaux blanches » des fromageries Bel de Lons-le-Saunier et Dole, dans le Jura, des jus de fruits impropres à la vente de l’usine Pampryl à Nuits-Saint-Georges, des eaux de nettoyage de moutarde… Autant de déchets qui trouvent dans le méthaniseur un débouché utile. La décomposition, par des bactéries, de toute cette matière organique (à 55 % d’origine agricole) réclame un cycle de 120 jours et une température de 40 °. Le méthaniseur de Brazey produit ainsi 500 kW par jour. Le gaz produit est collecté dans les dômes qui surmontent les méthaniseurs. La production annuelle du méthaniseur représente environ 80 % de la consommation électrique de Brazey-en-Plaine (hors chauffage) qui compte près de 2 500 habitants.

Le méthaniseur de Brazey-en-Plaine produit également de la chaleur qui est valorisée de différentes manières. Elle sert, par exemple, à la malterie de Brazey. Le méthaniseur lui envoie, par le biais d’une canalisation, une eau à 80°qui permet à l’usine de chauffer son process de germination. Une autre partie de la chaleur produite est valorisée dans un bâtiment de stockage et séchage à l’air chaud situé sur le site de l’exploitation agricole. On y sèche des oignons, du maïs, du soja, du tournesol et même des feuilles de cassis (plus de 100 tonnes/an) qui servent à faire des infusions.