Flavescence dorée
Multiplier les différents angles d’attaque

Françoise Thomas
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Le BIVB et l’IFV pôle Sud-ouest ont proposé un webinaire retraçant à la fois les premiers résultats du programme de recherches Risca mené dans le cadre de la lutte contre la flavescence dorée et le bilan de la situation actuelle en Bourgogne.

Multiplier les différents angles d’attaque
Les pieds de vigne positifs à la flavescence dorée continuent inexorablement de progresser en Bourgogne malgré la mobilisation des viticulteurs et les campagnes de prospection. D'autres leviers doivent être activés pour remporter cette lutte.

Avec une progression alarmante de la flavescence dorée constatée en 2021, les viticulteurs bourguignons sont « aujourd’hui dans une situation difficile voire, désespérante », illustre Héloïse Mahé du BIVB. Et de rappeler en bref historique que les premiers pieds ont été repérés il y a dix ans déjà, en 2012 au sud du Mâconnais. Grâce à une bonne mobilisation des viticulteurs des secteurs concernés, « la situation était satisfaisante en 2017 ». La lutte était alors déjà basée sur des traitements obligatoires, l’arrache des pieds symptomatiques, l’implantation de ceps traités à l’eau chaude. Or tout explose à nouveau dès 2018. En 2021, « avec 39 communes représentant 170 exploitants directement concernés, cela illustre une progression de +116 % en trois ans ! ». Désormais, les secteurs de la Côte chalonnaise et de Beaune sont également touchés.

Renforcer la lutte

L’autre grande problématique est que les pieds analysés sont à 97,5 % positifs… au bois noir (une autre jaunisse de la vigne). Or malheureusement la finalité est la même : les symptômes visibles à l’œil nu ne permettant pas de faire la différence entre flavescence dorée et bois noir, il faut traiter et arracher les pieds.

Quant à savoir d’où vient le nouvel épisode de contamination à partir de 2018, Héloïse Mahé tente d’expliquer la reprise des contaminations notamment par « une sorte d’essoufflement des professionnels après dix ans de mobilisation, d’où la recherche de solutions alternatives pour les seconder dans la prospection collective ». Et sans doute aussi par le fait que tous les facteurs de contamination ne sont pas encore assez connus, jugulés et évalués à leur juste degré d’implication. D’où des études élargies cette fois au vecteur du phytoplasme responsable de la flavescence dorée : la cicadelle de la vigne (scaphoïdeus titanus).

Ainsi, lors de ce webinaire, Audrey Petit, ingénieure à l’Institut français de la vigne et du vin l’IFV – pôle Sud-ouest, est intervenue pour faire part des premiers résultats de l’étude Risca débutée en janvier 2019, menée pendant trois ans, et qui s’intéressait notamment au suivi d’implantation des populations de cicadelles.

Pour cela, les chercheurs se sont focalisés sur des vignes implantées pour l’une, proche d’une friche, pour la seconde, au bord d’une rivière sur les bords de laquelle des vignes ensauvagées poussent.

Zones de stockage

Beaucoup de pièges ont été positionnés dans les îlots de vignes et dans les espaces "sauvages", l’idée étant de comptabiliser les adultes cicadelles piégés et d’établir la relation entre piégeage et contamination à une jaunisse.

« Alors que les traitements et les arrachages avaient été convenablement menés sur les parcelles de vigne, relate Audrey Petit, nous avons pu constater que celles-ci se recolonisaient systématiquement à partir des zones à proximité directe des friches et très rapidement après ». Et dès 15 jours après les traitements, les phases de recontamination progressive ont ainsi commencé à s’opérer…

D’une année sur l’autre, les pièges ont été positionnés plus à distance des vignes ensauvagées et de la friche. À chaque fois, il n’a fallu que quelques jours pour les pièges capturent à nouveau des adultes de façon significative.

Gestion collective et globale

« Ainsi, on peut en conclure qu’une parcelle mal gérée contenant une population importante de cicadelles n’impacte pas que la parcelle elle-même, mais bien tout l’environnement », et cela, à plusieurs centaines de mètres de distance, en sachant que l’étude a montré en plus « que le vent estival facilite la dispersion des individus ».

Les zones ensauvagées sont donc bien des stocks de vecteurs ; malheureusement en viticulture bio, la gestion par les pyrèthres manque d’efficacité ; les vecteurs sont très mobiles à la fois naturellement et à cause du vent.

Dès lors la gestion de la flavescence dorée et de ses vecteurs « est complexe et globale », conclut Audrey Petit. Et pour être efficace, elle doit être « à l’échelle d’un territoire et non pas seulement d’une parcelle ».