Cohésion
« Les étangs sont une chance pour la nature s’ils sont bien gérés  »

Chloé Monget
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L'assemblée de l'association Étangs de France Nivernais Morvan avait lieu le 6 mai dernier. Outre les votes habituels, un autre point a été mis en avant. 

 

« Les étangs sont une chance pour la nature s’ils sont bien gérés  »
Pour Jean de Gesnais : « la pisciculture n'est plus un métier possible dans la Nièvre à cause de la présence des cormorans ».

« Les étangs nivernais sont une chance dont il faut avoir conscience » insiste Jean de Gesnais, président de l’association Étangs de France Nivernais Morvan avant d’ajouter « lors de notre assemblée générale nous nous sommes posé nombre de questionnements sur la réserve en eau, la réglementation et la valorisation des étangs. Tout cela mis bout à bout nous sommes arrivés à une conclusion ou du moins à une demande de rassemblement ».

Une valorisation

Pour avoir tous les éléments en main, il faut débuter par l’intérêt des étangs : « les avantages qu’ils procurent en matière de biodiversité, il faut rappeler qu’ils peuvent aussi être valorisés touristiquement, que ce soit à des locaux ou non. Pour les exploitants qui ont des étangs, c’est une manière de rentabiliser une autre facette de leurs terres, comme ils peuvent le faire avec les gîtes ». Un étang doit être vidangé régulièrement, les ouvrages doivent être entretenus, ils doivent être chaulés périodiquement.

De fil en anguilles

« Les enjeux sont multiples et s’articulent autour de quatre points. Le premier est la propriété de l’eau. Si l’étang en question n’est pas relié aux eaux publiques, alors le propriétaire du sol est aussi celui de l’eau et donc des poissons. Dans ce cas-là, les entreprises intervenant pour l’entretien peuvent prélever leur marge sur les poissons. Mais, pour qu’il y ait poissons, il faut éviter les prédateurs majeurs. Voici le second point, avec la prolifération des cormorans dans la Nièvre engendrant une baisse de la population de poissons. Majestueuse certes, cette espèce n’ingurgite pas moins de 500 g de poisson par jour. Au total, en Europe, cela équivaut à 1 000 tonnes de poissons par jour. Si d’autres pays de l’Union Européenne ont des méthodes de prélèvements très drastiques, en France, la seule façon de lutter est d’obtenir des quotas de tirs très administratifs. Outre le fait que cela soit inefficace, cette méthode effraie également les autres oiseaux – peu recommandable pour la biodiversité. Face à ce fléau non maîtrisable en l’état, les étangs se retrouvent donc sans poisson, et, par là même, sans valeur économique exploitable pour le tourisme de pêche – laissant les propriétaires plus ou moins démunis pour la valorisation. En plus de ceci, s’ajoute la cartographie des cours d’eau. Et c’est là notre quatrième point, et le plus épineux ».

Incompréhension

« Les instances appliquant la définition des cours d’eau prennent uniquement en compte le code de l’environnement, en oubliant totalement le Code civil et donc, par découlement, des droits des propriétaires. Nous nous sommes aperçus que la définition des cours d’eau, par ces fameuses instances, était très aléatoire et ne suivait pas les critères de base : le débit ou encore la présence d’une source. Autre incohérence, pour recenser les cours d’eau, les visites terrains ne sont pas le support principal. Elles interviennent uniquement lorsqu’il y a litige. Dans certains cas, il y a un illogisme flagrant considérant des fossés comme des cours d’eau. À cause de tout cela, une fois qu’un cours d’eau est défini comme tel, il est complexe pour le propriétaire d’entreprendre quoi que ce soit et il ne se retrouve plus propriétaire du poisson La politique autour de l’eau dans son ensemble ne prend pas en compte la réalité du terrain engendrant un dialogue impossible entre les parties. De ce fait, nous appelons tous les propriétaires terriens ayant un doute sur la classification de leurs cours d’eau ou de leurs étangs à nous contacter afin de rassembler toutes les demandes pour mener une action collective afin de faire valoir nos droits ». Renseignements : Jean de Gesnais à gesnais@wanadoo.fr ou 06 22 29 19 22 ou le Cerd à cerd@wanadoo.fr ou au 03 86 85 02 10.

 

Invités
Un étang en pleine vidange. Crédit photo : CERD – Sauvigny les Bois.

Invités

Étaient présents lors de l’assemblée générale : Nadia Sollogoub, sénatrice de la Nièvre ; Patrice Perrot, Député de la Nièvre ; Aude Wallet, URCIAP ; Dominique Lefebvre, CFPPA du Morvan ; Alban de Montigny, Président des sylviculteurs ; Michel de Beaumesnil, représentant des propriétaires ruraux ; Maître Blanchecotte, avocat au barreau de Nevers ; Anne-Marie Chêne, conseillère départementale (canton de Cosne-Cours-sur-Loire).*

*Liste non exhaustive.