Portrait
La médaille du mérite

Christopher Levé
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Fille d’agriculteur, Marjorie Molusson navigue son plus jeune âge entre les champs et les vignes. Il n’est pas étonnant de la voir aujourd’hui à la tête du domaine viticole familiale, basée à Chichée. Si elle est installée depuis 2013, elle ne vinifie que depuis 2020. Et avec déjà deux vins médaillés d’or, sur deux millésimes différents, elle montre toute la qualité du travail qu’elle et son équipe effectuent au quotidien.

Marjorie Molusson
Marjorie Molusson a obtenu deux médailles d'or sur deux millésimes différents, seulement deux ans après avoir commencé la vinification.

Son sourire en dit long sur sa joie d’exercer son métier de viticultrice. Elle ? C’est Marjorie Molusson. Fille d’agriculteur, les champs et les vignes font partie de son quotidien depuis pratiquement toujours. Mais de là à prendre la tête de l’entreprise familiale, ce n’était pas couru d’avance. « À la base, j’ai fait des études de commerce. Mais cela ne me convenait pas alors j’ai commencé à travailler sur l’exploitation familiale avec mon père et ses frères (une exploitation céréalière de 70 ha avec 15 ha de vigne) dans les années 1998-2000 », raconte-t-elle.
Elle y travaille durant une quinzaine d’années, puis, à l’approche de la retraite de son papa, l’idée de prendre le relais arrive sur la table. « L’activité céréalière a été arrêtée, peu avant que mon père parte en retraite, il ne restait plus que la partie vigne. C’était prévu car je ne souhaitais pas reprendre la partie agricole », explique Marjorie Molusson.

L’heure du déclic

Cependant, en 2011, elle décide de reprendre ses études. « Je me posais beaucoup de questions, je ne savais pas si je devais reprendre ou non l’exploitation car le contexte familial était un peu compliqué », se rappelle-t-elle. « Quand j’ai eu mon diplôme, la remise était le matin et l’après-midi j’étais dans les champs avec mon père pour les moissons. C’était un beau moment. C’est là que j’ai eu le déclic, que je me suis dit qu’il fallait que je reprenne l’exploitation, que c’était ce que je devais faire. Ce n’est pas facile tous les jours, mais en aucun cas je regrette ce choix », se réjouit la viticultrice.
Elle s’installe donc en novembre 2013 et continue de travailler avec ses deux oncles. Fini la partie céréalière, le Gaec Molusson frères laisse place au domaine des Trois V. « Aujourd’hui, il y a 20 ha de vigne, en Chablis et en Chablis 1er cru ».
C’est alors qu’elle décide de commencer à vinifier son vin, en 2020 (sur le millésime 2018). « Cela représente environ 5 000 bouteilles sur l’année. Je récole environ 1 200 hl, j’en vinifie 35 hl (le reste va à la maison Boisset située à Nuits-Saint-Georges en Côte-d’Or) », détaille Marjorie Molusson. « Depuis que j’ai repris l’exploitation, j’ai cette volonté de vinifier. Ma famille a toujours fait du vin mais pour sa propre consommation. Elle a toujours fait, elle a toujours su faire et je trouvais dommage de ne pas en faire profiter tout le monde », dit-elle. « Mon but, lorsque j’ai repris, était d’un jour avoir des étiquettes au nom du domaine ».

Deux médailles d’or

À 45 ans, Marjorie Molusson a réussi son pari. Si bien que deux de ces vins sont déjà médaillés d’or. « J’ai commencé par un Chablis et un Chablis 1er cru, du millésime 2018. Ce millésime qui a obtenu une médaille d’or (pour le Chablis 1er cru Vaucoupain 2018) au concours des vins Burgondia et une sélection au guide Hachette des vins 2022 (pour ce même cépage) », sourit-elle. « Suite à cela, j’ai commencé à vinifier le millésime 2020 avec une démarche complète et totale, où j’ai passé la certification HVE 3, la certification vegan et j’ai fait une sélection parcellaire au moment des vendanges pour choisir mes jus ».
Sur ce millésime 2020, elle propose trois Chablis 1er cru ainsi que du Chablis et du Chablis vieilles vignes. Avec une seconde distinction, pour le Chablis 1er cru Vosgros 2020 médaillé d’or au concours mondial des vins Féminalise 2022 (un concours avec un jury 100 % féminin). La reconnaissance du travail bien fait. De quoi donner peut-être à d’autres l’envie de se lancer. Car lorsque le vin est bon, autant le montrer.