Diversification
Et pourquoi pas les champignons ?

AG
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Une ferme de polyculture-élevage du secteur de Mirebeau-sur-Bèze s'est lancée dans la production de pleurotes et de shiitakes bio.

Et pourquoi pas les champignons ?
Les champignons sont cultivés dans trois containers comme celui-ci, environ 40 kg sont cueillis chaque jour, de début septembre à fin mai.

Se diversifier, oui, mais par le biais de quelle activité, dans quelle production ? Fabienne Cordier et Antoine Louet, agriculteurs à Tanay, se sont posés la question il y a trois ans, devant la crainte de devoir mettre une croix sur leur atelier bovin. « Notre vétérinaire arrêtait la rurale, ce qui remettait en cause notre métier d'éleveurs. Nous adorons nos 80 vaches allaitantes, mais devant cette désertification vétérinaire, nous n'étions pas sûrs de retrouver un professionnel. Nous avons donc commencé à chercher autre chose », retrace Fabienne Cordier, autrefois dans la fonction publique territoriale, qui a rejoint l'exploitation de son compagnon il y a près d'une décennie. L'idée pour le moins originale des champignons a vite émergé : « les fleurs séchées étaient une autre de nos options, sachant que nous recherchions quelque chose de peu courant dans le secteur. Finalement, ce sont les champignons que nous avons retenus, nous avions un très bon sentiment après avoir rendu visite à des producteurs du Jura, de l'Yonne et de l'Aube ». Entre temps, la Ferme des Charmilles avait retrouvé un vétérinaire, en l'occurrence à Champlitte : « ce fût une excellente nouvelle, nous pouvions poursuivre l'élevage ! Nous avons tout de même continué sur notre lancée de diversification, notre projet de champignonnière étant bien avancé ».

Des cueillettes quotidiennes

Les agriculteurs se sont équipés de trois anciens containers maritimes pour leur nouvelle production : « il était effectivement possible de cultiver des champignons à l'intérieur. Des recherches sur internet ont permis d'acquérir l'installation, qui a été équipée d'un système de climatisation réversible avec un réseau de lumière, de ventilation et de brumisation. Une moyenne de 14 à 16°C est observée, avec un éclairage variant de 8 à 10 heures au quotidien. L'hygrométrie, elle, est d'environ 85% ». L'espace permet de produire des champignons toute l'année, mais l'activité est mise en sommeil de fin mai à début septembre afin d'assurer les travaux dans les champs. En période de récolte, Fabienne Cordier et Antoine Louet cueillent une moyenne de 40 kg de champignons chaque jour (30 kg de pleurotes et 10kg de shiitakes). « Ils prennent aussitôt la direction de notre chambre froide avant d'être commercialisés en circuits courts », informent les champignonnistes, qui écoulent leurs produits via des centres de distribution locavors, au drive fermier de Dijon, par le biais de la Ruche qui dit oui, au magasin de producteurs de la Ferme du Château de Chevigny-Saint-Sauveur, l'Amap d'Arc-sur-Tille, à la cité de la gastronomie et sur plusieurs marchés de Côte-d'Or.

Sur leur lancée

Le couple de producteurs ne regrette pas du tout cette diversification, celle-ci leur apporte même une totale satisfaction : « nous échangeons beaucoup avec la clientèle, c'est quelque chose de tout nouveau pour nous et cela est très enrichissant. Les champignons, riches en protéines, sont particulièrement appréciés. Les shiitakes sont moins connus, ils ont un goût boisé proche de celui du cèpe ». Sur le plan financier, un investissement d'environ 42 000 euros a été nécessaire pour la mise en place de cette production bio. Les deux Côte-d'Oriens vendent leurs pleurotes au prix de 12 euros/kg, le tarif des shiitakes s'élevant à 15 euros/kg. Fabienne Cordier et Antoine Louet, labellisés « Savoir-faire 100% Côte-d'Or », ont désormais les yeux rivés sur la restauration collective, toutes les propositions sont les bienvenues. Une récente participation à une formation proposée par la Chambre d'agriculture leur a permis de « se caler » par rapport aux exigences des collectivités. Contact : 06 13 38 89 17, lachampignonnieredetanay@sfr.fr, page Facebook « La Champignonnière de Tanay ».

 

Fabienne Cordier et ses champignons, prêts à être livrés et consommés.