Colza
Où en est le projet R2D2 ?

Christopher Levé
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Dans le but de réussir à gérer la pression insecte à l'échelle d'un territoire sur le colza a été mis en place, en 2018, le projet R2D2. Celui-ci, qui se termine cette année, s'est établi sur une zone de 1 300 ha à Courson-les-Carrières. Il présentait trois axes de travail : l'amélioration de la robustesse des cultures, rendre le milieu défavorable aux ravageurs et restaurer la régulation naturelle. 

R2D2
Pour restaurer la régulation naturelle, 8 ha de bandes fleuries ont été plantées (photo Terres Inovia).

À travers le projet R2D2 (restauration de la régulation naturelle et augmentation de la robustesse des systèmes de culture pour une réduction durable de la dépendance aux insecticides), « l’objectif était d’arriver à gérer la pression insecte à l’échelle du territoire, en réponse à des problématiques assez forte au niveau de certaines cultures, notamment le colza », débute Michael Geloen, ingénieur développement Bourgogne Franche-Comté à Terres Inovia.
Ce projet, lancé en 2018 et qui arrive à son terme cette année, s’est concentré dans l’Yonne, sur une zone établie à Courson-les-Carrières, où un groupe de dix agriculteurs, répartis sur un peu plus de 1 300 ha, ont été accompagnés par Terres Inovia, autour de trois axes de travail : améliorer la robustesse des cultures, rendre le milieu défavorable aux ravageurs et restaurer la régulation naturelle.

Améliorer la robustesse des cultures

En ce qui concerne ce premier axe, plusieurs choses ont été faites. « Il y a eu des essais avec ou sans matières organiques, d’autres avec ou sans plantes compagnes. Derrière, on (les techniciens de Terres Inovia) accompagne les agriculteurs du groupe pour qu’ils optimisent le déclenchement de leurs interventions », explique Michael Geloen. « Grâce à cela, on est arrivé à des réductions d’IFT insecticides de 50 à 80 % en fonction des années ».
Il l’assure, « il y a des résultats très encourageants sur le colza pour cet axe de travail ». Le but n’étant pas de ce concentré uniquement sur le colza dans les années à venir, « il reste désormais encore à travailler sur d’autres cultures, comme les céréales et les protéagineux, et d’autres ravageurs, notamment les pucerons et la bruche ». Ce qui devrait se mettre en place dès 2024.

Rendre le milieu défavorable aux ravageurs

Pour le deuxième axe de travail, « le but est de savoir comment faire pour que les ravageurs ne se sentent pas à l’aise sur le territoire. Pour cela, on a développé une approche : l’utilisation des intercultures », poursuit Michael Geloen. « Aujourd’hui, lors des semis de colza, l’idée est également de semer des intercultures qui pourraient être réceptives aux altises et qui pourraient essayer de diluer la pression insecte sur le colza, dans le territoire ».
Des expérimentations ont été faites avec les agriculteurs en 2020-2021, sur 250 ha de la zone, qui consistaient à mettre dans les intercultures des bandes de différentes crucifères (des navets, des radis, des moutardes brunes et blanches…) pour observer leur côté « attractivité ». « Tout simplement, le but de ces intercultures est qu’ils jouent le rôle de leurre pour les ravageurs ».
Aussi, l’idée est de positionner les intercultures « de façon intelligente, de manière à les avoir à proximité des colzas de l’année précédente et de l’année en court ».
Ces dernières ont également un double effet : celui de « piéger » les larves d’altises et de les voir être supprimées lors de la destruction de ces intercultures.
Pour l’heure, cet axe de travail n’est encore qu’à la phase d’essai, mais « les résultats sont prometteurs et encourageants », assure Michael Geloen.

Restaurer la régulation naturelle

Enfin, le troisième axe de travail a pour objectif d’attirer des auxiliaires (essentiellement les paratyphoïdes, qui pondent leurs œufs dans les laves de coléoptères), en se basant sur des aménagements déjà présents (bordures de bois, haies, zones de jachères et de mares…) et en en créant de nouveaux, dans le but de détruire naturellement les ravageurs. « Par exemple, il y a déjà environ 8 ha de fleurs qui ont été mises en place en 2021, ce qui correspond à une quinzaine de bandes de 5 mètres, composées d’espèces choisies en fonction de leur attractivité pour les paratyphoïdes (notamment des crucifères et des ombellifères) », détaille Michael Geloen. « Aussi, pour éviter de replanter des bandes de fleurs chaque année, on est parti sur l’idée de les entretenir ». Là encore, plusieurs essais sont faits pour voir ce qui est le plus efficace.
Si le projet initial touche à son terme, pour Terres Inovia, la volonté est de poursuivre le travail mené avec les agriculteurs. Car si les essais sont encourageants, il reste encore beaucoup à faire. Que ce soit pour le colza, mais aussi et surtout, comme Michael Geloen l’a dit lui-même, sur les autres cultures.

R2D2
Les intercultures sont semées de façon stratégiques, à proximité des anciens et des nouveaux colzas (schéma : Terres Inovia).