Ruralité
L'agenda rural, l'un des grands projets des services de l'État

Christopher Levé
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Après avoir abordé le dossier loup (voir édition 1732), Naïma Ramalingom, sous-préfète d'Avallon, nous a présenté, lors de notre échange l'autre grand dossier dont elle a la charge, l'agenda rural. Celui-ci concentre un programme d'actions en ruralité qui s'articulent autour de trois axes : mieux habituer, mieux travailler et s'épanouir en ruralité.

Naïma Ramalingom, sous-préfète d'Avallon (89).
Naïma Ramalingom, sous-préfète d'Avallon, est en charge du dossier de l'agenda rural à la préfecture de l'Yonne.

L’agenda rural. C’est un sujet dont nous avons déjà parlé récemment lors de notre entretien avec Pascal Jan, préfet de l’Yonne. Ce dernier nous confiait que « l’idée centrale », pour lui, était de faire en sorte que dans l’Yonne, « il y ait une ambition rurale ». Ce qui passe par ce dossier, à la charge de Naïma Ramalingom, sous-préfète d’Avallon.
Pour resituer le contexte, l’agenda rural, c’est une politique qui a été lancée en 2019 par le gouvernement, qui comporte, au niveau national 181 mesures qui devaient être déclinées localement. « Dans l’Yonne, en 2020, nous avons fait une feuille de route, qui comprend une trentaine de mesures autour de cinq thématiques : l’attractivité du milieu rural ; les thématiques liées à l’éducation, la formation et l’emploi ; l’accessibilité des services publics et la santé ; l’alimentation durable ; les mobilités alternatives », liste la sous-préfète d’Avallon.
« Nous avons dressé un premier bilan de cet agenda rural fin 2022, à la fois au niveau national et au niveau local, qui a montré plusieurs choses. Tout d’abord, il y a un beau succès des maisons France services (des lieux où il est possible d’effectuer ses démarches administratives, avec l’aide d’une personne qui accueille et guide ; on en compte 31 dans l’Yonne, ndlr). Il y a aussi des points à améliorer. Nous nous sommes rendus compte qu’il y avait une mauvaise connaissance des politiques rurales et de l’agenda rural, qu’il n’y avait pas une bonne appropriation par les élus, les citoyens et les médias de ces thématiques, il fallait donc apporter davantage de lisibilité, de cohérence et de simplicité. C’est un constat à la fois au niveau local et au niveau national. Nous y travaillons sur ces deux échelons ».

Un plan France ruralité

Au niveau national, « un plan France ruralité va prochainement être annoncé autour des quatre grandes priorités de la ruralité : la désertification médicale, les logements, la mobilité et l’égalité des chances », annonce Naïma Ramalingom. « Il y a également un travail sur les zones de revitalisation rurales, qui seront maintenues dans une nouvelle version, revisitée ».
Elle poursuit. « Dans l’Yonne, il faut savoir que la ruralité, c’est 97 % du territoire et 66 % de la population. Nous travaillons donc aussi à l’actualisation de cette politique ruralité. Nous essayons de penser les politiques rurales de façon plus simple. Ce que nous proposons, en lien avec l’AMR (association des maires ruraux) de l’Yonne, ce sont trois choses : mieux habiter en milieu rural, mieux travailler en milieu rural et s’épanouir en milieu rural ».
Concernant le premier volet, cela signifie avoir des logements décents, efficaces énergétiquement, mais aussi avoir une bonne accessibilité des services publics, la possibilité de consulter un médecin, de scolariser ses enfants et d’être en sécurité au quotidien. « Cela implique les services de gendarmerie, auxquels le préfet à assigner un objectif de plan pluriannuel de présence de la gendarmerie en milieu rural. Les gendarmes ont pour mission d’aller régulièrement à la rencontre des agriculteurs par exemple », précise la sous-préfète.
Mieux travailler, cela veut dire qu’il faut favoriser l’implantation d’entreprises. « Le gouvernement a lancé un fond pour les commerces d’euros, de 12 millions d’euros, pour aider les entreprises commerciales à s’implanter. C’est aussi d’aider à travailler au service de la collectivité ».
Enfin, la volonté est de voir les Icaunais s’épanouir localement. « Il y a des atouts considérables à vivre en milieu rural et il faut pouvoir les valoriser en termes de qualité de vie, d’accessibilité aux circuits courts en matière d’alimentation, de proximité avec les paysages et la nature, de développement d’une vie culturelle spécifique au milieu rural, ou encore en termes de convivialité notamment avec des créations de cafés et de lieux d’échanges dans les petites villes ».

Travailler sur la mobilité

Détaillons plus en détaille le second volet, celui qui concerne le travail. En agriculture, beaucoup de postes sont à pourvoir mais peu de main-d’œuvre est disponible, notamment à cause de problèmes liés à la mobilité. « Le préalable à tous ces travaux, c’est la mobilité », confirme la sous-préfète. « Les distances à parcourir en milieu rural pour aller travailler sont souvent grandes et la mise en place de transports publics pose donc de grands défis. Nous y réfléchissons. Il y a des solutions de covoiturages qui sont mises en place, de prêts de voiture, de taxi à la demande, de garages solidaires… Tout cela existe mais c’est sans doute perfectible ».
En ce qui concerne le travail saisonnier, un projet de « maison des saisonniers » devrait prochainement voir le jour à Avallon. « C’est un projet permettra à des gens intéressés par le travail saisonnier, d’avoir des informations, d’avoir plus facilement accès aux offres d’emploi et à toutes les démarches et mesures d’accompagnement qui leur permettent de passer d’un emploi saisonnier à l’autre ». De quoi favoriser encore un peu plus l’accès à l’emploi pour les demandeurs.