SeineYonne
Les bases sont posées pour la filière noisettes

Christopher Levé
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Dans le contexte du changement climatique, l'union SeineYonne a organisé des réunions de présentation du projet de mise en place d'une filière noisette, qu'elle souhaite développer avec les adhérents des coopératives 110 Bourgogne et Ynovae, comme piste de diversification solide pour les agriculteurs. 

SeineYonne
Alexandre Bardou d'Unicoque (à gauche) et Éric Ducornet de SeineYonne (à droite), lors de la réunion à Lézinnes.

Y aura-t-il bientôt une filière noisettes dans l’Yonne ? C’est en tout cas le projet lancé par SeineYonne, l’union 110 Bourgogne et Ynovae, qui a été présenté aux adhérents des deux coopératives lors de réunions qui ont eu lieu le lundi 15 avril à Villevallier et le lendemain à Lézinnes. Des réunions qui s’inscrivent « dans la volonté qu’a SeineYonne de créer de nouvelles filières pour s’adapter au changement climatique », explique Éric Ducornet, responsable projets filières à l’union SeineYonne. Et dans ce projet, « la culture de noisetiers est une piste de diversification solide dans un contexte où l’avenir des exploitations agricoles est incertain ».
L’idée a émergé suite à un voyage d’étude, organisé il y a quelques mois par le conseil d’administration de SeineYonne, dans le sud-ouest de la France, « avec l’objectif de se rendre compte des adaptations au changement climatique que les coopératives de ce secteur avaient mises en place. Là-bas, cela fait déjà plusieurs dizaines d’années qu’ils doivent s’adapter à la sécheresse et au climat qui se réchauffe. Ce que connaît l’Yonne, la Côte-d’Or et la Seine-et-Marne (les zones géographiques où sont présentes les deux coopératives 110 Bourgogne et Ynovae) aujourd’hui, le sud de la France l’a connu bien des années avant. La volonté était donc de s’inspirer de leurs adaptations et de voir comment il était possible de les mettre en place dans nos zones », développe Éric Ducornet.

Un marché en expansion

Aussi, il faut savoir que la demande pour les noisettes françaises est forte pour la fabrication des pâtes à tartiner, ajouter à cela une augmentation de l’utilisation de la praline en pâtisserie.
Aujourd’hui, il est produit, chaque année en France, entre 6 000 et 10 000 tonnes de noisettes coques, là où en moyenne 60 000 tonnes de noisettes sont consommées dans l’hexagone chaque année. À noter que la consommation de noisettes a augmenté de 9 % entre 2017 et 2021, en France, selon les chiffres de la coopérative française Unicoque (qui commercialise les noisettes sous la marque Koki), leader du marché français (elle représente plus de 90 % de la production de noisettes de France) et premier producteur de noisettes en coque d’Europe.
C’est d’ailleurs avec cette même coopérative (représentée par Alexandre Bardou, qui est intervenue lors des deux réunions de présentation), basée à Cancon dans le Lot-et-Garonne, que SeineYonne s’est associé pour développer cette production et en garantir sa valorisation.
L’autre atout de la culture de la noisette, comme le souligne Éric Ducornet, est que c’est une culture « qui nécessite le moins de main-d’œuvre en arboriculture ». Un point essentiel que les planteurs ne négligeront certainement pas, lorsque l’on sait que trouver de la main-d’œuvre en agriculture est devenu très compliqué ces dernières années.

La nécessité des retenues d’eau

Toutefois, pour que le projet de développement de la filière noisettes puisse se faire dans les meilleures conditions, « il est nécessaire que des retenues d’eau soient créées », assure Éric Ducornet. « À titre de comparaison, le Lot-et-Garonne dispose de plus de 7 000 retenues d’eau alors que l’Yonne n’en dispose que de 7. La volonté de SeineYonne est donc de sensibiliser les pouvoirs publics et le grand public de l’obligation d’avoir des retenues d’eau pour pouvoir produire des filières comme celle-ci, qui nécessite de l’irrigation. Sans cela, on ne serait pas compétitif vis-à-vis des autres régions productrices de noisettes et la récolte serait vraiment aléatoire d’une année à l’autre en fonction de la sécheresse », détaille-t-il, en précisant que des demandes vont être faites auprès des pouvoirs publics. « Car l’objectif de SeinYonne est que les producteurs de noisettes puissent vivre de cette diversification et qu’ils aient une garantie de revenus qui ne sera assurée que grâce à ces retenues d’eau ».