Coopérative Sicarev
Et vous, l'engraissement, c'est pour quand ?

AG
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Sicarev Coop proposait la visite d'un atelier d'engraissement le 17 avril, entre Arnay-le-Duc et Saulieu. Ce système de production, s'il est bien maîtrisé, peut permettre de doubler ses revenus.

Et vous, l'engraissement, c'est pour quand ?
François Chaintron et Benoît Chone, lors de la visite à Sussey.

Et si vous passiez à l’engraissement ? La question est pleinement actualité, comme le souligne François Chaintron, directeur délégué de la coopérative Sicarev : « Les éleveurs peuvent effectivement se la poser, pour un tas de raisons. Tout d’abord, nous assistons à une forte décapitalisation du cheptel bovin, et celle-ci va perdurer d’après les prévisions de l’Institut de l’élevage, car les installations ne comblent pas les départs en retraite. Allonger les cycles de production – et donc engraisser — est le seul moyen de garder du capital bovin dans notre région pour alimenter nos filières. Dans un tel contexte, le Conseil régional réfléchit à une aide spécifique pour ce type d’atelier, nous en saurons un peu plus d’ici peu… La Chambre d’agriculture régionale et même toute la profession réfléchissent aussi à un plan d’engraissement ».

Intéressant économiquement

Des revenus deux fois supérieurs à ceux du maigre peuvent être espérés, poursuit François Chaintron : « toutes les études économiques réalisées dans la Nièvre et en Saône-et-Loire le démontrent. Les revenus vont du simple au double entre le premier quartile d’éleveurs naisseurs et le premier quartile d’engraisseurs. Un atelier d’engraissement est donc vecteur de revenus, à condition qu’il soit bien sûr parfaitement maîtrisé. Car dans le cas contraire, l’effet inverse peut arriver, il faut être vigilant… ». Le directeur délégué de la coopérative Sicarev cite les charges, la technique et le produit en lui-même : « leur maîtrise est essentielle. Mais à chaque problème, sa solution : notre coopérative assure l’accompagnement technique mais aussi la contractualisation, indispensable pour s’assurer des débouchés et de la valorisation. En ce qui concerne les charges, les éleveurs pensent instantanément à l’outil de travail, et c’est bien normal. Mais le coût peut être diminué avec le PCAE, la pose de panneaux solaires et peut-être une nouvelle aide de la Région. La charge principale reste l’alimentation : il faut savoir produire soi-même un maximum de céréales et de fourrages ».

Zoom à Sussey

La visite de la SARL Chone jeunes bovins, à Sussey, était proposée le 17 avril. Benoît Chone, l’éleveur, dresse un bilan « à la hauteur de ses attentes » dans son atelier de 375 places permettant de sortir 550 animaux par an. Le Côte-d’orien avait largement participé à la construction de son bâtiment, en 2016, bien avant l’inflation : « Il est vrai que l’investissement ne serait pas du tout le même aujourd’hui, il faut bien se renseigner sur les différents coûts qui ont sûrement explosé… Les différentes aides à disposition ? Elles seraient intéressantes si la Région était capable de financer les intérêts du financement des animaux ! Le poste alimentaire reste bien sûr le plus élevé : il faut bien maîtriser le gisement. Pour ma part, je me dois d’acheter sur pied la moitié du maïs dont j’ai besoin. En dépenses, j’ai aussi le correcteur azoté. Tout le reste est produit sur la ferme. J’opère également selon les opportunités du marché : si les cours du blé sont élevés, il sera plus judicieux de le vendre, plutôt que l’aplatir. L’adaptation est de mise ».

Avis aux amateurs

Sicarev Coop contractualise de plus en plus avec les éleveurs et souhaite même accélérer le mouvement, comme le confirme François Chaintron : « la visite de ce jour permet d’illustrer notre travail avec un éleveur, en contrat chez nous depuis trois ans. Ce rendez-vous a été très fréquenté, nous espérons qu’il suscitera des envies à certains. Je pense aux éleveurs à la recherche de valeur ajoutée, mais aussi aux producteurs céréaliers en quête d’une diversification, comme une unité de méthanisation qui a besoin de fumier pour fonctionner… En termes de main-d’œuvre, nous estimons qu’un équivalent temps plein est nécessaire pour un atelier d’engraissement de 400 places, censé produire 600 animaux par an ».

En réflexion depuis deux ans
Témoignages

En réflexion depuis deux ans

Florent Guyomard, éleveur dans la même commune de Sussey, réfléchit lui aussi à franchir le cap : « J’engraisse déjà des animaux que j’achète à Sicarev, quand mes stocks de maïs me le permettent. L’idée serait d’engraisser mes propres mâles en babys. Oui, cela fait deux ans que j’y réfléchis, d’autant que j’ai de la place sous mes bâtiments. Deux craintes me freinent aujourd’hui : avoir une trop grande perte sur les animaux et rencontrer des difficultés dans la conservation du maïs dans mon silo. Pour ce dernier point, des bottes enrubannées seraient la solution mais le coût serait trop important. Je ferai prochainement le point avec mon technicien, j’espère avancer et prendre une décision avant la fin de l’année ».

Mûrir le projet

Mûrir le projet

Nicolas et Alexis Hubert, deux cousins nivernais, avaient fait le déplacement depuis leurs exploitations respectives à Dompierre-sur-Nièvre et Saint-Bonnot pour se renseigner sur ce type d’atelier : « Nous avons nous-même un projet. À Dompierre, nous aurions la place pour pouvoir engraisser alors qu’à Saint-Bonnot, il y aurait les surfaces pour le maïs. De bons aspects techniques ont été présentés ce matin, toutes les informations sont bonnes à prendre… L’accompagnement avec Sicarev demeura essentiel par la suite ».