Énergie
Le point sur le chantier du méthaniseur Sécalia en Côte-d'Or

Berty Robert
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Infrastructure d’une dimension exceptionnelle en France, le Méthaniseur Sécalia, porté par Dijon Céréales, devient une réalité concrète et visible, à Cérilly, près de Châtillon-sur-Seine, dans le nord de la Côte-d’Or.

Le point sur le chantier du méthaniseur Sécalia en Côte-d'Or
La visite du 18 avril visait à informer les élus locaux de l'avancée de ce chantier de grande ampleur.

19 février 2024 : retenez bien cette date ! C’est celle prévue pour que le méthaniseur coopératif, en cours de construction près de Châtillon-sur-Seine, commence à injecter son biogaz dans le réseau. Cette échéance a été rappelée le 18 avril, à l’occasion d’une visite du chantier, organisée par Dijon Céréales, qui porte le projet, et l’entreprise danoise Nature Energy, en charge de la construction et de la future exploitation du site. Comme le rappelait Didier Lenoir, président de Dijon Céréales, il s’agit là « du plus gros investissement de l’histoire de la coopérative (100 millions d’euros), destiné à apporter aux agriculteurs des réponses à une problématique économique, agronomique et réglementaire ». La visite avait pour objectif d’informer des élus locaux, dont le député de la 4e circonscription de Côte-d’Or, Hubert Brigand, de l’avancée du chantier.

Montée en puissance en 2023

De fait, Sécalia (le nom donné à cette infrastructure) impressionne par ses dimensions. Le site occupe 15 hectares et il fédère 150 agriculteurs adhérents à la coopérative Dijon Céréales qui vont produire du seigle fourrager, une Culture intermédiaire à vocation énergétique (Cive) qui pourra couvrir le sol toute l’année, permettant de limiter le développement de mauvaises herbes et donc le recours à des produits phytos. En 2022, 850 hectares ont été récoltés par 16 agriculteurs : une manière d’amorcer la pompe et de commencer à créer du stock pour alimenter le méthaniseur. Mais 2023 traduira un changement d’échelle avec une récolte qui portera alors sur 4 200 hectares. En rythme de croisière, le site produira 15 % de la consommation de gaz annuelle de la Côte-d’Or. Il emploiera dix personnes à temps plein. La découverte du chantier permettait de prendre conscience du processus complexe qui conduit à produire du gaz à partir de productions végétales (voir encadré). La biomasse qui sera amenée par les agriculteurs sur le site sera analysée pour vérifier son taux de matière sèche, afin de rémunérer ces agriculteurs. Pour alimenter les cinq digesteurs qui font chacun 25 mètres de hauteur, dans de bonnes conditions, il faut trois types de biomasse : pour Sécalia, la prédominance sera sur le seigle fourrager, mais un bâtiment du site permettra d’incorporer des issues de céréales (son, restes de minoteries) et éventuellement, il sera aussi possible d’incorporer des huiles grasses. Ce « régime » est important à suivre parce qu’il faut qu’il soit précisément adapté aux bactéries qui, par leur action de dégradation de la masse végétale, vont produire le biogaz. De la qualité de ce « régime » dépendra leurs performances. « Ces bactéries, expliquait un représentant de Nature Energy, sont comme des athlètes. Nous suivons en permanence leur activité et, en fonction de leurs besoins, nous modifions leur régime alimentaire. Notre but, c’est qu’elles courent un sprint en permanence… »

Possibilités de développements

D’éventuels développements du site sont déjà envisagés : peut-être la possibilité de faire de la méthanation, différente de la méthanisation : il s’agit de combiner du CO2 avec de l’hydrogène, permettant de reproduire du biométhane. La production de biométhane pourrait ainsi quasiment être doublée sans avoir besoin d’apporter de la matière en plus. Les porteurs de Sécalia ont cette « phase II » en tête, qui pourrait peut-être émerger d’ici six à sept ans.

Un circuit précis

Le seigle qui sera acheminé sur le site suivra un circuit précis qui commencera par une mise en silo, avant un placement dans les cuves du digesteur. Là, un brassage se produira entre la matière végétale et l’eau. Ces digesteurs seront isolés, notamment du froid, puisque la digestion doit se produire à une température de 50 °, optimale pour que les bactéries, qui vont dégrader la matière végétale et produire le gaz, vivent et se développent. Le site sera autonome en énergie : l’épurateur de biogaz dégage une chaleur, de la même manière que la colonne d’épuration. Celle-ci sera récupérée et servira au chauffage des digesteurs. Le gaz produit, ou, plutôt les gaz, puisqu’il s’agira de CO2 et de méthane, seront déshumidifiés, désulfurés. Ensuite, ils seront séparés. Le méthane sera comprimé à une pression de 14 bars avant d’être conduit au poste d’injection GRDF, lui-même raccordé à la canalisation qui doit venir depuis Sainte-Colombe. Des cuves de digestion sortira également du digestat liquide. Il sera stocké dans des cuves tampon. Les fractions liquides et solides de ce digestat seront séparées et seule la partie solide sera utilisée en épandage. La partie liquide sera récupérée et envoyée dans une unité d’évaporation présente sur le site. Elle y sera purifiée afin d’obtenir une eau de qualité « rivière » qui sera envoyée dans un bassin d’infiltration voisin, afin de repartir dans la nappe phréatique. Un gros investissement a été également été fait sur le traitement des odeurs, afin qu’il n’y ait pas d’impact pour les riverains. L’air des bâtiments sera envoyé dans des biofiltres composés de copeaux de bois et dans lesquels des bactéries dégraderont biologiquement les odeurs. Au final, une cheminée de 30 mètres rejettera l’air afin d’assurer une bonne dispersion des odeurs résiduelles.