JA de la Nièvre
La valeur ajoutée, boussole des jeunes agriculteurs

Berty Robert
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La dernière assemblée générale des JA de la Nièvre fut l’occasion d’assister à une table ronde portant sur les moyens de retrouver de la valeur ajoutée sur les productions.

La valeur ajoutée, boussole des jeunes agriculteurs
De gauche à droite, les participants à la table-ronde : Régis Taupin (58), Guillaume Gauthier (71) et Julien Caillard (89).

Trois agriculteurs, une même ambition : retrouver de la valeur ajoutée. Invités des JA de la Nièvre lors de leur assemblée générale de Monceaux-le-Comte, Julien Caillard, Guillaume Gauthier et Régis Taupin sont venus apporter leurs témoignages à l’occasion d’une table ronde sur les voies possibles pour obtenir une valeur ajoutée plus que jamais nécessaire. Le premier est céréalier à Courson-les-Carrières, dans l’Yonne, le second, éleveur bovin à Bourbon-Lancy, en Saône-et-Loire, quant au troisième, c’était le « local » de l’étape puisque Régis Taupin est éleveur à Saizy, juste à côté de Monceaux-le-Comte. Pour Julien Caillard, « il n’y a pas de limite dès qu’il s’agit d’aller chercher de la valeur ajoutée : la diversification peut être une bonne voie mais il faut tester. Il y a aussi la possibilité d’aller chercher de la valeur ajoutée en collectif ».

Pilotage précis de son élevage

Des pistes qui fournissaient une bonne entrée en matière, illustrée également par les choix de Guillaume Gauthier : « pour gagner de la marge, j’ai parié sur la génétique, dans le but d’obtenir des vêlages plus faciles, y compris en charolais. J’ai mis en place de la luzerne dans les rations, j’ai aussi fait appel à un nutritionniste. Chaque année, j’analyse mes fourrages. Il faut bien réfléchir ses achats de protéines et la valeur ajoutée passe par un pilotage très précis de son élevage ». Cet éleveur, en Gaec, commercialise par le biais de la coopérative Feder et il conserve le moins de laitonnes possibles dans ses prés. Il dispose également d’un magasin à la ferme qui lui permet d’écouler 25 carcasses par an et réfléchit à la création d’un atelier de découpe. Ses femelles sont, par ailleurs, certifiées Label Rouge et l’ensemble de ses animaux entre dans l’IGP Charolais de Bourgogne. Pour sa part, Régis Taupin croit beaucoup, comme Julien Caillard, à l’intérêt du collectif et se félicite d’adhérer à une Cuma. De son côté, la recherche de valeur ajoutée a aussi pris d’autres voies, plus inattendues : il a investi dans le photovoltaïque sur bâtiment. C’était en 2009, à une époque où ce genre de choix était encore assez peu répandu mais pour lui, pas de doute : « C’est le meilleur investissement que j’ai fait ! » A ses yeux, si la valeur ajoutée est une composante essentielle du modèle économique d’une exploitation agricole, l’important est aussi de réfléchir au réinvestissement de cette valeur. En ce qui le concerne, c’est passé par de la diversification : il y a dix ans, il a monté une SCEA destinée à planter des noyers. « C’est une niche commerciale intéressante, souligne-t-il, et je commercialise en direct 10 % de ma production ».

Choix de prudence

Pour Julien Caillard, la recherche de valeur ajoutée visait d’abord à répondre à un objectif de réduction des charges : « Je suis passé en semis direct, ce qui m’a permis de réduire mes coûts de carburant. Du côté du matériel, je fais aussi le choix de n’investir que lorsque j’en ai vraiment besoin et j’emmène mon matériel au maximum de son usure ». Un parti pris qui s’accompagne d’indispensables compétences : « garder longtemps du matériel signifie qu’il faut aussi être en capacité de le réparer soi-même si nécessaire ». Une gestion marquée du sceau de la prudence qui le conduit aussi à ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier en matière de commercialisation de ses productions : il répartit équitablement entre la coopérative et le négoce : « Je stocke pour un tiers de ma ferme, c’est un compromis de sécurité ». En guise de conclusion, Guillaume Gauthier rappelait que trouver de la valeur ajoutée, c’est aussi savoir oser, essayer… au risque d’échouer, mais cette culture, l’éleveur de Saône-et-Loire, l’a acquise dans son engagement passé dans les rangs des JA : « J’y ai trouvé un état d’esprit qui permet de se remettre en question, et c’est très utile de pouvoir interroger ses propres pratiques, régulièrement ».