Un agriculteur nivernais au Québec
Sous le vent, la neige et le soleil

Chloé Monget
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Dans ce dernier article dédié à l’expatriation de Damien Larrivée au Québec (voir TDB n° 1703 et 1706), il parle des différences de climat.

Sous le vent, la neige et le soleil
Le canola est une plante se rapprochant du colza mais n'ayant pas tout à fait les mêmes propriétés. Crédit photo : Damien Larrivée.

Après avoir abordé les raisons de son départ, les différences entre le Québec et la France en ce qui concerne la vie quotidienne ou encore le matériel agricole, c’est au climat que Damien se concentre. « Ce qui diffère le plus entre les deux pays est indéniablement cela, et c’est peu dire ! » introduit-il.

Sous le zéro

« On peut se retrouver avec 4 m de neige, avec des températures pouvant descendre jusqu’à -30 à -35 °C (avec un ressenti de -45 °C !). De ce fait, il n’y a quasiment pas de cultures d’hiver et tout est fait pour le printemps. Ainsi va-t-on avoir des pois de fourrage, de l’avoine, du sarrasin, du blé de printemps ou encore du canola. Cette dernière peut s’apparenter à du colza, mais qui a des niveaux plus faibles en acide érucique et en glucosinolates ». Damien est arrivé à Varennes (à 15 minutes au nord de Montréal) pour la saison des maïs, le 24 octobre, ainsi que pour finir les sojas. Au total, il devait battre 450 ha de soja (sur 1 200 ha), qui sont terminés, et 700 ha de maïs. « Ces derniers devaient être terminés mi novembre, mais il neige depuis trois jours (depuis le 15 novembre), et cela ne s’arrête pas. De plus, la neige ne fond pas et gèle. Tout ceci, cumulé nous pose de gros problèmes pour terminer la récolte des maïs. En effet, la neige s’accumule sur les feuilles, elle est donc récoltée avec les tiges puis, dans la machine, fond sur les systèmes de triages, pour ensuite se resolidifier, ce qui bouche les batteuses. Nous sommes en train de nous organiser pour battre la nuit afin que la neige ne fonde pas car il est annoncé entre -10 °C et -15 °C ». La récolte est effectuée avec une batteuse New Holland 16 rangs, et trois camions de transport – plus les transborder. Damien espère terminer les maïs fin novembre, en fonction du climat.

En abondance

« Outre la température, l’hydrométrie n’est pas non plus la même. Pour preuve, nous n’avons pas du tout de sécheresse ici. Durant l’été, la végétation n’est pas grillée, contrairement à ce qu’il a pu se passer dans la Nièvre pour cette année. Cela est tel, qu’au Québec, nous avons eu du mal à finir les semis à cause de la pluviométrie excessive. Le Québec a un climat plutôt clément bien qu’il y ait des risques de gelées à partir de la mi-septembre et une chute drastique des températures ».

Toujours plus vite

Malgré tout cela, Damien a été frappé par un élément : « ici, tout va extrêmement vite. On peut perdre ou prendre 10 °C en une nuit. Par exemple, au 15 avril dernier, il y avait encore de la neige. Puis, deux semaines plus tard, les températures sont remontées. Je me souviens d’un soir en particulier où les arbres n’étaient pas encore en bourgeon et le lendemain matin, ils arboraient des feuilles ! Cette vitesse de pousse se constate aussi dans les prairies ; c’est assez impressionnant. Si je devais résumer tous ces phénomènes, je dirais que les saisons sont plus rapides mais plus intenses qu’en France ». Si Damien a encore quelques mois à passer au Québec, il conclut : « Même si j’apprécie grandement ce pays pour diverses raisons, je veux rentrer en France pour m’installer. Probablement par attachement, mais je suis persuadé que mon expérience ici pourra m’apporter une autre approche. Et, n’est pas là l’essence de notre métier de toujours savoir nous renouveler ? ».