Bilan du BIVB
Le BIVB dresse le bilan d'une vendange 2023 riche en quantité comme en qualité

Berty Robert
-

Le bilan des vendanges 2023 redonne le sourire au Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne. Qualité, mais surtout, quantité sont au rendez-vous, ce qui devrait avoir un impact positif sur des prix qui, ces derniers mois, avaient tendance à monter de manière excessive.

Le BIVB dresse le bilan d'une vendange 2023 riche en quantité comme en qualité
François Labet (à gauche) et Laurent Delaunay, président et président délégué du BIVB, se réjouissent de retrouver des quantités de vins aptes à reconstituer des stocks.

L’équivalent de trois récoltes perdues ces dix dernières années : voilà le prix payé aux aléas climatiques (gel, grêle ou sécheresse) par le vignoble bourguignon. La quantité de vin perdue sur la dernière décennie est énorme et met en relief la performance réalisée à l’occasion des vendanges 2023. Qualité et quantité sont présentes et, lors de la conférence de presse du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), organisée le 10 octobre sur le site beaunois de la Cité des vins et des climats, François Labet, président du BIVB, n’a pas manqué de préciser à quel point cette belle récolte était attendue, et contribue à rassurer un monde viticole en plein questionnement aujourd’hui. C’était d’autant plus vrai que la partie n’était pas gagnée d’avance : « Jusqu’à la mi-août, précisait François Labet, le pessimisme était de rigueur, avec une partie de l’été froid et humide. La saison culturale avait été un peu complexe, avec quelques accidents climatiques en juillet, (épisodes de grêle dans le Mâconnais et en côtes de Beaune), mais le « miracle bourguignon » est arrivé avec du soleil ». Les vendanges ont démarré pour les crémants dès le 25 août et les derniers coups de sécateurs sont intervenus en côtes de Beaune vers le 25 septembre.

Les montagnes russes des récoltes

Au bilan, le soulagement est donc réel, en particulier sur la quantité, vrai point faible des dernières vendanges. « Elle contribuera à ramener une certaine stabilité dans les prix » soulignait le président du BIVB. Une stabilité bienvenue dans un univers au contraire marqué, ces dernières années, par des variations peu communes, comme le soulignait Laurent Delaunay, président délégué du BIVB : « nous sortons de plusieurs années avec de grandes variations de récoltes : 2018, fut assez volumique, 2021, au contraire, aura marqué un record de petite récolte à cause du gel. 2022 et 2023 furent heureusement à la fois volumiques et qualitatives. En 2022, la production avait atteint 1,750 M d’hl, alors que la moyenne sur les cinq dernières années se situait à 1,5 M d’hl ». S’ajoutent à cela des contextes de marchés très compliqués, avec le Covid, les tensions géopolitiques, le retour d’un niveau d’inflation relativement élevé… « Nous ne sommes plus dans un train-train, reconnaissait Laurent Delaunay. On doit s’adapter et 2023 va nous permettre de reprendre des parts de marché ». De son côté, le négoce peut ainsi reconstituer des stocks qui étaient tombés au plus bas à l’été 2022, avec seulement 11 mois de stock. On est aujourd’hui à 14 mois. Le contexte commercial n’est pas des plus faciles avec une inflation autour de 4,5 % et une croissance atone sur le premier semestre 2023. Les ventes de vins français sont en recul de 4,8 % et même de 6,2 % pour les AOC. Pour les bourgognes, le recul est de 14,6 % en volume et de5 % en chiffre d’affaires. « Ces reculs s’expliquent en partie par le manque de disponibilité de vins » soulignait Laurent Delaunay. Néanmoins, on note des progressions sur certaines appellations telles que Saint Bris, dans l’Yonne, ou Pouilly-Vinzelles, en Saône-et-Loire. Les crémants ont aussi marqué un recul en volume mais une progression en chiffre d’affaires, de 3 %. Laurent Delaunay remarquait, par ailleurs, une belle présence des Bourgogne dans les foires aux vins : « cela montre que les opérateurs ont fait des efforts pour s’adapter aux conditions de marché ».

Paysage contrasté à l’export

Du côté des exportations, le premier semestre 2023 a révélé un bilan contrasté avec des baisses de volumes mais des prix en hausse. 43 millions de bouteilles ont été exportées, pour plus de 750 millions d’euros de chiffre d’affaires. Les appellations Mâcon blanc et Mâcon village ont progressé de plus de 10 % quand les Chablis et petit Chablis sont restés stables (+0,2 %). Cinq pays demeurent les locomotives des bourgognes à l’export en assurant 60 % du chiffre d’affaires et deux tiers des volumes : les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, le Japon et la Belgique. Le marché américain, néanmoins, préoccupe les acteurs : les importateurs semblent avoir trop de stocks. On note aussi l’émergence de nouveaux marchés tels que la Chine ou la Corée du Sud. Au-delà de ces questions commerciales, les coprésidents du BIVB sont aussi revenus sur les conditions de travail des vendangeurs lors de cette campagne 2023 marquée par de très fortes chaleurs et même des accidents dramatiques, avec des décès de vendangeurs en champagne. « Nous sommes attentifs à ces conditions de travail, précisait François Labet. Certains vignerons se sont adaptés en faisant vendanger très tôt dans la journée, et puis, sur la question de l’hébergement des travailleurs, il y a eu l’initiative du village de vendangeurs éphémère : pour l’instant, un seul a été créé à Morey-Saint-Denis, en Côte-d’Or, mais d’autres sont prévus à l’avenir ».

Premier bilan sur la Cité des vins et des climats

Premier bilan sur la Cité des vins et des climats

Un premier bilan de la fréquentation de la Cité des vins et des climats sur ses trois sites (Chablis, Beaune et Mâcon) a été dressé par Benoît de Charette, président de l’organisme. Mi-septembre, un peu plus de quatre mois après l’ouverture, le compteur affichait 33 000 visiteurs (28 000 payants) sur les trois sites. « C’est un peu en dessous de ce qui était espéré, reconnaît Benoît de Charette, mais nous avons besoin de nous faire mieux connaître. Le défi est encore largement devant nous ». L’objectif pour 2024 se situe entre 120 000 et 150 000 visiteurs, à comparer aux 400 000 entrées enregistrées chaque année par les Hospices de Beaune. Sur le site de Beaune, de légers aménagements de la scénographie sont annoncés, Benoît de Charette soulignant qu’un lieu tel que celui-ci se devait d’évoluer en permanence et de prendre en compte les retours des premiers visiteurs. Le président de la Cité notait également que le site de Chablis attire de nombreux parisiens qui viennent en week-end dans l’Yonne.