Productions végétales
En mode sarrasin

AG
-

Un agriculteur de Baigneux-les-Juifs récoltait son sarrasin la semaine dernière. Rencontre.

En mode sarrasin
Didier Robin, dans sa parcelle aujourd'hui fauchée.

C’était sa quatrième récolte d’affilée. Exceptionnellement, ses surfaces avaient presque doublé cette année en passant à 40 ha. Le rendement final, lui, s’élève à 1 t/ha. « Ce résultat est dans la moyenne de ce que j’ai déjà produit. Les tonnages sont souvent en dents de scie avec le sarrasin, qui varie entre 500 kg et 2 t/ha depuis mes débuts dans cette culture en 2019 », commente Didier Robin. Cet agriculteur bio de Baigneux-les-Juifs revient de très loin : « la récolte se dirigeait vers un rendement de 300 kg/ha à la mi-août. Si la pluie n’était pas revenue à temps, nous aurions moissonné dès cette période. Heureusement, le sarrasin est reparti de l’avant. Cette céréale présente la faculté de refaire un cycle, même quand elle connaît de grosses défaillances ». Les graines ont aussitôt rejoint la Déshy 21 pour être séchées et stockées. Un transfert dans l’Ain sera ensuite à l’ordre du jour, et plus précisément dans les locaux de Moulin Marion, pour la transformation : « en tant que premier transformateur et meunier, notre partenaire Moulin Marion valorise le sarrasin principalement en farine. Une partie du volume est également décortiquée et permet la valorisation de la graine dans des mélanges de céréales ou encore des pavés végétariens, avec notre second partenaire, Atelier Sarrasin. Nous semons exclusivement des variétés décortiquables afin de répondre à ces divers besoins ».

Objectif +100 %

Environ 500 ha sont aujourd’hui cultivés par 38 agriculteurs bios en Côte-d’Or, dans le cadre de l’association « Sarrasin Bio de Bourgogne » présidée par Pascal Guérin, exploitant à Billy-lès-Chanceaux. « Notre objectif est de doubler cette surface pour atteindre la barre des 1 000 ha d’ici 2025. La croissance de la filière est régulière et concertée avec nos partenaires, avec qui nous partageons la gouvernance de la filière », précise Didier Robin. La porte n’est donc pas fermée à de nouveaux agriculteurs : « les producteurs de la filière sont tous adhérents à la Déshy 21, ce qui permet de mutualiser certains investissements spécifiques au sarrasin. Les producteurs exploitent la plupart du temps autour de l’usine de déshydratation de Baigneux pour le côté pratique, mais rien n’empêche d’être basé un peu plus loin dans le département. C’est le cas notamment de plusieurs agriculteurs de la plaine dijonnaise qui travaillent déjà avec nous, d’autres sont même un peu plus au sud. Des solutions de transport peuvent être étudiées. Une autre précision importante : la Déshy 21 propose des parts sociales spécifiques au sarrasin, il n’est pas obligatoire de cultiver de la luzerne pour nous rejoindre ».

Prix minimum garanti

Le Côte-d’orien liste plusieurs caractéristiques de la culture : « le sarrasin est une plante qui s’adapte particulièrement bien à nos terres à faibles potentiels, il est peu exigeant en fin de rotation. Les semis doivent être réalisés à partir de la fin avril, nous avons jusqu’au 1er juin, dernier carat, pour semer. Très peu d’interventions sont nécessaires par la suite. En bio, le sarrasin nous permet de garder des sols propres. En ce qui concerne les prix, nous travaillons depuis plusieurs années avec des partenaires pour construire un prix juste, tout en restant acceptable pour les marchés. Nos contrats sont sur des bases équitables, négociés sur trois années glissantes, pour donner de la visibilité aux producteurs. Nous défendons un prix attractif pour le sarrasin qui permet une bonne rémunération et une prise en compte du risque. Cette année, le prix est de 1 050 euros/t, auquel il faut soustraire les charges de la coopérative pour les investissements et les frais de séchages. Malgré des taux d’humidité assez hauts à cette période, il devrait rester au moins 950 euros/t pour le producteur. Notre objectif à moyen terme est d’aller vers un reste de 1 000 euros/t pour pérenniser la culture du sarrasin et notre filière ».