Vendanges
Top départ pour les crémants

Christopher Levé
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Les vendanges ont débuté dans l'Yonne, comme toujours par les crémants. Après trois années de récolte à faible quantité, celle de 2022 est prometteuse. Une année également marquée par un état sanitaire qualifié de « parfait ». 

Vendanges
Les premières grappes de pinot noir sont arrivées lundi aux Caves de Bailly Lapierre.

Enfin une bonne année ? C’est en tout cas dans ce sens que semble aller la récolte de 2022 pour les vins de Bourgogne. « 2022 arrive après trois années de faméliques récoltes, puisqu’en associant 2019, 2020 et 2021, on arrive à une récolte à peine supérieure à celle obtenue en 2018 (un constat fait aussi bien pour les crémants que pour les vins tranquilles) », assure Sylvain Martinand, œnologue et maître de chais aux Caves de Bailly Lapierre.
Même si le potentiel de rendement était annoncé bon, cela n’était pas gagné au vu des conditions climatiques des derniers mois. « On a subi, comme tout le monde, trois canicules et une sécheresse exceptionnelle. On a eu un peu d’eau ces dernières semaines ce qui sauve la récolte ».
Car la canicule peut avoir des conséquences importantes sur le développement du raisin. « Cela le bloque (le développement), ce qui empêche le raisin d’avancer en maturité. La vigne se protège pour assurer sa survie. Et si pour cela elle doit supprimer le fruit, elle le fait. À cette période, il est trop tard pour le supprimer, mais elle n’envoie plus assez d’énergie pour qu’il se développe, prenne de la maturité, du jus et de la couleur. On était dans ce phénomène jusqu’aux épisodes de pluie qui corrigent un peu le tir », explique Sylvain Martinand. Une grosse hétérogénéité est toutefois à constater, la pluie n’étant pas tombée partout.

Une précocité devenue presque habituelle

2022 est une nouvelle fois marquée par une précocité dans la date du début des vendanges. « C’est peut-être devenu une banalité de dire cela depuis dix ans, mais des vendanges au 22 août, les personnes de la génération précédente ne connaissaient pas. Eux vendangeaient plutôt entre fin septembre et début octobre », rappelle l’œnologue. « Désormais, les vendanges démarrent en août presque une année sur deux ».
Alors que les Caves de Bailly Lapierre fêtent leurs 50 ans cette année, Sylvain Martinand relève un chiffre marquant : « en 50 ans, on a quasiment gagné un mois et demi sur la date de départ des vendanges. Sur une plante pérenne, c’est très important. Aussi, en août, il fait plus chaud, les journées sont plus longues qu’en septembre ou octobre, cela demande donc une logistique différente ».
Quant à l’état sanitaire, qui était problématique l’an passé ? « Globalement, à l’heure actuelle, il est parfait », constate-t-il.
Les degrés d’alcool sont, eux aussi, bons. « Pour les crémants, on a le droit de commencer la récolte autour de 9° d’alcool potentiel. Là, on entre 9,5 et 10° sur les premiers pressoirs que l’on a fait, qui ne sont que des pinots noirs (lors de la rencontre mardi) ».
Pour les Caves de Bailly Lapierre et ses 80 associés coopérateurs, comme pour tous les vignerons de la région Bourgogne, « le but, que ce soit en crémants ou en vins tranquilles, c’est d’avoir de l’équilibre et d’avoir des vins qui respectent leur identité bourguignonne. L’équilibre nécessite de l’acidité, indépendamment de la maturité ».
Une fois récolté, le crémant de bourgogne ne pourra être mis en bouteille qu’à partir du 1er décembre. « Il y a ensuite une obligation de stockage des bouteilles pour une durée de 9 mois avant d’avoir le droit de les manipuler ». Il faudra donc attendre un peu avant de pouvoir se procurer le millésime 2022.

Vendanges
Durant quatre semaines, les 80 associés coopérateurs se succèderont pour apporter leur raisin, tantôt pour les crémants, puis pour les vins tranquilles.