Julien Rommel, 29 ans, s'est installé à Nannay en 2018 pour y installer « La forge des affranchis ». Mais, il ne s'est pas arrêté là dans la création. 

Soudés au cœur
Julien Rommel souhaite créer du lien via la culture alternative dans la Nièvre.

Le parcours de Julien Rommel est atypique : « j’ai vécu dans mon camion pendant quelques années en sillonnant la France, puis dans des ZAD (zones à défendre). Il y a eu des moments mémorables en bien et en mal. J’ai eu du mal à trouver ma place, mais je pense qu’aujourd’hui j’y réussis en partie ».

En quête sur les routes

Du haut de ses 29 ans, Julien est né en région parisienne mais a grandi à Pouilly-sur-Loire lorsque ses parents y ont déménagé quand il avait 12 ans : « J’ai eu une belle enfance, mais le système dans lequel nous sommes ne m’a jamais convenu. C’est pour cela que j’ai habité dans des ZAD et que je suis parti sur les routes vivre dans un camion ». En confectionnant une galerie pour ce dernier, il découvre alors la soudure : « Ce fut une véritable révélation. J’ai toujours été créatif mais ce moyen d’expression m’a tout de suite séduit, car les possibilités sont infinies ». C’est donc en soudant engrenages et autres poulies qu’il réalise ses œuvres disponibles à la Forge des Affranchis.

Le lieu d’ancrage

Pour ce baroudeur des temps modernes, le choix de Nannay s’est « imposé naturellement car j’étais empli de mes souvenirs d’enfance et que l’immobilier y était encore accessible. Je pense que la Nièvre a un véritable potentiel autour du calme et de la nature ainsi que sur le fait de prendre son temps, car cela a du sens dans un monde qui va trop vite. Ici, on revient à l’essentiel : la vie ».

Les liens du cœur

Si La forge des affranchis est son atelier, il souhaiterait que cela s’étoffe : « je voudrais que l’on puisse faire de Nannay un lieu d’échanges culturel, plein de vie et de lien – un peu comme jadis où les uns et les autres pouvaient compter sur les voisins en cas de coup dur. Je pense qu’il est nécessaire de revenir à un système autonome de partage, car cela responsabilise les gens sur ce qui les entoure, que ce soit dans les relations humaines ou dans notre dialogue avec l’environnement ».

Une association pour tout changer

Préoccupé par le manque de tissu social dans la Nièvre, il a donc décidé d’ouvrir une page Facebook recensant les événements alternatifs dans le département (Nièvre Alternative) puis de monter une association avec Tony Perret et Thibault Faucard : Pâquerette Sound (https://paquerettesound.wordpress.com/). « Le but de Pâquerette Sound est de créer des concerts familiaux afin de passer un bon moment tous ensemble ». Question musique Julien détaille que Pâquerette Sound est « axée sur les musiques alternatives ou électroniques ainsi que la tekno, mais nous écoutons tous des genres différents » avant d’ajouter que l’association à une autre action : « je voudrais convaincre que les « teufeurs » ou les « punks » ne sont pas de mauvaises gens et que les préjugés sont tous bons à mettre à la poubelle. Je pense qu’ici, plus qu’ailleurs, il y a un gros travail à faire là-dessus, mais c’est aussi cela qui est intéressant : convaincre les plus réticents ».

Nettoyer en musique

Toujours dans un esprit de respect de l’autre et du monde, l’association Pâquerette Sound organise des « nettoyages électroniques », sur demande. « Le principe est simple : nous installons une sono, ainsi qu’un bar sans alcool et nous enlevons les déchets sur place durant une journée. Il faut simplement que l’on nous fournisse une benne, des gants ainsi que l’autorisation de la préfecture ». Déjà deux actions de ce type ont eu lieu à Urzy et Nannay où près de 4 tonnes de déchets ont été ramassées à chaque fois. « Si les communes sont intéressées, il suffit de nous contacter (paquerettesound@gmail.com) » souligne Julien en précisant : « je voudrais simplement que l’on puisse tous vivre ensemble simplement, dans un environnement propre ». Il conclut dans un sourire : « On ne peut pas changer mon parcours qui fait ce que je suis. Mais, avec la Forge des affranchis et Pâquerette Sound, j’ai enfin trouvé ma voie et place dans ce monde ».

 

Appels aux dons
Pour son inspiration Julien se laisse porter : « en général c'est une pièce précise qui me donne une idée et tout par de là ».

Appels aux dons

Julien qui a travaillé dans le monde agricole et viticole insiste : « les machines et les outils sont très inspirants pour mes œuvres, mais cela est compliqué de les trouver. Si un agriculteur souhaite se débarrasser de vieilles choses, je suis là pour les récupérer et leur donner une seconde vie. Il suffit de m’appeler au 07 68 11 71 72 ».

Un agriculteur conquis

« Les événements organisés par Pâquerette Sound regroupent en général 200 à 500 personnes sur deux ou trois jours. Bien évidemment nous ramassons tous les déchets avant de partir » pointe Julien. Si la plupart des terrains utilisés jusqu’à présent étaient privés, un agriculteur de Champvoux a déjà sauté le pas pour prêter une parcelle de 4 ha à Chaulgnes pour la tenue d’un concert : « les membres de Pâquerette Sound sont étonnants, car même s’ils sont portés sur le bio, ils n’ont pas de problème avec les conventionnels. On discute de tout ensemble, c’est un véritable plaisir » détaille Baptiste Fabry qui rajoute : « et, ce qu’il y a d’encore plus étonnant, c’est qu’une fois le concert terminé, je n’ai rien retrouvé par terre, même pas un mégot ! Il y a un véritable respect et c’est précieux ».

 

Réseau local

Lors des concerts effectués par Pâquerette Sound, le bar propose des produits locaux : « Nous essayons au maximum de faire fonctionner l’économie du coin avec des bières artisanales notamment. Nous avons déjà travaillé avec la brasserie de la Cannoterie (Clamecy) ou encore la Rur’ale (Parigny-les-Vaux). Il y a des petits trésors dans la Nièvre et il faut les mettre en avant » spécifie Julien Rommel.