Abattoir de Corbigny
Une solution présentée

Chloé Monget
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Pour relancer l'abattoir de Corbigny fermé en décembre, une solution a été présentée le 17 février à Corbigny aux éleveurs, bouchers, citoyens et élus. 

Une solution présentée
Une quarantaine d'éleveurs étaient présents lors de la présentation du projet de l'abattoir de Corbigny, aux côtés de bouchers ou encore d'habitants de la ville.

Depuis 2014, divers projets privés ont été présentés afin de trouver une solution au retrait de Sicarev du fonctionnement de l’abattoir de Corbigny. « Parmi les solutions proposées, celle d’un investisseur franco-canadien ou encore celle du directeur de l’abattoir d’Autun. Mais, ces projets n’ont pas abouti. Au vu de l’importance de l’abattoir pour la vie locale de Corbigny ou encore pour les éleveurs, il nous paraissait indispensable de trouver une réponse à cette impasse » précise Christian Paul, Président du Pays Nivernais Morvan et ancien député PS de la Nièvre, lors de la présentation du nouveau projet de reprise de l’abattoir de Corbigny, le 17 février dernier.

La solution ?

Soutenu par le Conseil Départemental, la Communauté de communes de Tannay Brinon Corbigny, le Pays Nivernais Morvan, la commune Corbigny et la Sicagemac (comme partenaire fondateur), le projet proposé est le suivant : créer une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) pour relancer la gestion de l’abattoir. Cette SCIC sera divisée en diverses parts sociales d’une valeur de 500 euros (variable) et potentiellement constituée d’une variété de collèges : d’éleveurs, de grossistes bouchers, de charcutiers chevillards, de partenaires (Sicagemac), d’institutions (collectivités territoriales, etc.), salariés. La reprise de l’abattoir sera partielle à court et moyen terme (avec 9 employés au total contre 30 environ auparavant) en rapport avec le volume d’abattage et de découpe de départ. Les investissements nécessaires (mise aux normes et modernisation) sont estimés à 1,7 million d’euros et sur la part non subventionnée seront remboursés annuellement par le locataire des locaux ; en l’occurrence la SCIC puisque les bâtis seront désormais la propriété de la Communauté de communes. En attendant la création de la SCIC, c’est la Sicagemac qui prendra en charge la gestion de l’abattoir. Alexandre Lorré, président de la Sicagemac prévoit une réouverture d’ici l’été 2022 avec une prise en main totale de la SCIC « aussi rapidement que possible ».

Prévisionnel

Côté marges, il est annoncé les chiffres d’affaires suivants : 616 192 euros en 2022, 953 561 euros en 2023, 1 257 500 euros en 2024 et 1287 500 en 2025. Alexandre Lorré précise : « nous pensons que ses chiffres sont tenables, en s’investissant pour trouver de nouveaux clients et débouchés ». Parmi ceux-ci, est évoqué le commerce au détail : « les mœurs ont changé et il est indispensable de pouvoir proposer des produits aux restaurateurs, collectivités locales ou encore aux particuliers » pointe Christian Paul. Pour l’avenir, il mentionne aussi la fabrication de steaks hachés afin de « varier les produits ». Maryse Peltier, maire de Corbigny, conclu : « cette reprise est une lueur d’espoir pour notre commune que ce soit sur le plan économique ou social. Même si ce nouveau lancement ne s’effectue pas avec l’intégralité des anciens employés, maintenir un abattoir sur notre territoire est non négociable pour une terre d’élevage ».

Réactions à chaud

Liberté B., citoyenne, venue assister à la rencontre est un peu déçue : « il y avait un projet visionnaire qui a été proposé mais qui n’a pas abouti. Des citoyens, éleveurs et habitants, s’étaient engagés sur ce dernier, mais ils n’ont pas été entendus par les instances publiques, c’est dommage. Je trouve que les élus et les autres parties prenantes dans l’affaire ont raté l’occasion d’apporter de l’innovation à Corbigny ». De son côté, Martine C., retraitée et habitante de la commune, regrette « une reprise à demi-mot, avec moins de salariés » avec le dossier présenté le 17 février et ajoute : « Je suis favorable à un projet qui favorise les circuits courts, qui respecte le bien-être animal, tout en offrant un savoir-faire de qualité, car c’est cela que le public recherche aujourd’hui ». Son souhait pour l’avenir est simple : « Je voudrais retrouver le Corbigny de ma jeunesse qui était vivant et dynamique ». Enfin, Armand T., éleveur, insiste : « avec ce nouveau projet, il faut que tous se mobilisent pour s’engager afin d’avoir un outil local qui corresponde à nos besoins ainsi qu’à ceux des clients. Nous verrons bien si le principe présenté ce soir fonctionnera ».

Opposition

En réponse à la présentation, un collectif s’est constitué « pour la réouverture des abattoirs de Corbigny et le maintien de leur niveau d’activité ». Dans un tract distribué, ce collectif indique « en supprimant un abattoir de proximité comme celui de Corbigny, les décideurs et les élus locaux font le jeu du monopole des gros industriels de la viande comme Bigard et Sicarev (Tradival)… et mettent à mal les circuits courts et les modes d’élevages vertueux. Comment peut-on prôner les circuits courts, le bien-être animal, les territoires zéro chômeurs et ne rien faire pour garder un outil qui fonctionne, un outil en place. Un tour de main nivernais qu’il faudra nous expliquer ! ». Ce collectif invite les personnes intéressées à une réunion le 13 mars à Corbigny (renseignement : reouvertureabattoircorbigny@riseup.net).