Chambre d'agriculture
Flambée des coûts, ZNT, désertification des vétérinaires ruraux... Ce qu'il faut retenir de la session

Christopher Levé
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La session de la Chambre d'agriculture de l'Yonne s'est tenue le jeudi 17 février, à Auxerre. La flambée des coûts, le point sur les ZNT et la problématique de désertification des vétérinaires ruraux ont notamment été abordés lors de la matinée. 

Chambre
Arnaud Delestre, président de la Chambre d'agriculture de l'Yonne.

En grandes cultures, les prix sont hauts. C’est le constat fait par Arnaud Delestre, président de la Chambre d’agriculture de l’Yonne, lors de la session de la Chambre, le jeudi 17 février. « Le blé est vendu à 240 €/t, l’orge d’hiver à 300 €/t et l’orge de printemps à 320 €/t », indique-t-il. « Si le colza a perdu 130 euros en dix jours, davantage que la variation en une ou plusieurs années précédemment. Mais il reste à un niveau très élevé, accroché qu’il est au cours du pétrole. Il sort des fermes de l’Yonne à 720 euros/tonne ». Quant au blé bio ? « Il passe de 550 €/t (alors que le marché était considéré en tension) à 450 €/t. Cela ne sera pas sans impact dans les systèmes bios sur terres à faible potentiel. Les rotations et plus généralement le fonctionnement des exploitations risquent d’être chahutés le temps de trouver un nouvel équilibre et de nouvelles voies de progression », confie le président de la Chambre.
En viande ovine, les cours sont également très hauts. « Les flux mondiaux de carcasses sont déréglés si bien que les importations sont faibles. L’offre française est restée modeste à l’approche des fêtes de fin d’année. Par conséquent, les cotations dépassent le cap des 8 €/kg alors que les années précédentes démarraient à 6,50 €/kg, suivis de points bas hivernaux à 5,50 €/kg », rapporte Arnaud Delestre.
Au niveau de la production laitière, « le prix du lait aurait amorcé une hausse significative à partir de décembre, mois au cours duquel il aurait augmenté d’environ 5 €/1 000 litres, s’établissant à 30 € au-dessus de son niveau de décembre 2020 (source : revue l’éleveur laitier) ». Pour autant, les charges sont toujours plus élevées. L’indice des prix d’achat des moyens de production agricole lait s’élève de 15 % par rapport à septembre 2020. « Ces 15 mois de croissance ininterrompue sont principalement dus à l’énergie (hausse de 31 %) et les engrais (hausse de 80 %) qui contribuent à eux deux à la moitié de la hausse dont l’autre partie comprend bien sûr le soja ».

Une nette hausse des prix du chablis

En viande bovine, encore une fois, les cours sont hauts « et orientés à la hausse ». « La demande est dynamique et l’offre n’est pas en face, ce qui génère des prix en hausse de 10 à 26 % selon les catégories. Parallèlement, l’indice des prix d’achat des moyens de production agricole viande bovine atteint un record à 119,8 ce qui représente une hausse de 14 % par rapport à 2020 », continue Arnaud Delestre.
Le prix du porc, lui, rejoint celui des mois de janvier 2019 et 2021 avec 40 centimes de moins qu’au plus haut de l’été 2021. « Cette chute des cours intervient avec une hausse du coût de production de 30 c€/kg directement liée à la hausse du coût des céréales, des protéines et de l’énergie. Chaque kilo vendu génère une perte de 15 c€ environ ».
Et pour les vins ? Le gel et la grêle de 2021 ont réduit les stocks globaux. Un manque de Chablis est à constater. « Vendu en vrac au négoce, le chablis atteint des sommets inimaginables. Le Petit chablis vaut en vrac aussi cher que le premier cru auparavant : 1 397 €/feuillette pour le chablis, 1 229 €/feuillette pour le Petit chablis et 1 567 €/feuillette pour le Premier cru (moyennes automne 2021). Les cours dits « normaux » étaient auparavant de 600, 500 et 1 300 €/feuillette ». Dans l’Auxerrois, le prix de vente en vrac a aussi nettement augmenté : 1 900 €/pièce en rouge et 1 100 €/pièce en Aligoté.
L’aviculture est, quant à elle, brutalement touchée par la hausse des matières premières. « La hausse des aliments impacte la marge poussin-aliment car les hausses successives ne peuvent pas être transmises intégralement à l’aval. Seulement la moitié a pu générer une hausse de prix. Chez Duc, cette marge poussin-aliment est d’une certaine manière garantie à l’éleveur ».

Des solutions recherchées face à la désertification des vétérinaires

Un point sur les ZNT a également été fait lors de cette session. « Comme prévu dans les décisions du Conseil d’État, les nouveaux textes (décret et arrêté) relatifs aux mesures de protection des personnes lors de l’utilisation des produits phytos sont parus le 25 janvier. Ces textes amènent deux modifications de fond : ils imposent des modalités d’information des personnes riveraines préalables à l’utilisation des produits phytos ; aux lieux d’habitation s’ajoutent les lieux accueillant des travailleurs présents de façon régulière », détaille Arnaud Delestre. Pour ces derniers, les distances de sécurité s’appliqueront à compter du 1er juillet prochain.
Enfin, la problématique de désertification des vétérinaires en territoires ruraux a été abordée. Si cette problématique n’est pas nouvelle, elle tend à s’aggraver avec d’une part l’amenuisement de l’offre vétérinaire en rural et d’autre part la diminution du nombre d’élevages. « L’État et le conseil national de l’ordre des vétérinaires en lien avec les organisations professionnelles agricoles œuvrent pour trouver des solutions afin de lutter contre cette désertification. Un appel à manifestation d’intérêt (AMI) pour aider les territoires à lutter contre ce phénomène vient d’être publié ». Celui-ci, qui se clôture le 15 mars, a pour objectif de sélectionner au niveau national six territoires tests volontaires où seront réalisés des diagnostics de l’offre et des besoins ainsi qu’une réflexion sur les moyens à mettre en œuvre, territoire par territoire, pour tenter d’endiguer le problème. Les enseignements tirés de ce travail auront vocation à permettre à d’autres territoires de conduire un travail similaire.