Élevages bovins
Sa banque, c'est le soleil

AG
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Les panneaux solaires de Jean-Philippe Benoist ont permis à cet éleveur côte-d'orien de construire deux bâtiments avec un très faible endettement.

Sa banque, c'est le soleil
L'habitant de Torcy-et-Pouligny il y a quelques jours, dans l'un de ses deux nouveaux bâtiments.

« Nous sommes nombreux à penser la même chose : se lancer dans une construction sans panneaux photovoltaïques est devenu inconcevable », confie Jean-Philippe Benoist, éleveur de 90 vaches charolaises entre Époisses et Semur-en-Auxois. Cet homme de 42 ans a fait construire deux bâtiments depuis 2020, le premier pour le stockage de ses fourrages, le second pour l’engraissement d’une partie de ses bovins. Un reste à charge de 5 000 euros/an pendant 15 ans permettra de couvrir ces deux investissements en fonction, bien sûr, de la production annuelle d’énergie photovoltaïque. Cette annuité sera en partie compensée par l’augmentation de la capacité d’engraissement. La facture aurait même pu être « nulle » si l’éleveur ne s’était pas fait « plaisir » : « j’ai opté pour plusieurs équipements onéreux mais intéressants et performants à mes yeux, comme un système de contention extérieur type fromage, ou encore des portes rideaux électriques, avec des télécommandes dans chaque tracteur ». Jean-Philippe Benoist n’a pourtant pas opté pour le photovoltaïque dès ses débuts : « cela aurait valu le coup avec les tarifs de l’époque, mais il y a 15 ans, c’était un peu l’inconnu. Le capital à investir était effrayant à l’échelle de mon exploitation et nous n’avions pas de retours d’expériences. À l’époque, la modernisation du bâtiment des vaches était déjà un gros investissement. Le tarif de rachat de l’électricité a par la suite fortement, baissé tout comme celui des panneaux. La rentabilité du projet est semblablement identique aujourd’hui, avec un moindre risque financier et technique. J’ai donc franchi le cap ! Mes deux installations de 100 kWc me satisfont pleinement ».

Des aides et des mains

Pour obtenir un tel « schéma financier », le Côte-d’orien a saisi toutes les opportunités qui se présentaient à lui : « en plus du solaire, j’ai bénéficié de plusieurs soutiens, même si tous n’ont pas encore été encore perçus à ce jour. La somme de 12 500 euros m’a été accordée par le Département, pour le stockage. Le PCAE, aujourd’hui nommé PSN, est censé me verser près de 44 000 euros, soit 40 % de 110 000 euros, par le biais des bonus à l’engraissement. Grâce à la MSA, le système de contention a fait l’objet d’une aide de 3 000 euros ». Pour alléger encore la facture, Jean-Philippe Benoist, aidé par sa main-d’œuvre salariée sur l’exploitation, a quasiment tout fait de ses propres mains, notamment son bâtiment d’engraissement semi-ouvert métallique en capacité d’accueillir 80 bovins. Les travaux lui ont pris beaucoup de temps, mais « telle est la condition pour moins débourser et ne pas perturber le travail quotidien sur l’exploitation ». L’installation de l’ossature métallique et des rideaux sont les seuls travaux qu’il n’aura pas réalisés lui-même.

Un peu de « chance »

Pour couronner le tout, l’éleveur a réussi à échapper à l’inflation : « en ce qui concerne le bâtiment d’engraissement, j’ai donné mon aval sur la marchandise fin 2020. Je n’ai pas eu de hausse sur les matériaux, je remercie les vendeurs… Très rapidement, la ferraille a pris 200 euros la tonne, cela aurait représenté une plus-value de 8 000 euros. Toutes les barrières et tubulaires ont été achetés avant les hausses. Ces équipements ont pris de 4 à 7 % pratiquement tous les trimestres qui ont suivi. J’ai eu la chance d’emprunter à 1,24 %, Aujourd’hui, les taux d’intérêt doivent approcher ou même dépassent les 4 % ». Jean-Philippe Benoist n’aura « connu » l’inflation que sur le béton et une partie de ses équipements : « il faudrait faire le calcul précisément, mais ce bâtiment d’engraissement me revient aux environs de 150 000 euros. Il devrait coûter aux alentours de 200 000 euros aujourd’hui. Et bien davantage si je n’avais pas opté pour l’autoconduction ». L’éleveur se dit pleinement satisfait à ce jour, ses objectifs étaient multiples : moderniser l’outil de travail à moindres coûts, avoir la totalité de ses fourrages au sec et sur site, améliorer sa capacité d’engraissement en quantité (intégration) et en qualité (confort et sécurité), le tout avec un temps de travail fortement réduit.