Chambre d'agriculture
Où en est la filière bio dans l'Yonne ?

Christopher Levé
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Le jeudi 18 janvier, la Chambre d'agriculture de l'Yonne a organisé une conférence sur l'agriculture biologique, à Auxerre. L'occasion de faire un point sur la filière au sein du département. 

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La conférence bio de la Chambre a eu lieu le jeudi 18 janvier, à Auxerre.

Les organismes agricoles de l’agriculture biologique sont unanimes : « L’agriculture bio fait face à des problématiques économiques et climatiques. Il y a la crainte d’un risque de déconversion de certaines fermes. Il est urgent de trouver des solutions pour améliorer les choses sur le terrain ».
Comme évoqué ces dernières semaines dans nos colonnes, l’agriculture biologique est en souffrance, dans l’Yonne, comme sur l’ensemble du territoire français, notamment à cause d’une baisse de la consommation de produits bio de la part des citoyens.
Lors de la conférence sur l’agriculture biologique, organisée par la Chambre d’agriculture de l’Yonne le 18 janvier dernier, les OPA de la bio pointaient notamment des difficultés liées à la conjoncture, une inquiétude sur les prix et des filières bios souffrant d’un manque de rentabilité, auxquels on ajoute des charges importantes.
Toutefois, ces derniers se veulent optimistes. En effet, s’il y a bien une baisse du nombre de fermes en bio constaté entre 2022 et 2023, celle-ci reste minime. En 2022, on comptait 614 fermes bios dans l’Yonne pour 59 044 ha, ce qui plaçait l’Yonne au deuxième rang régional en termes de part des surfaces bio et en conversion (avec 14,4 % de part en AB ou en conversion) à égalité avec le Jura et derrière la Haute-Saône (14,8 %). En 2023, selon les premières estimations, on compterait 611 fermes bios, dont 27 nouvelles fermes, pour 33 arrêts.

La fin des travaux de l’usine de floconnage approche

Face à cela, quelles solutions ? Si la filière bio dit attendre un soutien de la part de l’État et des consommateurs, des choses sont faites pour permettre aux exploitations bios d’être pérenne. C’est notamment le cas avec la filière avoine portée par la coopérative Cocebi.
Pour rappel, la Cocebi et ses partenaires finalisent en ce moment même les travaux de construction de sa nouvelle usine de floconnage, Avena bio. « Les travaux seront terminés courant février », assure Guillaume Conseil, président de la coopérative Cocebi. « La phase de tests à vide est prévue pour mi-mars et les premiers essais de fabrication de flocons d’avoine pour avril. Pour cette première année de production, on vise les 2 500 tonnes de flocons d’avoine produits ».
Ce projet, qui se concrétise, était une évidence pour la coopérative et ses partenaires. « On a étudié différentes pistes mais l’avoine est rapidement apparue comme une évidence car on avait déjà le décorticage qui était fait à la coopérative, qui est la première étape pour pouvoir floconner. Aussi, l’avoine est la deuxième espèce collectée par la Cocebi après le blé, donc c’est une culture stratégique pour les agriculteurs de la coopérative. L’idée à travers ce projet était de favoriser les céréales « secondaires », ce qui est le cas de l’avoine ».
De quoi redynamiser la filière bio dans l’Yonne ? « Ce n’est pas une solution dans le sens où cela va faire consommer plus de produits bios aux consommateurs, mais cela peut aider à faire porter des messages, comme quoi la filière bio investie pour l’autonomie alimentaire en France et la relocalisation en France de productions. Il y a un enjeu de mettre en avant ces types de projets, qui sont censés se pérenniser en France et donc apporter durablement à l’agriculture locale, tout en conservant des fermes qui soient rentables. Car plus la transformation se fera chez nous, en France, plus on aura la possibilité de maîtriser les prix payés à la production », assure Guillaume Conseil.
Outre le floconnage, l’usine Avena bio a pour ambition de développer également d’autres productions pour répondre à la demande. « Il y a par exemple la farine d’avoine pour faire des boissons végétales, ou encore des farines de lentilles et de pois chiches. C’est une usine dont la production sera sans glutens donc on pourra travailler tous les produits sans glutens comme le quinoa, le sorgho et d’autres. On est actuellement en recherche pour trouver des débouchés et une alimentation plus riche en protéine », conclut le président de la Cocebi.

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Agriculteurs et représentants d'organismes agricoles de la filière biologique étaient présents.