JA de Côte-d'Or
Engagés sur le long terme

Berty Robert
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L’assemblée générale des Jeunes agriculteurs de Côte-d’Or aura permis de faire le point sur les sujets d’actualité que sont Égalim 2, les usages de l’eau ou les rapports avec l’administration. Mais elle fut aussi l’occasion de rappeler que l’engagement syndical doit s’appuyer sur des soutiens forts, en termes d’aménagement du travail et d’acquisition de compétences.

Engagés sur le long terme
Pour Baptiste Colson, cette assemblée générale de Châtillon-sur-Seine était sa première en tant que nouveau président de JA 21.

Des festivités et beaucoup de vigilance : pour sa première assemblée générale en tant que président des Jeunes agriculteurs de Côte-d’Or (JA 21) à Châtillon-sur-Seine, le 20 janvier, Baptiste Colson aura tenu un discours entre ces deux tendances. La vigilance, tout d’abord, doit s’appliquer à la rémunération des agriculteurs : « nous faisons le constat qu’Égalim 2 ne fonctionne pas, constatait-il. Nous devons poursuivre le travail entrepris pour que nous puissions gagner notre vie ». Selon la sénatrice Anne-Catherine Loisier, présente dans la salle et rapporteur de la loi Égalim au Sénat « nous avons affaire à des distributeurs et des industriels qui sont des « artistes » du contournement de la loi. L’objectif est que le consommateur y trouve son compte et je rappelle que le fondement d’Égalim reste la contractualisation qui met en évidence les coûts de production des agriculteurs » .

Plus de jours de remplacement

2023, c’est aussi l’année du passage de la gestion de la Dotation jeune agriculteur (DJA) des services de l’État à ceux de la Région. Une évolution pour laquelle les JA 21 veulent « veiller au grain ». Et comme l’engagement syndical réclame une implication forte, le président des JA 21 s’est réjoui de l’obtention d’une enveloppe permettant de financer 50 jours supplémentaires de remplacement, en partenariat avec le service de remplacement : un véritable soutien pour celles et ceux qui s’engagent au profit de la défense de la profession. Enfin, le côté festif, c’est l’annonce que les JA de Côte-d’Or héritent de l’organisation des Terres de Jade, la grande fête régionale agricole, programmée les 2 et 3 septembre, qui se tiendra sur le site du lycée agricole de La Barotte, à Châtillon. Dans son rapport moral, Mathieu Faivre, secrétaire général de JA 21, a salué le retour du dialogue et des échanges avec les services préfectoraux. Il a déploré, par ailleurs, des conditions d’exercice de la profession agricole de plus en plus compliquées « en raison de retraits de matières nécessaires à la conduite agronomique qui découlent de décisions non réfléchies ». Les pressions administratives et financières sont aussi revenues sur le tapis : pour JA 21, les attentes sont fortes afin de retrouver des échanges constructifs dans ce domaine. Invoquant le fait que la profession agricole reste consciente des défis environnementaux et climatiques, il a appelé à ne pas bloquer les projets agricoles liés aux usages de l’eau.

Effort de communication

Concernant les questions de santé des animaux d’élevage, le secrétaire général a aussi alerté sur les niveaux de compensation financière lorsqu’un animal est atteint de la tuberculose bovine. Sur ce point, Franck Robine, le préfet de Côte-d’Or, s’est voulu rassurant en précisant que « la réévaluation financière des abattages devait se concrétiser très prochainement ». Sur la communication, JA 21 a décidé de faire de 2023 une année marquante avec la réalisation de trois vidéos (en collaboration avec l’Agence 24 de Dijon) destinées à faire connaître et promouvoir le métier d’agriculteur. La première est déjà à découvrir sur Youtube. Cet état des lieux a suscité des réactions parmi les invités à cette assemblée générale. Vincent Lavier, le président de la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or, s’est inquiété d’un possible « temps mort et de retard dans les paiements » pour les Plans de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles (PCAE) dont la gestion, comme pour la DJA, est transférée aux Régions. Il s’est aussi montré préoccupé par une logique de montée en gamme de l’agriculture française qui risque de la faire passer à côté de l’essentiel : beaucoup de consommateurs qui achètent des produits bon marché, issus dans leur majorité, d’importation… Pour sa part, Fabrice Genin, président de la FDSEA 21 a insisté sur « l’école » que représente à ses yeux l’engagement au sein des JA : « formez-vous sans cesse à être des responsables engagés, apprenez à gérer des échanges, montez en compétences ! » Il s’est aussi exprimé sur la charge mentale à laquelle sont confrontés les agriculteurs : « elle est générée par le manque de vision à long terme auquel notre profession est constamment confrontée. Il y a une insécurité permanente liée à des réglementations changeantes, qui peut être difficile à vivre ».

Bâtir des compromis sur l’eau

Enfin, le préfet Franck Robine est revenu sur trois points : le grand projet de loi d’orientation agricole pour lequel la concertation a commencé et auquel la stratégie 2040 lancée fin novembre par la Chambre régionale d’agriculture va contribuer. Il s’est dit préoccupé par la grippe aviaire (une zone de protection a été mise en place sur une partie de la Côte-d’Or à la suite de la découverte d’un cas en faune sauvage). « Mon objectif sur ce sujet, a-t-il rappelé, est d’éviter les abattages massifs ». En conclusion, sur les usages de l’eau, le préfet a reconnu que la profession agricole savait se positionner de manière cohérente et a souligné qu’il faudra, à terme, bâtir des compromis. L’assemblée générale des JA 21 a aussi été le cadre d’une intervention de l’économiste Thierry Pouch sur laquelle nous reviendrons dans notre prochain numéro.

 

Note : L’assemblée générale des JA 21 s’est tenue en présence de Franck Robine, préfet de Côte-d’Or, Anne-Catherine Loisier, sénatrice, Hubert Brigand, député de la 4è circonscription de Côte-d’Or, Marc Frot et Christophe Verdot, conseillers départementaux, Christophe Haas, vice-président de JA national.