Visite ministérielle
Marc Fesneau face aux élus agricoles de l'Yonne

Christopher Levé
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Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, était dans l’Yonne le samedi 19 novembre. À cette occasion, il s’est entretenu un moment avec les présidents de la FDSEA, de la Chambre d’agriculture et des JA, sur les problématiques qui touchent les agriculteurs icaunais, caractéristiques des zones intermédiaires.

Ministre
Marc Fesneau (à gauche) a écouté les problématiques des agriculteurs icaunais énoncées par les élus agricoles.

Si le motif de sa venue concernait la planification écologique de la forêt (lire par ailleurs), Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, a pris le temps de rencontrer les présidents icaunais de la FDSEA, de la Chambre d’agriculture et des JA. « On a essayé de faire le point sur beaucoup de sujets qui nous sont importants », lance Damien Brayotel, président de la FDSEA. « On lui a rappelé que l’agriculture de l’Yonne est très caractéristique des zones intermédiaires avec des terres superficielles à faibles réserves utiles et donc faible potentiel, et sensible à la sécheresse. Et en même temps des terres éloignées des bassins de transformation et de consommations avec des coûts logistiques importants ».
Les enjeux auxquels sont confrontés les agriculteurs du département ont été présentés. « Face au changement climatique, il faut adapter nos exploitations. Il y a aussi les charges qui explosent. On veut voir comment l’État peut nous accompagner face à cela ». Dégager du revenu dans les exploitations est également un des enjeux prioritaires. « Sinon on n’arrivera pas à attirer des jeunes dans nos métiers : que ce soit des jeunes à installer ou des jeunes salariés. Car s’il n’y a pas de revenu, c’est surtout le maintien de l’élevage dans nos zones de polyculture élevage qui est menacé ».

Encourager la diversification

Du revenu qui peut être assuré par la diversification. « Cela peut passer par des activités comme les poulaillers. On a réaffirmé qu’un poulailler ne dépend pas du climat, il permet la consommation de céréales locales, il permet d’éviter d’importer du poulet, il fournit de l’engrais organique là où on a du mal à se fournir en engrais minéral », continue Damien Brayotel.
Cela peut aussi passer par le photovoltaïque et la méthanisation, qui produisent de l’énergie et permettent de répondre à la fois à la souveraineté énergétique, à fournir des engrais, et à produire de la biomasse (pour la méthanisation). « Mais là-dessus, on a systématiquement des oppositions de la part de minorités de personnes. On a également des délais administratifs beaucoup trop longs et des recours trop faciles pour faire annuler nos projets, ainsi qu’un problème de prix de rachat de l’énergie. Car le prix des matériaux et la hausse des taux d’intérêt font que cela allonge le délai de retour sur investissement ».
Il ajoute. « Sur la hausse des charges, on a mis en avant les Égalim. Il faut qu’on arrive à faire passer beaucoup mieux la hausse des charges et des coûts de production dans les prix de vente, avec la contractualisation. Il faut absolument maintenir la loi Égalim et la faire appliquer. On a également demandé à ce que soient facilités des prêts à court terme avec des taux plafonnés, ou de prolonger les PDE pour faciliter les besoins de trésorerie. Si les charges explosent et comme on doit acheter à l’avance l’aliment, l’engrais ou les intrants, cela fait des grosses sommes à avancer ».
Parmi les autres sujets exposés au ministre, l’assurance récolte, la PAC avec la MAE zone intermédiaire, le stockage de l’eau, le retraite, le manque de vétérinaires ruraux ou encore la nécessité de conserver les moyens de production. « On a donné l’exemple classique du colza qui est passé de 80 000 à 20 000 ha dans le département, avec la difficulté de gestion des ravageurs. On a besoin de garder des solutions chimiques et en même temps se donner les moyens d’avoir des colzas plus robustes pour résister aux insectes, à travers de la recherche variétale, en apportant de l’azote à l’automne », conclut Damien Brayotel. Des problématiques pris en note par la ministre Marc Fesneau sur lesquelles les agriculteurs attendent désormais des réponses.