Pratique
Dossier vigne : Comment et pourquoi combiner les outils

Ludovic Vimond
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Installer plusieurs outils sur un même tracteur interligne pour effectuer plusieurs travaux en même temps n’est pas toujours simple et facile à mettre en œuvre.

Dossier vigne : Comment et pourquoi combiner les outils
La combinaison d'outils de travail du sol interrang et sur le rang se démocratise. (Crédit : Terral)

Atteler plusieurs outils sur un même tracteur a de quoi séduire. À l’heure où la main-d’œuvre est difficile à recruter, où le prix du GNR flambe, où les exploitations continuent de s’agrandir, où les fenêtres météorologiques sont parfois courtes et où le travail du sol sous le rang, très chronophage, se démocratise, toutes les pistes pour contenir, voire réduire les heures de tracteur sont bonnes à prendre. Ainsi, les rogneuses deux rangs complets se popularisent au détriment des modèles 2 x 1/2 rang. Forge Boisnier propose de son côté un châssis permettant de travailler le sol sous deux rangs complets. Cependant, la stratégie du toujours plus large peut trouver ses limites dans les petites fourrières. Certains viticulteurs étudient donc de près la possibilité de conjuguer plusieurs travaux à chaque passage, en achetant des outils combinés ou en attelant plusieurs outils aux différents points d’accroche. Pouvant atteindre 110 à 120 chevaux, les dernières générations de tracteurs spécialisés offrent des performances autorisant l’attelage de multiples outils, sur le relevage arrière, entre les roues et/ou à l’avant. Le relevage avant est de plus en plus plébiscité dans les achats de tracteurs neufs et remplace la platine avant car plus simple et plus rapide d’attelage. Les débits hydrauliques dépassent les 80 l/min chez certains constructeurs de tracteur, alimentant jusqu’à neuf distributeurs indépendants. Sur le papier, la combinaison est séduisante, car elle réduit le nombre d’heures de tracteur, donc la consommation et les charges de main-d’œuvre.

Ingéniosité en hausse

Les constructeurs d’outils rivalisent d’ingéniosité pour réaliser plusieurs opérations avec un même outil. L’association d’un gyrobroyeur et d’une rogneuse se prête bien à la combinaison, tant pour la vitesse de travail que pour les fréquences d’interventions, puisque l’on tond généralement tous les deux passages de rogneuse. Pour ce qui est du travail du sol, le montage d’interceps sur les outils à disques ou à dents permet de réaliser deux travaux en un seul passage. Certains disposent d’un mécanisme permettant de relever l’outil de travail du sol interrang tout en gardant actif les interceps, dans le cas de vignes enherbées un interrang sur deux. Ces solutions présentent l’avantage de concentrer tous les outils au même endroit, dans un même champ de vision. Leur gabarit n’est pas plus imposant qu’un des outils seul. Il peut être nécessaire de lester l’avant du tracteur, ces combinaisons étant parfois lourdes. « Sur nos gyrogneuses, qui combinent rogneuses et gyrobroyeurs pour un tarif de 19 000 euros, nous avons pris le parti de monter deux petits rotors au lieu d’un seul gros, explique Alban Drion, dirigeant de Gimbre. De ce fait, on réduit le porte-à-faux. Il est également possible de découpler rogneuse et tondeuse en une heure. »

Se baser sur l’outil le plus lent

La combinaison ne pose pas souci lorsque les deux outils évoluent habituellement à des vitesses de travail similaires. « Un ensemble disques émotteurs-étoiles Kress avance à une vitesse compatible avec le rognage », cite par exemple Christophe Auvergne, de la Chambre d’agriculture de l’Hérault. Si ce n’est pas le cas, il faut se restreindre à ne pas dépasser la vitesse de l’outil le plus lent, pour ne pas risquer de créer de dommage sur la vigne. Or limiter la vitesse, par exemple d’un déchaumeur à disques indépendants, peut en altérer la qualité de travail. De même, les conditions optimales d’utilisation de chaque outil ne coïncident pas toujours, à l’image des outils associant travail du sol sur l’interrang et désherbage chimique sous le rang. Il faut privilégier les conditions sèches pour le premier et une atmosphère fraîche et sans poussière pour le second. S’ajoute à ces contraintes la configuration des parcelles. « La taille des fourrières conditionne les possibilités de manœuvre », explique Christophe Gaviglio, de l’IFV. « Installer un outil sur le relevage ou la platine avant allonge le convoi et peut compliquer les demi-tours en bout de parcelle », poursuit Christophe Auvergne. « Même des outils entre roues obligent à retarder le braquage du tracteur », renchérit Gaëtan Marty, responsable marketing chez Ferrand. La tendance à raccourcir les rangs, dans le cadre des replantations, afin de favoriser les demi-tours. Enfin, plus on augmente le nombre d’outils sur un tracteur, plus la conduite est exigeante et demande de la vigilance. L’automatisation de la conduite peut se révéler une aide précieuse.