Ensilage
Rapidité et coût : des points capitaux

Chloé Monget
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Durant le week-end du 11 mai, les travaux d'ensilage ont commencé dans la Nièvre ; exemple à Saizy dans l'exploitation du Gaec des Dochamps (Ludovic, Benjamin, Philippe et Odile Guyard). 

Rapidité et coût : des points capitaux
Ludovic Guyard, à pied, vérifiant la matière avant la pause méridienne partagée avec toutes les personnes mobilisées sur le chantier.

Avec des conditions météorologiques changeantes, les exploitants jouent contre la montre pour réaliser leurs travaux d’ensilage, entre autres. Pour illustrer cela, direction Saizy dans l’exploitation des associés du Gaec des Dochamps (Ludovic, Benjamin, Philippe et Odile Guyard) durant le week-end du 11 mai.

Là, c’est Damien Salé (SARL Champ de la loge à Ancray – Pazy) qui a été sollicité pour réaliser l’ensilage à façon. Pour rappel, sa société réalise cette prestation dans un rayon de 50 km chez les éleveurs mais aussi pour deux méthaniseurs. Installé à son compte depuis le 1er mai 2020 tout en continuant une double activité de salarié agricole (chez son frère Christophe Guillemain – EURL Les manœuvres), Damien Salé pointe que l’ensilage a des avantages et des inconvénients par rapport à l’enrubannage.

Bon à savoir

Pour les atouts de l’ensilage, il développe : « Si l’organisation de l’équipe des bennes est fluide, cela va assez vite à mettre en silos. En règle générale, il faut compter 3 ha / heure ». En plus de la rapidité de traitement, il détaille le coût par rapport à l’enrubannage : « en ensilage, il faut compter 110 euros / ha pour de l’herbe et 140 euros / ha pour le maïs. Cela est relativement raisonnable par rapport à ce qu’il faut engager pour de l’enrubannage ». Il poursuit sur les inconvénients potentiels : « L’ensilage demande une très bonne organisation et pas mal de personnel. Cela peut donc poser problème pour les chefs d’exploitation seuls ne pouvant solliciter de l’aide ». Sur ce point Ludovic Guyard stipule : « au total, sans Damien, six personnes ont été mobilisées sur le chantier : quatre pour les bennes, un à la fauche, et moi pour la gestion du tas ». En complément de ce point, Damien évoque « qu’il est plus avantageux financièrement pour un éleveur de faire appel à un entrepreneur pour réaliser les chantiers d’ensilage à cause du coût d’achat du matériel qui s’élève à 300 000 euros pour une machine seule. À cela s’ajoute un pick-up repliable pour 50 000 euros, 80 000 euros pour un kemper et 50 000 euros pour la faucheuse en coupe directe… la facture monte vite. Et, pour l’entretien, c’est un peu le même acabit ». Outre cela, il aborde le temps à passer pour l’entretien : « la machine travaille à une vitesse soutenue, les pièces sont très sollicitées et peuvent donc entraîner une panne. Il faut donc être méticuleux pour l’entretien. Pour ma part, il me faut une journée de préparation après la saison de l’herbe pour passer l’ensileuse en équipement à maïs (changement des couteaux, installation de l’éclateur). Une fois cela fait, il faut environ une à deux heures de réglages et de vérification avant de se lancer dans une parcelle. Enfin, je mets deux jours pour procéder à l’hivernage de l’outil ». Afin de s’épargner des soucis de casse à cause des corps étrangers, il rappelle qu’il a équipé son matériel de détecteurs de métaux et de cailloux : « c’est en option. Mais lorsque l’on fait le compte, on s’évite des frais de réparation. Je préfère retirer un corps étranger avant qu’il ne cause une panne, pouvant aller jusqu’à l’arrêt total de la machine, provoquant une réorganisation des chantiers ».

Les raisons du développement

Malgré tout, il évoque une pratique qui commence à se développer : « en travail à façon pour l’ensilage je suis passé de 500 ha à 750 ha de traités. Je pense que les exploitants apprécient cette pratique car elle est rapide, et moins onéreuse que de l’enrubannage ». Ludovic Guyard, acquiesce : « Nous avons toujours opté pour l’ensilage pour une question de rapidité et de coût moins élevé (puisque nous utilisons moins de plastique en ensilage) » et ajoute : « par rapport à de l’enrubannage, le produit est plus homogène puisque la matière est mélangée dans le tas ». Pour cette année, Damien Salé pointe : « À cause du temps, la marchandise pourra être un peu mouillée, mais les premiers chantiers sont plutôt satisfaisants question quantité ». Ludovic Guyard analyse pour le Gaec : « par rapport à 2023, nous avons moins de matière sèche (compter environ 4 t./ha pour 2024 contre 5 t./ha pour 2023) surtout pour les prairies permanentes. Nous avons aussi 10 jours d’avance comparé à l’an dernier ; certains mélanges étaient arrivés à maturité, il était donc temps de les récolter. En parallèle, nous devions libérer de la surface de pâturage car, à cause de la pluie, quelques prés ont été brisés par les lots. Cela étant, avec cette récolte précoce, nous espérons avoir une belle repousse… l’avenir nous le dira ».