Syndicalisme
La partie n'est pas terminée

AG
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La FDSEA de Côte-d’Or s’est réunie le 17 mai en assemblée à Venarey-les Laumes, près de quatre mois après les manifestations du début d’année.

La partie n'est pas terminée
Une table-ronde sur l'approvisionnement en restauration collective était notamment au programme.

Nous sommes prêts à prendre le pari : jamais un rapport d’activité présenté par la FDSEA21 n’avait déjà été aussi garni que celui de vendredi. Il faut dire que l’énergie syndicale déployée depuis des mois a été colossale. « Que de chemin parcouru, que d’actions réalisées… Notre rapport d’activité est effectivement explicite. Le réseau FDSEA-JA se montre très actif depuis l’automne et n’a pas attendu de voir jaune ou rouge pour passer à l’action », lance Jacques de Loisy, qui présidait sa toute première assemblée. L’exploitant d’Hauteville-lès-Dijon n’a pas crié victoire pour autant, le syndicalisme agricole n’étant pas « un long fleuve tranquille ». Les interventions sur le loup n’ont fait que l’illustrer, Jacques de Loisy a d’ailleurs entamé son rapport moral sur ce dossier, rapidement imité par Antoine Duthu, son homologue des JA21 : « À force de ne pas prendre le problème au sérieux, nous avons plusieurs loups sur notre territoire. Une cinquantaine de brebis ont déjà été prédatées dans le département depuis le début de l’année. Nous n’acceptons pas l’idée de devoir nous adapter, notre position reste et restera la même : pas de loups chez nous ! ».

De la volonté pour avancer

Une table ronde était proposée sur l’approvisionnement local et bio de la restauration collective avec les participations d’Hervé Lapie (FNSEA), Marie-Claire Bonnet-Valet (Communauté de communes de Cap-Val-de-Saône), Anne-Catherine Loisier (sénatrice) et Yannick Paris, (dirigeant de l’entreprise LPME spécialiste de la réglementation entourant les achats publics). Passionné par les différentes interventions qui se sont enchaînées, Samuel Bulot, secrétaire général de la FDSEA, n’en demeure pas moins impatient de voir « les choses se décanter » : « Nous ne pouvons pas nous satisfaire de l’état des lieux qui nous a été présenté, il y a des progrès à faire. Pour y arriver, il faut de la volonté politique à tous les niveaux. Même au-delà de cette volonté, le seul respect de toutes les facettes de la loi Égalim pourrait déjà nous permettre de progresser, notamment pour les producteurs bios… Les collectivités locales doivent passer la vitesse supérieure et montrer l’exemple sinon, personne ne le fera à leur place ! Le seul travail sur le gaspillage alimentaire pourrait permettre de financer les surcoûts. Je reste optimiste sur ce dossier, des outils se mettent en place à l’image des projets alimentaires territoriaux (PAT) ».

Natura 2000

Pas « Serein » du tout

Gérard Berthaut, agriculteur dans le canton de Saulieu-Liernais, a alerté le préfet sur le projet de zone Natura 2000 concernant la vallée du Serein : « Un certain nombre de réunions se sont déjà tenues localement. Une chose est sûre : le monde agricole est très vigilant, voire très hostile à ce dossier initié par le Parc du Morvan. La biodiversité n’est pas en danger dans cette vallée, il n’y a donc pas besoin de Natura 2000 qui, en plus, n’apporte rien à l’agriculture. Dans le même temps, les exploitants, eux, ont besoin de pouvoir travailler sereinement ! Syndicalement parlant, nous nous opposons à ce projet car nous n’avons pas eu de réponses à nos questions ». Gérard Berthaut illustre ses propos en citant les dates et les techniques de fauche des prairies : « elles concernent aujourd’hui uniquement les zones humides, mais rien ne dit qu’elles ne seront pas appliquées un jour dans toute la zone Natura 2000. Les réunions locales ne nous ont pas rassurés sur ce point. La vallée du Serein comprend des fermes de polyculture-élevage, avec des céréales et du maïs ensilage : est-ce que demain, nous pourrons encore utiliser des produits phytosanitaires ? C’est une autre question restée sans réponse. Nos inquiétudes ne sont pas levées, c’est pourquoi nous ne voulons pas voir ce projet aboutir. Les services de la préfecture vont trancher : nous les invitons à prendre une décision la plus sereine ! ».

 

 

 

Confidences

« On nous prend pour des blaireaux »

Dominique Bayen, agriculteur à Nod-sur-Seine, est très remonté sur la problématique du loup : « Ce dossier prend de l’ampleur, je ne vois pas d’issue favorable compte tenu de la tournure des évènements… Lors d’une récente discussion avec des gens du Parc national, je leur ai signalé la présence d’un loup près de chez moi, mais ils m’ont dit qu’il ne fallait pas confondre cet animal avec un chat… Avec ce genre de remarque, c’est certain, on nous prend pour des blaireaux et ce n’est malheureusement pas la première fois. Avec mon fils, nous avons posé des caméras et nous avons vu le loup, nous savons ce que nous racontons. Aujourd’hui, comme les autres éleveurs, nous craignons pour nos animaux. Personnellement, je ne me sens pas du tout rassuré en présence de ce prédateur. Je trouve absolument déplorable que le Parc ne communique pas et ne prévienne pas les éleveurs quand la présence d’un loup est avérée dans un secteur : cela pourrait au moins leur permettre de rentrer leurs animaux, ne serait-ce qu’un temps. Ce dossier ne va faire qu’empirer et va devenir ingérable, comme celui des sangliers. Il faut vite réagir, nous ne voulons pas du loup chez nous ».

« À 4 000 km de la simplification »

Antoine Carré, agriculteur à Verrey-sous-Salmaise et secrétaire général adjoint de la FDSEA, n’est pas du tout convaincu des « simplifications administratives » annoncées depuis plusieurs semaines par le Gouvernement : « Alors ça non, je n’y crois pas. Pire, j’ai même l’impression que nous prenons le chemin inverse… En voulant simplifier, de nouveaux formulaires et de nouvelles procédures voient le jour et complexifient encore plus la donne. Je ne suis pas le seul à le penser et à le déplorer. Je viens de vivre une expérience pitoyable dans le domaine de la prestation de services : j’ai commencé par créer une SCEA pour pallier le problème des plus-values sur le Gaec. Une autre société a dû être constituée pour y mettre le matériel. Mais du coup, mon apprenti ne pouvait plus utiliser ce matériel : alors j’ai créé un groupement d’employeurs auquel doivent adhérer mes deux autres sociétés. À chaque fois, c’est beaucoup d’énergie et de temps consacrés, sans oublier les 1 500 euros de création de société. Les frais annuels s’élèveront aux alentours de 1 000 euros pour la comptabilité, sans oublier des frais bancaires. On perd du temps et on paie, on paie, on paie, pour au final, accomplir le même travail à la clé. Pour moi, nous sommes à 4 000 km de la simplification ».