Blé orge objectif protéines
L'heure du dernier apport d'azote a sonné !

Bien maîtriser le pilotage du dernier azote sur blé et solder l’azote sur les orges de printemps, c’est la priorité du moment.

L'heure du dernier apport d'azote a sonné !
Les outils de pilotage permettent de justifier, si nécessaire, un apport supérieur à la dose prévisionnelle. (Crédit Yara).

La campagne 2023-2024 est une année record en précocité, avec des prévisions de stade épiaison au 7 mai pour un Complice semé au 15 octobre à Dijon, en avance d’une dizaine de jours par rapport à la médiane des vingt dernières années. Par ailleurs, les interventions aux champs ont été fortement contraintes par les conditions très humides de cet hiver et de ce début de printemps. À titre d’exemple, le cumul de pluie atteint du 16 octobre au 10 avril est de 501 mm à Dijon et 465 mm à Auxerre. Si les apports d’engrais sur blé ont bien pu être valorisés par la pluie (15 mm dans les 15 jours), les excès d’eau ont pu entraîner un défaut d’enracinement nécessitant de fractionner et de limiter la quantité d’azote apportée par passage pour éviter une mauvaise valorisation par la plante. Avec une majorité des blés actuellement au stade 2 nœuds / dernière feuille pointante, le pilotage du dernier apport sur blé est, cette année encore, essentiel pour accompagner la culture jusqu’au bout, et s’adapter à l’année pour obtenir rendement ET protéines.

Adapter au mieux la dose

Les outils de pilotage permettent de diagnostiquer l’état de nutrition azotée des plantes en cours de montaison. Ils indiquent alors si la culture est correctement alimentée en azote, en carence ou en excès. Quel que soit l’outil utilisé, le calcul de la dose totale prévisionnelle doit se faire au préalable à l’aide d’une méthode reconnue par le Comité français d’étude et de développement de la fertilisation raisonnée (Comifer). Une partie de cette dose doit être mise en réserve pour un apport fin montaison. Le diagnostic de nutrition parcellaire réalisé au moyen d’un outil de pilotage aboutit à un conseil de dose compris entre 0 et 80 kg N/ha. D’un point de vue réglementaire, les outils de pilotage permettent de justifier, si nécessaire, un apport supérieur à la dose prévisionnelle. Il existe divers outils de pilotage : N-Tester, Farmat Expert, N-Sensor, Jubil, Mes Sat’Images, Olympe Sat, Agrorendement (Wanaka)… De même, il est recommandé d’attendre, a minima, le stade 2 nœuds, ou idéalement dernière feuille pointante, avant de procéder au diagnostic de nutrition azotée. Cette année, les apports d’azote faits précédemment ont pu être bien valorisés par la pluie. Pour le cas particulier des semis tardifs, les stades repères pour piloter restent les mêmes mais avec un décalage à respecter.

Entre 2 nœuds et dernière feuille étalée

Les essais ont montré que le meilleur stade pour le rendement et les protéines se situe vers la sortie de la dernière feuille (voir graphique). Au stade fin montaison, l’efficacité des engrais dépasse régulièrement 90 % de la dose apportée. De plus, à cette période, il est possible de compter sur la contribution en azote du sol grâce à la minéralisation de la matière organique, qui est d’autant plus importante. Le pilotage sera d’autant plus justifié dans des systèmes de culture avec des apports de produits résiduaires organiques. Enfin, on rappelle que l’ammonitrate est la forme d’engrais la plus efficace pour ce dernier apport tardif et il n’est pas soumis au risque de volatilisation comme peuvent l’être la solution azotée ou l’urée. Pour les blés améliorants ou de force, un quatrième apport « qualité » sera également à prévoir autour du stade épiaison pour satisfaire aux 14,5 % de protéines recherchés.

Et pour les orges de printemps ?

En raison de conditions climatiques, la majorité des orges de printemps ont été semées tardivement cette année, avec des semis étalés de début février à fin mars, avec une vague de gel au 20 janvier. Le potentiel de rendement visé est donc à adapter, sachant que pour un semis retardé d’un mois (mi-mars au lieu de mi-février) la perte de rendement est de l’ordre de 20 à 25 % (essais Arvalis BFC 2012-2023). En Bourgogne-Franche-Comté, le débouché des orges de printemps est brassicole (teneur en protéines comprise entre 9,5 et 11,5 %) ce qui implique de faire attention à la teneur en protéines à travers la maîtrise de la dose totale et du fractionnement. La gestion du fractionnement doit trouver un compromis entre efficacité acceptable (apports pas trop précoces) et une teneur en protéines compatible avec les exigences brassicoles. Le fractionnement de la dose totale se fait en deux apports, positionnés avant la période d’absorption intense qui s’étend d’épi 1 cm à épiaison. Ainsi la stratégie de fractionnement la plus robuste est celle du « semis » (1/3 de la dose) puis « tallage » (2/3 de la dose à 3 feuilles-fin tallage). Les orges de printemps étant actuellement au stade 1 à 3 feuilles à début tallage, un deuxième apport est donc à prévoir en adaptant le solde au potentiel escompté. Vous pouvez mettre en place une bande sur-fertilisée au moment du deuxième apport (si cela n’a pas déjà été fait au semis) afin de pouvoir réaliser un pilotage N-Tester au stade 1 nœud. Ce pilotage permet de corriger de fortes carences en azote sur orge de printemps. Lorsqu’il déclenche un apport, les gains sont en général importants : +6 q/ha, sans crainte sur la teneur en protéines qui reste comprise entre 9,5 et 11,5 % (Pour en savoir plus : N-Tester manuel orge de printemps brassicole – yara.fr).

 

Note de bas de page : Article rédigé par les partenaires de Blé Orge Objectif Protéine (Boop) BFC : Diane Chavassieux et Léa Bounhoure (Arvalis), Jérémie Blas (Chambre d’agriculture 21), Emmanuel Bonnin (Soufflet Agriculture), Benjamin Foltier (Axereal), Patrick Chopard (Chambre d’agriculture 39), Emeric Courbet (Chambre d’agriculture 70), Damien Derelle (SeineYonne), Romain Flamand (SAS Bresson), Yohann Roblin (Interval), Alexandre Lachmann (Bourgogne du Sud), Marie-Agnès Loiseau (Chambre d’agriculture 89), Mickaël Mimeau (Alliance BFC), Antoine Villard (Chambre d’agriculture 71) et Cédric Zambotto (Chambre d’agriculture 58).

Ce qu'il faut retenir

En blé :

- Réajuster la dose d’azote avec un outil de pilotage

- Positionner le troisième apport entre 2 nœuds et dernière feuille étalée pour un bon compromis rendement et protéines.

En orge de printemps :

- Une dose à adapter au potentiel de rendement de cette année (semis tardifs)

- Le deuxième apport est à prévoir

- Penser à la bande surfertilisée pour un pilotage N-Tester

Le meilleur stade pour le rendement et les protéines se situe vers la sortie de la dernière feuille.