Développement
En prendre de la graine

Chloé Monget
-

Installé en 2000 sur l'exploitation familiale (300 ha), Pascal Rousseau, 43 ans, s'est lancé il y a environ 3 ans dans la vente directe de graines ; un choix s'inscrivant dans une vision globale.

En prendre de la graine
Outre la vente directe, Pascal Rousseau à sept revendeurs (à Suilly-la-Tour, Garchy, Tracy, Chateauneuf-Val de Bargis, Nevers et Anlezy).

« Nos amis vignerons s'en sortent en vendant leurs vins directement. Je me suis dit, pourquoi ne pas faire pareil avec ma production ? » explique Pascal Rousseau, installé depuis 2000 à La Buffière (Suilly-la-Tour). C'est ainsi qu'il se lance dans la vente de graines et d'alimentation pour animaux en créant Passion Grain : « Tout ce qui est vendu est issu de la production de la ferme ». 

Sans intermédiaires 

« J'ai fait le choix de ne pas travailler avec certains OS, car leurs prix ne sont pas en corrélation avec le travail que nous réalisons ou la qualité que nous pouvons produire. De plus, comme dans d'autres domaines, c'est en réduisant les intermédiaires que nous pouvons obtenir une marge pour vivre de notre production, car c'est bien là le but de tout ce que l'on fait ! »

Adaptation 

Mais, son système ne s'est pas fait tout seul : « Au départ, mon grand-père et mon père faisaient comme tout le monde, du blé, du colza et de l'orge. Lorsque je me suis installé, je leur ai emboîté le pas. Puis, au fil du temps, je me suis rendu compte que nous devions trouver des solutions pour que nos cultures soient adaptées et résistantes au changement climatique afin que l'activité soit pérenne. Ainsi, nous produisons actuellement 10 espèces différentes : colza, tournesol, orge (hiver et printemps), avoine, coriandre, pois chiche, lentille, millet, lin (jaune et brun), sorgho et maïs ». 

Pas si simple 

« Il faut préciser que certaines de ces cultures ne sont pas simples à récolter. Par exemple, cette année, j'ai mis 3 h pour récolter 4 ha de lentilles... Il faut donc avoir conscience que ces productions sont chronophages. De plus, l'investissement nécessaire pour les produire et les vendre en direct n'est pas du tout négligeable ». 

Le matériel indispensable 

« La ferme a été conçue avec de grands bâtiments de stockage, ce qui enlève une sacrée épine du pied lorsque l'on veut faire de la vente de graines. Mais, il a fallu investir dans un trieur optique, un trieur rotatif, des godets, une ensacheuse, une mélangeuse, etc. En fait, tout ce qui me permet de proposer des sachets de qualité. Bien évidemment, cela s'est fait au fur et à mesure des années, car on ne peut pas se lancer dans cette voie du jour au lendemain ; financièrement c'est impossible »

Couvrir le marché 

Actuellement, pour l'alimentation animale, Pascal Rousseau précise : « nous sommes deux dans la Nièvre à le proposer (l'autre étant l'EARL de Baye – Bazolles, voir www.earldebaye.com). Il y a donc largement la place pour d'autres de tenter cette expérience. Quand on voit le débit qu'ont les grandes enseignes sur ce marché, cela laisse à penser qu'il y a une véritable demande dans le Département pour ces produits. Pour ma part, les mélanges les plus prisés sont pour ceux pour les poules et les chevaux ». 


Sans fanfares 

Pour se faire connaître, Pascal Rousseau a opté pour le bouche-à-oreille : « Je ne fais pas de pub, car ce n'est pas mon métier et je n'ai pas de temps à consacrer à cela. Mes clients sont donc des locaux, mais j'ai remarqué que mon rayon de vente s'étend de plus en plus ; j'en suis ravi car c'est gagnant-gagnant : eux ont des produits de qualités et connaissent le producteur, et nous nous pouvons vivre de notre activité ». Si pour le moment la vente de graines ne lui permet de pas de faire de plus-value, à cause des nombreux investissements effectués, Pascal Rousseau est en accord avec son système : « cela aura forcément une retombée positive si je continue à m'investir dans mon projet »

Projets 

Pour la suite, il souhaiterait pouvoir faire de la vente de coriandre en sachet, pour l’alimentation humaine, en plus des lentilles et des pois chiches qu’il commercialise depuis un an. : « Pour le moment, je les vends en multiplication de semences, car mon trieur n'est pas assez performant pour séparer la graine des déchets. Mais c'est quelque chose que je tiens à mettre en place. De même, je voudrais me lancer dans le persil. J'ai déjà commencé puisqu'il est semé sous le tournesol, mais je vais attendre encore afin de voir s'il donnera satisfaction ». Outre cela, il envisage de construire un nouveau bâtiment afin d'accueillir une deuxième ligne de triage : « cela me permettrait d'installer mon trieur rotatif ainsi qu'un trieur alvéolaire pour obtenir une ligne à petit débit (équivalent à 2 à 3 tonnes par heure – pour le blé) ». Renseignements : Pascal Rousseau à contact@passiongrain.fr ou au 06 73 69 36 83. 

 

Repenser le système
Pour l'acquisition de son trieur optique, Pascal Rousseau a bénéficié des aides de l'État (à hauteur de 40 %) via le Plan de Relance. Ici des déchets de tournesol, après tri.

Repenser le système

Pascal Rousseau est un passionné. Pour lui, ce métier était une évidence. Même s'il a appris sur le tas, puisqu'il dispose d'un BTS machinisme, il dit qu'il ne se voyait pas faire autre chose. Malgré tout, Pascal Rousseau est un peu morose : « Cela me désespère de voir qu'il y a de moins en moins d'agriculteurs qui s'installent. Mais, en même temps, on ne peut pas demander aux gens de se lancer dans une profession où la rémunération est des plus basses, voire nulle dans certains cas. Il faut que nous repensions notre métier pour trouver des solutions pour vivre et je salue les initiatives telles que Secret de paysans. Certes cela demande encore un investissement de notre part, mais est-ce que cela ne vaut pas le coup de tenter ce genre d'expérience pour pouvoir vivre de notre métier ? ». 

Céréales pour animaux
Pour compléter sa gamme, Pascal voudrait pouvoir proposer de la coriandre en sachet.

Céréales pour animaux

Pascal Rousseau, via son entreprise Passion Grain, propose des produits simples : 

Blé (en 10 kg – 6 euros ; 20 kg – 8 euros) ; tournesol (en 5 kg – 8 euros ; 10 kg – 11 euros) ; Maïs concassé (en 10 kg – 8 euros ; 20 kg – 11 euros) ; Orge aplatie (25 kg – 11 euros). 

Il vend également des mélanges spécifiques : Mélange pour oiseaux composé de millet, blé, maïs concassé, sorgho, tournesol (10 kg – 9 euros) ; mélange basse-cour incluant du blé, maïs concassé, millet, tournesol (en 10 kg – 8 euros ; 20 kg – 11 euros) ; mélange poule-pondeuse avec blé, maïs concassé, pois concassés, tournesol, lin (en 10 kg – 8 euros ; 20 kg – 11 euros) ; mélange lapin avec de l'orge, blé, avoine, maïs (en 10 kg – 7 euros ; 20 kg – 9 euros) ; mélange chevaux avec orge aplatie, maïs concassé, avoine (en 25 kg – 13,5 euros ) ; 

mélange moutons, chèvres avec de l'orge aplatie, maïs concassé, pois concassé, avoine (en 25 kg – 13,5 euros).

Enfin, pour les pois chiches et les lentilles compter 2 euros pour 380g.

photo supplémentaire
Il faut 6 passages dans le trieur optique et un passage dans le toboggan de triage pour retirer les graines indigènes ou encore les cailloux. Ici, des essais sur le maïs.