Installation
De nombreux agriculteurs s'installent sans les aides

Berty Robert
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Pour la première fois depuis le Covid, un Comité d’orientation installation-transmission organisé par la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or s’est tenu, le 16 septembre. On y abordait notamment les raisons pour lesquelles certains s’installent sans avoir recours aux aides disponibles.

De nombreux agriculteurs s'installent sans les aides
En Côte-d'Or, près d'un installé sur deux n'a pas recours aux aides disponibles. (Crédit Réussir)

Pourquoi, alors qu'il existe une panoplie d'aides importante consacrée à l'installation de nouveaux agriculteurs, certains n'y ont pas recours ? Cette question est au centre d'un travail d'enquête réalisé par Ludye-Ann Josselin, étudiante à l'Institut Agro de Dijon. La jeune femme a même consacré son mémoire de fin d'étude à cette problématique et, le 16 septembre, à Pouilly-en-Auxois, elle présentait une synthèse de son travail lors du Comité d'orientation installation-transmission organisé par la Chambre d'agriculture. De fait, Vincent Lavier, président de la Chambre d'agriculture, confirmait, en guise d'introduction le constat que, « souvent, des jeunes font le choix de s'installer sans les aides ». De fait, l'enquête révèle qu'en Côte-d'Or, près d'un exploitant sur deux s'installe sans la Dotation jeune agriculteurs (DJA) Mais est-ce toujours un choix ? Dans cette situation entrent aussi des situations d'inéligibilité de certains candidats (parfois trop âgés), mais aussi de méconnaissance des dispositifs d'aide. Il y a aussi, et c'est plus surprenant, le fait que des personnes engagées dans une démarche d'installation ne se perçoivent pas elles-même comme agriculteur. Un cas de figure qui s'observe particulièrement sur des projets de productions diversifiées. 

Crainte d'une liberté réduite

En Côte-d'Or, sur la période 2016-2020, on a compté 405 installations, dont 38 % non-aidées. C'est en production équine que la part de non-aidé est la plus importante (50 %) contre 14 % en bovins lait ou en ovins et caprins. Parmi les non-aidés, Ludye-Ann Josselin pointe notamment ce qu'elle qualifie de « libertaires évitant l'engagement » qui voient dans le recours aux aides une manière de se lier les mains, d'être dépendants et contraint dans leur liberté de mener leur projet. Pour eux, la démarche est donc volontaire et interroge beaucoup. Face à ce constat, la jeune femme propose plusieurs pistes : améliorer la communication sur la DJA, élargir les critères d'éligibilité et l'accompagnement. Aurélien Viellard, président du pôle Formation installation transmission emploi à la Chambre d'agriculture, rappelait que les aides prévues s'accompagnent d'un cadre tout de même relativement souple, mais que les critères sont aussi là pour démontrer le caractère fiable et durable des projets. « Je peux comprendre, également, ajoutait-il, l'argument de la crainte d'une perte de liberté en cas de recours aux aides, mais nous sommes aussi garants de l'utilisation de l'argent public dans ce domaine, et il faut donc un minimum de contrôle. On doit, en tout cas améliorer, d'un côté, l'accompagnement, y compris des personnes qui n'ont pas recours aux aides et faire la différence entre ceux qui font le choix de ne pas y avoir recours, et ceux qui ne les demandent pas, par méconnaissance... »

 

Note : Un second article consacré à ce comité installation-transmission paraîtra dans le numéro du 30 septembre.