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Vignes : les Préparations naturelles peu préoccupantes à la loupe

Cédric Michelin
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Plusieurs viticulteurs utilisent déjà des Préparations naturelles peu préoccupantes (PNPP), que ce soit en tant que régulateur cryptogamique, cicatrisant, stimulateur de croissance… Leurs usages sont très variés. Les équipes de Bio Bourgogne et Interbio Franche-Comté ont créé un guide de pratiques, à destination des producteurs de plantes et des viticulteurs de la région.

Vignes : les Préparations naturelles peu préoccupantes à la loupe
Depuis avril, un guide de pratiques sur l'usage des PNPP en viticulture biologique est diffusé par Bio Bourgogne et Interbio Franche-Comté.

Le guide d’usage des Préparation naturelles peu préoccupantes (PNPP), que l’on doit à Bio Bourgogne et Interbio Franche-Comté est né des travaux de deux animatrices de groupes Dephy : Bérengère Thill, en charge du secteur jurassien, et Sarah Lagarde, couvrant la côte chalonnaise. Bérengère étudie depuis des années les PNPP et leurs usages sur le terrain. Il y a un an et demi, lorsque Sarah a rejoint la structure, elles ont échangé sur ce sujet et mutualisé leurs retours d’expérience. D’où l’idée de rédiger un guide de recensement des pratiques, basé sur des témoignages. Les deux animatrices sont aussi allées à la rencontre de producteurs locaux de PNPP. Contrairement à certaines idées reçues, les PNPP ne sont pas seulement utilisées en agriculture biodynamique. Tous les types de production peuvent y recourir et il existe une multitude de façons de les préparer (infusion, décoction, macération…). En biodynamie, les substances de base peuvent être « dynamisées » et constituent des préparations spécifiques.

Veille nécessaire

Grâce au travail mené au sein des groupes Dephy, Sarah et Bérengère ont à disposition une grande quantité de données agronomiques, notamment via les calendriers de traitement. Au début du guide figure un rappel de la réglementation en vigueur. Du fait de son caractère évolutif, les équipes de Bio Bourgogne et Interbio Franche-Comté réalisent une veille réglementaire constante, ciblant à la fois les produits phytosanitaires et les PNPP (liens internet mis à jour dans le support). Autre contenu important, un tableau synthétique des plantes et de leurs usages, compilant substances de base (prêle, ortie, saule) et biostimulants (pissenlit, camomille, bourdaine…). On distingue ainsi les propriétés physico-chimiques, le mode de préparation, les effets recherchés et l’utilisation. Dans la partie purement dédiée aux témoignages, les viticulteurs interrogés ne font pas tous partie du groupe Dephy de la côte chalonnaise. Cependant, ils sont tous adhérents du Gabsel, regroupant les agriculteurs bio de Saône-et-Loire. L’ensemble des propos a été récolté à l’automne 2022. Ces témoignages de ressenti sont très variés. Ils mettent en lumière les difficultés rencontrées et les erreurs à éviter. Outre l’aspect « diminution de phytos », dans un contexte de changement climatique, certaines plantes peuvent constituer un moyen de lutte contre la sécheresse. C’est le cas de la camomille et de l’achillée. Fabio Montrasi, producteur au Château des Rontets à Fuissé déclare : « ces dernières années, j’ai fait beaucoup d’achillée et de camomille, surtout durant les périodes de grosses chaleurs : cela me semble efficace. Je ne fais jamais de passage uniquement de plantes, je mélange toujours avec mes traitements cuivre et soufre ». Selon lui, « l’efficacité des plantes est difficilement quantifiable […] dans tous les cas, ce n’est pas toujours agréable de faire des traitements antifongiques […] la phytothérapie peut au moins apaiser la vigne ».

Ouvert à d’autres producteurs

Le guide comprend également un annuaire et une carte des producteurs locaux de plantes et de préparations, consultables en ligne. Pour l’instant, la majeure partie des contacts recensés sont installés dans le Jura. Toutefois, les supports seront fréquemment mis à jour, afin d’y intégrer des producteurs supplémentaires. Les préparateurs n’ont pas forcément pour habitude de fournir des viticulteurs. Leurs produits sont généralement destinés au maraîchage ou aux tisanes alimentaires. Il est donc très intéressant pour eux de connaître, en amont, les usages et savoir-faire des viticulteurs du territoire, pour ensuite, si possible, mieux orienter leurs préparations. Mêmes enjeux pour l’aval, les agriculteurs n’ont pas toujours le réflexe d’acheter leurs plantes à des fournisseurs bio locaux. Ce guide sert ainsi de « coup de pouce pour faire du lien sur le territoire », souligne Sarah. Déjà présenté dans les bulletins techniques de Bio Bourgogne, il est actuellement diffusé via le canal Ecophyto national et les autres relais de l’association (Produire bio, Itab, réseaux sociaux…).