Séchage en grange
Un choix à faire

Chloé Monget
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Il y a sept ans, Daniel Augendre, exploitant à Chiddes, a investi dans un séchage solaire en grange. Si cela représente un investissement important au départ, il a été fait dans une optique bien spécifique. 

Un choix à faire
Le bâtiment de séchage a été rajouté en 2016.

Daniel Augendre, polyculteur-éleveur, a installé un séchage en grange en 2016 dans son exploitation de Chiddes. Brigitte, sa conjointe collaboratrice (depuis 2000), qui a pris la tête de l’exploitation lors de son départ en retraite en 2021, insiste : « nous avons mis beaucoup de temps à nous décider, puis finalement cela semblait tout à propos pour le projet de reprise que notre fils, Édouard qui devrait s’installer au 1er janvier 2024 ». Pour mémoire, le système choisi par la famille est un séchage solaire de trois cellules de 330 m2 au total et pouvant accueillir 200 tonnes de foin maximum. Le principe du procédé solaire consiste à ce que l’air chaud présent sous les toitures doublées soit aspiré puis renvoyé par un ventilateur sous des cellules de caillebotis pour finir de sécher le foin.

Cheminement

Brigitte insiste : « l’investissement n’est pas négligeable puisqu’il représente environ 200 000 euros au total (comprenant le bâtiment de séchage, une extension pour génisses et une fumière) avec une subvention – anciennement PCAE (volet énergie et stockage) de 63 000 euros environ ; réduisant un peu la facture tout de même ». Mais, elle explique : « À l’époque, l’exploitation n’était pas équipée pour presser son foin. Nous pensions investir dans une presse haute densité avec un tracteur. Mais, en comparant cet investissement de matériel avec celui d’un séchage en grange, nous nous sommes rendu compte que cela était à peu près équivalent ». Ce qui a décidé la famille Augendre, est véritablement l’aspect agronomique du procédé. « La qualité nutritive du foin séché ainsi est indéniable pour notre cheptel de Charolais. Pour preuve, nous avons fait des économies importantes sur le concentré, puisque nous n’en achetons plus que pour les broutards et en plus petite quantité pour la période hivernale, et malgré tout, ils partent à 420 kg à moins d’un an ! ». Cette qualité fourragère était aussi primordiale pour l’avenir de l’exploitation qui est en cours de reprise par Édouard, 21 ans, le fils de Daniel et Brigitte.

Se démarquer

Il précise : « les Charolaises vont être vendues et je vais m’installer avec une quinzaine de vaches laitières (Abondance) et un atelier de transformation fromagère (70 000 litres par an de lait destiné à la fabrication de Cabrache du Morvan, gruyère, fromage à raclette, etc.). De ce fait, une alimentation de qualité est le point de départ pour avoir un lait adapté à cette diversification. De plus, pour me démarquer des autres, je vais adhérer au cahier des charges du lait de foin (https://www.laitdefoin.fr/) il me faut donc des apports adéquats ». Brigitte rebondit : « nous ne voulions pas qu’il ait cet investissement à faire en début de carrière, ce séchage en grange est donc un peu un coup de pouce que l’on voulait lui faire ». Édouard poursuit plus techniquement : « que ce soit mon père ou ma mère, ils ont toujours cherché à être les plus autonomes possibles, afin de conserver une certaine liberté de manœuvre. Cette volonté a aussi été motivée par l’envie de savoir exactement ce que les animaux mangent poussant mon père à faire ses propres farines. Je crois que j’ai gardé cette volonté et c’est probablement pour cela que je vois l’intérêt du séchage en grange ».

Avancer et multiplier

« Pour revenir à ce dernier, il avance le début des foins au 25 avril, et permet de faire trois ou quatre coupes, jusqu’à la mi-octobre car nous pouvons rentrer du foin à 60 % de matière sèche ! Nous ne fanons qu’une fois au lieu de deux ou trois auparavant. Par contre, nous ne pouvons pas rentrer plus de 2 m de hauteur dans chaque cellule à chaque fois, donc nous ne travaillons que 4 à 5 ha à la fois ; ce qui demande une réorganisation des journées par rapport à un système en bottes ». Si cet outil semble idéal, il a néanmoins des petits défauts : « il faut que l’humidité extérieure soit moins importante qu’à l’intérieur du bâtiment. Le ventilateur, renvoyant la chaleur sous le foin, est assez gourmand en électricité. Ceci dit, il peut être programmé pour fonctionner en heures creuses ; réduisant ainsi un peu la facture. Par exemple, notre consommation annuelle pour cet appareil (avec le fonctionnement de la griffe) est de 3 000 euros, mais cela est largement amorti via les économies effectuées : carburant, temps et travail à façon (puisque le pressage nous revenait à environ 2 500 euros par an) ». Si au départ ce choix de séchage en grange n’était pas forcément une évidence, la famille Augendre ne changerait pour rien au monde aujourd’hui : « il faut que cet outil soit en corrélation avec le système global de l’exploitation. C’est un investissement non négligeable au départ, mais qui permet de gagner beaucoup in fine ».

Avant la reprise

L’exploitation est actuellement composée de 70 Charolais non inscrits et dispose de 99 ha dont 10 ha de céréales (triticale, blé, avoine), 10 ha de prairies temporaires en mélange Suisse et le reste en prairies naturelles. Ces terres sont réparties sur deux sites : 60 ha à Chiddes et 39 ha à Sémelay.