Convention de coopération entre l'Yonne et Paris
Une rencontre entre les producteurs et les acheteurs a eu lieu à Paris

Christopher Levé
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Le 17 février dernier, des producteurs Icaunais sont allés à Paris dans le but de rencontrer des gestionnaires de la restauration collective (notamment de cantine scolaire), dans le cadre de la convention de coopération entre la Ville de Paris et le PETR du nord de l’Yonne. Avec l’objectif pour les producteurs de connaître les besoins des cantines parisiennes afin de leur faire des propositions correspondantes à leurs demandes.

Yonne Paris
Producteurs et gestionnaires de restauration collective se sont rencontrés sous forme de speed dating (photo Chambre d'agriculture de l'Yonne).

Pour comprendre le but de cette rencontre du 17 février entre des producteurs Icaunais et des gestionnaires de la restauration collective parisienne, il faut remonter pratiquement deux ans en arrière. En juin 2021 exactement, lorsque le PETR (pôle d’équilibre territorial et rural) du nord de l’Yonne formalise un partenariat avec la Ville de Paris, portant sur une convention de réciprocité sur plusieurs axes de coopération : la ressource en eau (notamment les captages du nord de l’Yonne qui alimentent la Ville de Paris à travers les Eaux de Paris), l’alimentation et la résilience alimentaire, et l’attractivité touristique.
Un projet qui s’est concrétisé encore davantage, le 24 juin 2022, avec la signature de la convention de coopération entre la Ville de Paris et ce PETR du nord de l’Yonne.
Si, comme précédemment cité, le projet porte sur trois grands volets, c’est celui que l’alimentation que se sont concentrés en priorité les élus et représentants Icaunais et Parisiens. « Pour cela, on entretient des échanges réguliers avec la Ville de Paris et le Grand Paris, pour travailler à l’atteinte de nos objectifs. L’enjeu, c’est de structurer une offre locale, ici dans l’Yonne, pour répondre à la fois aux besoins des habitants du nord de l’Yonne, mais également aux attentes des acheteurs publics que sont la Ville de Paris et le Grand Paris, notamment à travers les écoles », explique Nicolas Soret, maire de Joigny, à l’initiative du projet.

Un speed dating organisé

Ce qui a donc donné lieu à cette rencontre du 17 février, nommée « les rendez-vous de la restauration collective ». « On a pu rencontrer 21 gestionnaires d’unité de restauration collective, soit autant de potentiels acheteurs. Cela a permis de faire une sorte de speed dating entre les acheteurs et les producteurs », poursuit Nicolas Soret. Les premiers ont peu énoncé leurs critères et leurs attentes, les seconds leurs capacités de production.
Au niveau des producteurs, c’est à travers la Chambre d’agriculture de l’Yonne que le lien se fait. « Le 17 février, les producteurs sont allés à Paris avec un catalogue de leurs produits qu’ils ont présentés aux gestionnaires de la restauration collective », raconte Nadine Darlot, vice-présidente de la Chambre d’agriculture de l’Yonne, en charge du dossier.
Étaient présents Les Moulins Dumée à travers leur client Touflet (qui transforme la farine label rouge en produits finis comme du pain), la fromagerie Lincet (fromages au lait de vache labellisés), Sicarev à travers Tradival Convival (bœuf), la Cocebi à travers Fermesbio (union dont fait partie la Cocebi / céréales bios), les Terres du Pays d’Othe (lentilles bios), les fermes du Ravillon (graines, huiles et farine bios), la ferme Ultéria (fromages de chèvre bios) et la ferme du Chaudron (porc bio).
Pour rappel, la Ville de Paris demande à ce que l’approvisionnement coche plusieurs cases : que minimum 75 % de l’alimentation soit issue de l’agriculture biologique, que 50 % des denrées soient issues de filières situées à moins de 250 km, et que les produits soient en label. « Nous, à la Chambre d’agriculture, on a rappelé à la Ville de Paris et aux gestionnaires de la restauration collective que, pour qu’il y ait un engagement des agriculteurs dans une démarche bio ou label, il fallait qu’il y ait un engagement sur du moyen voire long terme, avec un prix rémunérateur », point Nadine Darlot. En outre, que les producteurs soient certains de s’engager dans un partenariat qui servent les intérêts de chacun.

« Valoriser les produits Icaunais »

Quant aux producteurs ? Si l’occasion est claire que cela peut étendre leur rayonnement d’activité, c’est aussi et surtout une opportunité pour « valoriser les produits Icaunais », assure Olivier Ferrière, commercial pour la restauration hors domicile à Tradival Convivial (coopérative Sicarev). « Cela mettra en valeur nos éleveurs et fera rayonner l’élevage du département (en ce qui concerne Sicarev). Ce type de projet montre l’envie de repositionner les produits locaux au cœur du fonctionnement des collectivités régionales », se réjouit-il.

Une association en cours de création

Afin de faciliter le travail futur, une association sera prochainement créée, « pour accompagner la structuration des filières durables, locales, prioritairement à destination de la restauration collective », reprend Nicolas Soret. Celle-ci portera le nom, d’Agri Paris Seine et comptera sept membres fondateurs : la Ville de Paris, la métropole du Grand Paris, les Eaux de Paris, Le Havre Seine métropole, la métropole de Rouen, le département de la Seine-Saint-Denis et le PETR du nord de l’Yonne. Les statuts seront adoptés en juin prochain lors d’un comité syndical.
Désormais, il reste aux producteurs et aux acheteurs à se mettre d’accord sur les volumes et les prix. En attendant, le maire de Joigny se montre satisfait des étapes franchies. « Ce projet, c’est la reconnaissance de la qualité de nos produits. La mairie de Paris a un cahier des charges assez strict sur ce qu’ils veulent pour les cantines des écoles. Cela montre donc que dans l’Yonne, on est capable de produire des produits de qualité qui répondent à leurs attentes ». Mais ça, personne n’en doutait.