Pneumatiques
Vers des gommes biodégradables

Sophie Chatenet
-

Michelin, le CNRS et l’Université Clermont Auvergne ont inauguré dernièrement un laboratoire commun baptisé « BioDLab » consacré à l’étude de la dégradation et biodégradation des gommes des pneumatiques.

Vers des gommes biodégradables
Pour la première fois, la norme européenne (Euro 7) fixe des limites aux émissions de particules engendrées par l’usure des freins et des pneus. (Crédit photo © Michelin).

Lorsque l’on roule, au contact de la route, la gomme s’échappe de manière infinitésimale mais ramené au nombre de véhicules en circulation, le sujet prend une tout autre dimension. En effet, pour garantir la sécurité à l’automobiliste, le pneu doit d’abord adhérer à la route avec, pour conséquence, une érosion générant des particules d’usure. Elles forment un mélange complexe pour lequel de nombreux phénomènes chimiques restent à découvrir notamment leur évolution dans le temps lorsqu’elles se mélangent au sol et à l’eau.

Au cœur de l’élastomère

Ainsi, pour mieux comprendre le processus de dégradation des pneus liée à leur utilisation et développer des solutions techniques aux problématiques environnementales des particules d’usure, un laboratoire a été inauguré en fin d’année par Michelin, le CNRS et l’Université Clermont-Auvergne (UCA). Cette collaboration mobilisera une vingtaine de membres de l’Institut de chimie de Clermont-Ferrand (Université Clermont Auvergne / CNRS), et une dizaine de salariés de la Direction opérationnelle de recherche et développement de Michelin. À l’interface entre l’étude des matériaux, la chimie et la microbiologie, les travaux de recherche devraient conduire à des méthodes d’évaluation de la dégradation de l’élastomère, composant essentiel des pneumatiques, et à produire une analyse fine qui permettra de comprendre les mécanismes en jeu, et les réactions physico-chimiques à l’œuvre. Comme le rappelle Jean-Luc Moullet, Directeur général délégué à l’innovation du CNRS : « Michelin compte parmi les partenaires industriels principaux de notre organisme avec désormais neuf structures de recherche communes en activité mais aussi de nombreuses collaborations de recherche autour d’enjeux scientifiques partagés »

Un partenariat public-privé 

Du côté de l’équipementier clermontois, on se félicite de l’ouverture d’un nouveau champ de recherche ambitieux. « Depuis plusieurs années, Michelin s’est engagé à réduire le phénomène d’abrasion de ses pneus, en s’appuyant sur sa maîtrise des matériaux et une stratégie de conception historiquement orientée pour optimiser l’utilisation de la matière. Cette politique a permis de réduire de 5 % les émissions d’usure de nos pneus entre 2015 et 2020. Notre groupe a toujours été favorable à l’établissement de seuils réglementaires d’abrasion des pneus pour limiter les émissions de particules d’usure partout dans le monde. À ce titre, il a soutenu activement les recommandations de la Commission européenne relative à la norme Euro 7 », témoigne Éric-Philippe Vinesse, directeur recherche et développement – membre du Comité exécutif du groupe Michelin. BioDlab est le troisième laboratoire commun créé entre Michelin et l’Université Clermont Auvergne et le second qui implique l'Institut de chimie de Clermont Ferrand (ICCF). « Ce partenariat scientifique permettra d'accompagner la production de matériaux innovants et durables. Il s’inscrit donc pleinement dans la feuille de route de notre stratégie scientifique qui vise à concevoir des modèles de vie et de production durables », explique Mathias Bernard, président de l’UCA.

L’usure des pneus désormais intégrée dans une norme européenne

Discutée depuis plusieurs mois, la nouvelle norme Euro 7 a été approuvée par les colégislateurs du Parlement européen le 18 décembre 2023. Celle-ci fixe, pour la première fois, des limites aux émissions de particules engendrées par l’usure des freins et des pneus. L’intégration de ces facteurs d’émission dans Euro 7 accompagne la transition du marché vers les voitures électriques qui utilisent peu leurs freins mécaniques grâce à leur freinage régénératif mais sollicitent fortement leurs pneus en raison de leur poids élevé. Constructeurs et équipementiers mettent actuellement au point des filtres à particules de freins et de pneumatiques. Le Parlement et le Conseil européens doivent encore approuver formellement cet accord pour que ce projet devienne règlement. Il est maintenant prévu que celui-ci entre en application 30 mois après son entrée en vigueur pour les voitures et les utilitaires légers. On peut donc envisager une échéance à mi-2026. Les poids lourds bénéficieront de 18 mois supplémentaires. Quant aux constructeurs de petites séries, qui font déjà l’objet de régimes particuliers, ils auront jusqu’au 1er juillet 2030 pour les voitures ou utilitaires légers et jusqu’au 1er juillet 2031 pour les poids lourds.

Agropressure // Un outil de calcul de la pression des pneus
Michelin a développé un nouvel outil de conseil pour la pression des pneus agricoles.

Agropressure // Un outil de calcul de la pression des pneus

Grâce au simulateur de charges, ainsi qu’à une base de données de plus de 9 000 modèles de tracteurs et d’une liste d’outils complète, les agriculteurs peuvent accéder à tout moment à des conseils pression personnalisés afin de gérer l’ensemble de leurs combinaisons tracteur - outil. Le tout grâce à l’outil digital Michelin Agropressure. Combinant les connaissances approfondies de Michelin dans le secteur des pneumatiques agricoles et celles de l’Université de Berne dans le domaine des sols, cet outil digital gratuit permet aux agriculteurs, aux ETA, aux revendeurs de pneus et aux concessionnaires de machines, d’obtenir les pressions de travail appropriées pour leurs pneus, en fonction de la marque et du modèle de tracteur, des outils et du sol, ainsi que de la charge subséquente supportée par les pneus. Remplaçant l’application « Michelin Calculateur de pression », l’outil est disponible sur le site web pro.michelin.com ainsi que sous la forme d’une application smartphone (disponible sur iOS et Androïd) pour un accès facile en situation de travail. L’interconnexion entre les deux plateformes permet aux utilisateurs de retrouver leurs différentes configurations quels que soient les appareils utilisés.