Syndicalisme
Le monde paysan s'impatiente

Propos recueillis par AG
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Le président de la FDSEA de Côte-d'Or dresse un état des lieux de la situation, trois semaines après les dernières actions syndicales.

Le monde paysan s'impatiente
« Il ne faudrait pas que les administrations centrales ou locales freinent les promesses du Premier ministre. Ce serait un mauvais signal pour la démocratie », prévient Jacques de Loisy.

La mobilisation agricole de fin janvier - début février, qualifiée de « magnifique » par Jacques de Loisy, n’est pas terminée : « Elle est juste suspendue. La pression, elle, est constante ». Le président de la FDSEA de Côte-d’Or n’exclut pas de nouvelles actions syndicales si les mesures annoncées par le Gouvernement ne se concrétisent pas plus vite sur le terrain : « à notre niveau, nous enchaînons les réunions avec le préfet, celui-ci semble volontaire sur un tas de sujets. Mais cela semble coincer plus bas, au niveau des administrations, et nous ne savons pas pourquoi… En conséquence, tout le monde s’impatiente sur le terrain… Il serait regrettable que notre action syndicale reprenne de plus belle, avec une plus grande ampleur : cela voudrait dire que les propos du Premier ministre n’ont pas été suivis de faits, dans des délais raisonnables ». Jacques de Loisy déplore un certain « militantisme » au sein de l’administration : « ce n’est pas la première fois que nous le constatons. Les personnes concernées devraient être, avant toute chose, au service de l’agriculture et du développement agricole, sachant que plus de 85 % de la population est en accord avec notre mouvement. Les réticences auxquelles nous faisons face, notamment sur les moyens de production, n’ont pas lieu d’être. Il serait bon que les choses évoluent enfin dans le bon sens, afin de retrouver de l’activité économique ».

Plus vite !

« Beaucoup de travail reste à faire », souligne le responsable syndical : « plus de 2000 points administratifs sont à réviser en France si nous voulons retrouver une réelle capacité de production… Certaines choses sont très simples à mettre en place mais rien n’avance. La constitution française permet au chef de l’État et au Premier ministre de gouverner par ordonnances, il faut aussi le rappeler… Les mesures annoncées devraient donc se concrétiser beaucoup plus vite ». Jacques de Loisy liste plusieurs exemples : « le curage des fossés est toujours très compliqué en France, alors qu’il est obligatoire en Belgique ou au Pays-Bas… Un autre point : nous ne voulons plus que les agents de l’OFB viennent armés dans nos fermes. Nous avons l’impression que cette demande est extraordinaire voire inconcevable car nous ne sommes pas entendus… Les agents des contrôles sanitaires opèrent, eux, avec une petite valise ou un attaché-case quand ils se rendent dans un restaurant : pourquoi des armes pour leurs homologues de l’OFB ? ». Jacques de Loisy enchaîne avec la loi Égalim : « un accord aurait été signé entre les industriels et les grandes surfaces pour passer des hausses entre 2 et 3 %, mais je ne suis pas sûr que les considérations du monde agricole aient été prises en compte… La grande distribution doit jouer le jeu, rapidement et concrètement. Nous ne voulons plus de camions de viande polonaise en Bourgogne-Franche-Comté, comme celui que nous avons contrôlé en janvier. Dans la Nièvre, un camion de lait bio italien a été arrêté : nous n’en voulons plus non plus, cela n’a pas de sens ». Le « curseur » a été mis « bien trop loin » selon Jacques de Loisy, qui a désormais les yeux rivés sur le salon de l’agriculture : « beaucoup de politiques vont s’y rendre dès samedi. Nous souhaitons qu’ils remettent de l’ordre dans un certain nombre d’administrations car il y en a besoin. Assouplir des réglementations est une autre priorité pour que les agriculteurs retravaillent sereinement et retrouvent une rémunération digne de ce nom. Tous les systèmes de production sont concernés. En effet, regardez la bio : elle n’a pas eu les mesures structurelles dont elle a besoin pour sortir de l’ornière ».