Diversifier ses assolements
Le chanvre : une plante aux multiples atouts

Louis-Marie Allard, Terres Inovia
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Le chanvre est doté d’un itinéraire technique simple qui présente des débouchés de plus en plus variés. Terres Inovia fait le point sur cette plante de diversification attrayante.

Le chanvre : une plante aux multiples atouts
La culture de chanvre n'a besoin d'aucun traitement phytosanitaire en végétation. (Photo L. Jung)

Le chanvre est doté d’un itinéraire technique simple et présente des débouchés de plus en plus variés. Cette plante de diversification attrayante s’intègre très bien dans une rotation. Culture de printemps, il offre une opportunité de diversifier les assolements.

Des performances agronomiques pour l’exploitation

En semant en avril et en récoltant vers septembre, le chanvre libère le sol tôt pour permettre une bonne implantation de la culture suivante, souvent un blé. Le chanvre laisse le sol propre, en étouffant les mauvaises herbes, et meuble, grâce à son pivot profond et fasciculé. Son système racinaire assure également une bonne résistance à la sécheresse.

L’absence d’intervention entre le semis et la récolte permet de répartir la charge de travail. Cependant la récolte nécessite une organisation importante des opérations sur le terrain.

Des ressources environnementales

Aucun traitement phytosanitaire n’est utilisé en végétation. Actuellement, environ 15 % des producteurs de chanvre bénéficient du label AB.

En captant 15 t de CO2/ha soit autant qu’un hectare de forêt, la culture de chanvre est considérée comme un puits de carbone. Dans un bâtiment construit en béton de chanvre, 1m² de mur emmagasine 48 kg d’équivalent CO2 sur 100 ans.

Une parcelle de chanvre constitue également un véritable réservoir de biodiversité. Comparativement au colza et au tournesol, le chanvre abrite la plus grande quantité et/ou activité d’arthropodes prédateurs (araignées, carabidés). Grâce à son couvert haut et dense, les araignées sont deux à trois fois plus nombreuses.

Des atouts économiques associés à des débouchés diversifiés

Il existe une aide couplée à la culture du chanvre financée par une enveloppe de 1.6 millions d’euros. Son objectif est de maintenir la production de chanvre et de soutenir la filière. Ainsi en 2023 le montant indicatif de cette aide serait d’environ 98 €/ha.

Toutes les parties aériennes de cette plante fibreuse et oléagineuse sont exploitées et bénéficient d’une large gamme de débouchés.

La paille se décompose en chènevotte et en fibre. La chènevotte est utilisée comme litière végétale, mais peut également être transformée en béton végétal. Les isolants biosourcés produits à base de chanvre connaissent actuellement un essor important.

La fibre connaît un renouveau dans le secteur du textile. On la retrouve également dans le domaine de la construction et de la plasturgie.

Les graines de chanvre, ou chènevis, restent largement utilisées en oisellerie et pour la pêche. Cependant, elles sont désormais également exploitées dans l’alimentation humaine en raison de leurs qualités nutritionnelles exceptionnelles, ainsi qu’en cosmétique.

Depuis décembre 2021, le cadre légal a évolué en autorisant la récolte de la fleur, ce qui a permis de développer le marché moléculaire du CBD.

Pour assurer la traçabilité des productions, trois labels de qualité nationaux ont été mis en place, chacun avec son propre cahier des charges :
- Isolant à base de chanvre
- Label granulat chanvre pour le bâtiment
- Label chènevis français
Le chanvre, est soumis aux réglementations européenne et française. Par conséquent, les semences utilisées doivent être certifiées et inscrites au catalogue. Pour se conformer aux règles de la Politique Agricole Commune, qui sont entrées en vigueur le 1er janvier 2023, la teneur en tétrahydrocannabinol (THC) des plantes de chanvre est passée de 0,2 % à 0,3 % en France.

Depuis décembre 2021, le cadre légal a évolué et autorise la récolte de la fleur, ce qui a permis de développer le marché du CBD. (Photo Legros).