Anciens
Le billet d'humeur de Jean-Pierre Bouron

Jean-Pierre Bouron
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Jean-Pierre Bouron, vice-président de la SDAE (Section des anciens exploitants de la FDSEA de l’Yonne) s’exprime dans nos colonnes.

SDAE
Jean-Pierre Bouron, vice-président de la SDAE de l'Yonne.

Finie la période d’insouciance et d’abondance. Les petits retraités qui n’ont que leur maigre pension comme revenu, apprécieront ces annonces prônant la sobriété et la fin du gaspillage.
Sans tomber dans la sinistrose, nous constatons chaque jour combien le retour à une inflation à deux chiffres, voire plus, pour certains produits et services indispensables pour se nourrir, se chauffer, se soigner, se vêtir et se déplacer inflige de telles augmentations qu’un grand nombre de français vont tomber dans la précarité et n’auront comme seule solution que de faire un cran supplémentaire à leur ceinture.
Le pouvoir, pour éviter une réaction incontrôlable de la population, n’a trouvé comme seul moyen que la distribution de quelques dizaines d’euros aux plus impactés par la crise, ce qui ne résout rien sur le long terme. La période agitée que nous traversons est le moment de tracer des perspectives d’avenir pour les prochaines décennies.
Nous attendons de nos gouvernants, empêtrés dans leurs contradictions et leurs atermoiements, qu’ils prennent des décisions quitte à se rendre impopulaire. Il appartiendra ensuite au parlement de les amender, de les approuver ou de les rejeter.
Comment peut-on être crédible lorsque l’on nous annonçait que l’énergie électrique en France était, grâce au nucléaire, parmi la moins chère des pays européens et que parallèlement on prévoyait de fermer des centrales tout en nous incitant à remplacer nos véhicules thermiques par des électriques alors que nous ne sommes pas assurés d’avoir assez de courant pour l’hiver ?
Pourquoi une telle hausse alors que nous sommes en quasi autonomie ? Les récents conflits sociaux doivent nous interroger sur le manque de dialogue entre les parties prenantes ce qui aboutit à privilégier l’épreuve de force à la concertation quitte à perturber l’économie du pays et à prendre en otage une partie de la population. Le moment est peut-être venu de se rappeler ce qu’est une entreprise. Industrielle, artisanale, commerciale, agricole, elle est composée de femmes et d’hommes qui sont dirigeants, cadres, ouvriers ou actionnaires. Tous participent par leur travail, par leurs apports de capitaux à sa réussite et aux résultats. Ils sont indissociables. Leurs rémunérations doivent être réparties en fonction de leurs responsabilités, compétences de travail et des risques encourus. Après avoir réinvesti et rémunéré raisonnablement les actionnaires.
Dans le cas de Total, les salaires des principaux dirigeants mériteraient d’être revus à la baisse. Par contre, il serait souhaitable que la même transparence sur leurs montants soit de mise sur l’ensemble des salaires.
Quant aux supers-profits (faut-il pouvoir les définir), ils devraient être affectés en priorité aux petites et moyennes entreprises les plus impactées par l’inflation qui nous pénalise tous.
Difficile pour nous, anciens agriculteurs, de ne pas se préoccuper de l’avenir de la profession, passée de la deuxième à la cinquième exportatrice au niveau mondial. Le point d’équilibre semble rompu entre agriculture compétitive et productive. En effet l’agriculture biologique prend de l’ampleur, malgré les contraintes, les normes, les oppositions irrationnelles, elle est moins productive mais plus écologique (ce qui relève de choix individuels…)
Gardons-nous d’opposer les uns aux autres, alors que les objectifs sont similaires : vivre décemment de son métier, nourrir les habitants de la planète avec des produits sains, entretenir le paysage.
Restons unis face aux contestations qui n’ont pour seule ambition que de contrer tous projets et initiatives portés par les agriculteurs destinés à leur assurer un revenu décent. Réfléchissons aux réformes urgentes et nécessaires à mettre en œuvre pour rétablir une société plus humaine et plus équitable, censée redonner espoir aux générations futures.
Le fort taux d’abstention lors des échéances électorales ne semble pas préoccuper nos dirigeants qui préfèrent discourir au lieu d’agir. La situation actuelle de notre pays qui se dégrade au fil du temps et des dirigeants successifs appelle à un électrochoc.
Mener à bien les réformes promises serait un signe positif qui réconcilierait le peuple avec ses élus qui se préoccupent plus de leurs carrières que des problèmes de terrain. Il est urgent de remettre l’homme au cœur des débats sociétaux et de faciliter la concertation et la recherche de solutions avant d’engager des épreuves de force qui ne peuvent que déboucher sur des incompréhensions.
L’histoire nous a appris que lors des crises telles que celle que nous traversons, émergent des femmes et des hommes désintéressés, visionnaires et charismatiques qui mettent leur talent et leur ambition au service du pays et de l’intérêt général, quitte à être impopulaires. En sera-t-il de même en ce début du 21ème siècle ? L’avenir nous le dira.
Terminons par une citation positive signée Winston Churchill : "Agissez comme s'il était impossible d’échouer."