Portrait

Mathias Bounon, une tête remplie de projets

Originaire de l'Yonne, du côté de Vermenton exactement, Mathias Bounon a grandi les bottes aux pieds, venant d'une famille de céréaliers. Et l'agriculture, il ne l'a jamais vraiment quitté. Après avoir obtenu un bac technologique STAE, avec une spécialisation dans le végétal (fait à Bourges dans le Cher), il s'oriente dans un BTS international, qu'il fait à Auxerre.
Diplôme en poche, il décide d'arrêter les études et devient agent commercial, pour l'entreprise Weaving, « qui était l'importateur des semoirs Aguirre, en France », précise-t-il.
Les semoirs Aguirre, Mathias Bounon les connaissait déjà pour avoir été vendeur chez le concessionnaire agricole MPL, qui importait aussi ces semoirs. « Après trois ans chez Weaving, je commence à travailler pour une société qui importait du matériel Autrichien, spécialisé dans le désherbage mécanique (Hatzenbichler). Puis, en 2009, j'ouvre une structure commerciale d'imports, qui s'appelait BC Technique Agro-Organique, basée à Vermenton, où j'ai poursuivi mon travail avec l'entreprise Autrichienne. En 2012, je suis rejoint par Gabriel Mihu, qui est encore aujourd'hui mon associé. L'entreprise se développe petit à petit jusqu'en 2017 où on atteint les 5 millions en termes d'importation en désherbage mécanique. On était, à ce moment-là, dans les trois plus gros acteurs français de la filière », confie-t-il.

De Phenix Agrosystem…

Suite à des visions différentes avec la société Autrichienne, Mathias Bounon décide de créer sa propre entreprise de constructeur de matériel agricole. « Après trois années à construire le projet, la marque Phenix Agrosystem, dont le siège social est à Arcy-sur-Cure, est lancée le 1er janvier 2019. Cette marque est centrée sur le désherbage mécanique : herse étrille, houe rotative, bineuse… En seulement dix mois, on devient numéro 1 sur le marché français, avec un chiffre d'affaires de 5 millions d'euros annuel ».
L'entreprise se développe encore, puis, le 31 janvier 2023, Mathias Bounon choisit de vendre l'intégralité de ses parts à l'entreprise Japonaise Kubota. « Pourquoi ? Car on avait une entreprise qui était déjà leader sur son marché, qui avait déjà du matériel avec de la technologie et de la maitrise terrain, et un réseau de distribution conséquent. On avait fait nos preuves ».
Les relations avec Kubota ne s'arrêtent cependant pas avec cette vente. « On a ensuite accompagné le groupe pendant 1 an et demi, sur la partie technique et la partie conseil. Aujourd'hui, nous avons gardé de très bonnes relations avec l'entreprise Japonaise ».

à Kristall Agri

Après ce succès, Mathias Bounon (âgé de 38 ans aujourd'hui) a voulu se lancer dans un nouveau défi. « Il était encore un peu tôt s'arrêter-là », sourit-il. « Alors, en accord avec les Japonais, car il y avait des clauses de non-concurrence incluses dans la vente de Phenix Agrosystem, je me lance dans un nouveau marché, qui m'intéressait et sur lequel je ne m'étais jamais vraiment penché : la conception de matériels pour l'entretien des vignes. C'est pour cela que l'on a créé en mars 2023 Kristall Agri. Avec mes deux associés, Gabriel Mihu et Ludovic Delage, on a acquis 2 ha de la zone artisanale, le long de l'autoroute A6, à Nitry (où sont installés notamment les anciens locaux de MPL ou encore le Courtepaille laissé à l'abandon) ».
À travers Kritall Agri, l'objectif de Mathias Bounon reste le même que sur ces précédents projets : apporter des solutions aux problèmes existants. « Mon état d'esprit a toujours été de trouver des solutions développées par les agriculteurs, pour les agriculteurs. Aujourd'hui, on a déjà développé une tondeuse Callisto, qui est une tondeuse interceps pour l'entretien des vignes étroites. On présentera aussi au prochain salon Vinitech-Sifel de Bordeaux (qui aura lieu du 26 au 28 novembre) un prototype d'un broyeur de sarments électrique/hybride. Ensuite, on essayera de sortir un nouveau matériel par an, c'est l'objectif ».

Bien plus qu'un projet, un site complet

Mathias Bounon ne compte cependant par s'arrêter là. Car Kristall Agri n'est qu'une partie du projet global sur le site de Nitry. « L'idée est de monter un nouveau bâtiment dédié à l'assemblage de matériel agricole le long de l'autoroute, et d'en faire deux autres : un avec point de restauration, un autre où on trouvera une brasserie artisanale. Le but ici serait donc de construire du matériel pour les agriculteurs, de transformer des céréales pour faire de la bière qui serait vendue sur site, tout cela en circuit court, et en créant de l'emploi ».
Pour mener à bien son projet dans un délai raisonnable, Mathias Bounon espère avoir un soutien de la part de la Région et du Département. « Pour le moment, on est un peu tout seul dans ce projet. On aimerait réussir à avoir des subventions ce qui nous aiderait à concrétiser le projet global ».
Avec un projet aussi alléchant, et devant un homme qui a prouvé à plusieurs reprises qu'il savait réussir, il serait surprenant qu'il n'obtienne pas un petit coup de pouce.