Élevage allaitant
Des projets plein la tête

AG
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Stéphane Léger s'est installé sur la ferme familiale à Villargoix l'an dernier. Rencontre avec ce jeune homme de 33 ans ambitieux et passionné.

Des projets plein la tête
L'éleveur avec Hayden, l'un de ses deux fils.

S'installer sur la ferme familiale était un projet de longue date. « Je savais que j'allais revenir un jour, c'était un souhait, un projet de vie, comme bon nombre de jeunes qui attendent leur heure et le départ en retraite de leurs parents », confie l'ancien mécanicien automobile, salarié pendant douze ans dans un garage à Semur-en-Auxois. Son arrivée sur l'exploitation s'est réalisée en deux temps à partir de 2019. « Je suis revenu un peu plus vite que prévu en assurant une double activité pendant trois ans. En effet, une opportunité se présentait à moi avec la reprise de quelques terres dans le secteur. J'ai ensuite assuré un plein temps en arrêtant la mécanique dès 2021, mon père est devenu salarié par la même occasion, pour un petit moment », poursuit Stéphane Léger, aujourd'hui à la tête d'un troupeau de 120 vaches charolaises.

Des réalisations

L'habitant du hameau de Thomirey a aussitôt laissé son « empreinte » sur la ferme. La première année, plusieurs parcs de contention ont été créés dans les prés avec l'aide financière du PCAE. « Cela a été l'une de mes premières initiatives en effet, je voulais être capable de travailler seul, en gagnant du temps et en mettant un point d'honneur sur la sécurité. Aussi, j'ai également inscrit l'ensemble du cheptel au Herd book et adhéré à Bovins Croissance ». Le PCEA a une nouvelle fois été sollicité l'an passé pour la création d'un bâtiment de stockage, équipé de panneaux photovoltaïques. « II ne manque plus que le raccordement, sachant que celui-ci a déjà été retardé à trois reprises... J'ai perdu les meilleurs mois de l'année alors que les premières annuités vont bientôt arriver... C'est dommage, ces problèmes d'approvisionnements concernent tous les secteurs et touchent de plein fouet le milieu agricole », lance le nouvel installé. Stéphane Léger ne compte pas s'arrêter en si bon chemin : un ancien bâtiment sera ré-aménagé à court ou moyen terme, son quai d'alimentation sera repensé et de nouveaux cornadis seront installés. Un lève-tête pour bovins lui permettra de devenir autonome dans les soins ses animaux. La réfection d'une autre toiture est aussi « dans les cartons », avec une seconde installation photovoltaïque de 100 kWc.

Vente directe

L'installation de Stéphane Léger a aussi été l'occasion de mettre en place la vente directe sur l'exploitation. Cinq vaches, en moyenne, sont ainsi écoulées chaque année par ce mode de commercialisation : « je propose de la viande en colis ou au détail avec une transformation assurée par Séléviandes. Du saucisson et de la viande séchée font également partie des produits proposés. Je fais systématiquement partir des bêtes de 4 ans pesant 400 kg de carcasse, dans le but de toujours proposer les mêmes produits et les mêmes pièces à la clientèle ». L'éleveur ne rencontre aucun problème pour vendre sa viande, bien au contraire, le bouche-à-oreille fonctionne d'ailleurs très bien. Seul petit bémol depuis plusieurs semaines : il n'est pas toujours évident de répercuter la hausse des coûts de production sur ses produits : « en parallèle, avec la hausse des cours, cette activité devient un peu moins rentable, il faut le reconnaître, mais celle-ci m'apporte énormément de satisfaction avec les échanges que je peux avoir avec les consommateurs. La vente directe permet de parler de notre métier et redorer, selon moi, l'image de l'agriculture ».

Des engagements

Stéphane Léger s'implique dans la profession. Membre des JA de Saulieu-Liernais et de la FDSEA de Côte-d'Or, le jeune homme de 33 ans vient d'entrer au conseil d'administration de la Sicarev. Sa première réunion s'est récemment déroulée à Nevers, le contexte de la viande a notamment été évoqué : « la viande va t-elle continuer d'augmenter ou va t-elle baisser ? Répondre à cette question paraît difficile, personne ne semble vouloir ou pouvoir se prononcer sur ce sujet. Une chose est sûre : tout le monde croise les doigts pour que ces cours restent au même niveau. Les éleveurs en ont besoin car en face, les charges ne sont pas près de baisser... Certaines dépenses ont même doublé à l'image du gazole, des filets ou des plastiques d'enrubannage pour ne citer qu'eux. Les vaches partent actuellement entre 5,10 et 5,20 euros/kg, selon si l'on tombe sur des R+ ou des R+. C'est le niveau de prix que nous devrions avoir tout le temps pour que nous exploitations soient rentables ».