Châtillonnais
Bonnes et moins bonnes surprises

AG
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Nicolas Devos, responsable terrain à 110 Bourgogne, livre son ressenti sur les moissons.

Bonnes et moins bonnes surprises
Nicolas Devos.

Et dans le Châtillonnais, ça dit quoi ? La question a été posée la semaine dernière à Nicolas Devos, responsable terrain à 110 Bourgogne, ayant notamment en charge le grand secteur nord-ouest de la Côte-d'Or. En céréales d'hiver, la moisson s'avère plutôt moyenne, car il manque une dizaine de quintaux à l'hectare aussi bien en orge qu'en blé. La qualité est en revanche au rendez-vous dans cette dernière culture : « C'est effectivement très correct, aussi bien en PS qu'en protéines, malgré le fait que les troisièmes apports d'azote n'ont pas été réalisés. Même dans les blés améliorants, il n'y a aucun souci ou presque, alors que le taux de protéines doit sortir à 15% ». Dans les orges d'hiver, la donne est légèrement différente : « les résultats sont bons en protéines mais beaucoup moins en calibrage, avec une moyenne décevante aux alentours de 60%. Dans un tel contexte, dès le 27 juin, nous avons décidé d'abaisser notre norme de réception à 30% pour ne pas pénaliser la rémunération des agriculteurs. En effet, au moment où je vous parle, il y a une soixantaine d'euros d'écart entre l'orge brassicole et l'orge fourragère, cela valait le coup d'intervenir. Les déclassements seront donc limités, un gros travail nous attend désormais pour calibrer toute cette orge ».

Le come-back du colza

La plus belle surprise de ces moissons pourrait être le colza, selon Nicolas Devos : « cette culture semble refaire son retour en force dans notre secteur, nous entendons très régulièrement parler de rendements au-delà de 30q/ha. Je n'ai, à ce jour*, que peu de données chiffrées pour faire des moyennes, mais tout laisse à penser que le résultat final sera très correct. Les raisons ? Nous avons été un peu plus tranquilles cette année vis-à-vis des insectes, c'est certain. Ensuite, les terres se sont certainement bien « reposées » après plusieurs années sans colza, les implantations ont été réussies. Et aussi, il ne faut pas oublier les colzas éruciques, leur introduction a certainement porté ses fruits, avec une très belle vigueur observée à chaque démarrage. Ce type de colza représente désormais entre 50 à 60% de la sole de 110 Bourgogne sur le Châtillonnais ».

Pas tout rose

Les orges de printemps devraient être, en revanche, la plus grande déception de l'année selon Nicolas Devos, qui manquait toutefois de retours la semaine dernière : « leur moisson commence tout juste, mais nous prenons effectivement la direction d'une très mauvaise récolte dans cette culture. Le Châtillonnais n'a pas pris autant d'orages que le reste du département, le mois de mai a été très sec et cela va se re-sentir dans les rendements en orge de printemps. Je ne prends pas beaucoup de risques en disant cela : l'état d'un certain nombre de parcelles est tout sauf réjouissant ». Une autre culture est d'ores et déjà très décevante, en l'occurrence le pois : « les rendements varient de 10 à 20 q/ha, que ce soit en pois d'hiver ou en pois de printemps. Le compte n'y est pas. Le coup de sec a fait du mal, il faut aussi ajouter la problématique fongicides, car nous ne disposons plus de tous les produits qui donnaient jusqu'à présent de bons résultats. Le pois pose de plus en plus question dans le Châtillonnais ». Le lin et la moutarde ont été vraisemblablement fauchés ces derniers jours, Nicolas Devos attendait les premières bennes pour se prononcer. Le responsable terrain de 110 Bourgogne salue enfin le niveau des prix qui permettra de tirer cette moisson moyenne vers le haut. Pour la prochaine campagne, le salarié de la coopérative s'attend à un regain d'intérêt du colza et peut-être même pour la moutarde, en lien avec son futur prix de vente à 2000 euros/t.

interview réalisée le 13 juillet.