Baigneux-les-Juifs
Un demi-siècle à déshydrater

AG
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La coopérative de Baigneux a soufflé ses 50 bougies lors de son assemblée générale.

 

Un demi-siècle à déshydrater
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Il y a des anniversaires qui comptent plus que d'autres, le cinquantième en fait indéniablement partie. La société coopérative agricole de déshydratation de la Haute-Seine a célébré le sien lors de son assemblée le 15 mai à la salle des fêtes de Baigneux-les-Juifs. « Cinquante ans de joies, de difficultés, de coups durs, d'heures à pelleter, de vidanges, de collectes de luzerne, de factures, de papiers de douanes, de saisonniers, de tonnes de sciures, de kilomètres de soudures et j'en passe... », a listé Didier Robin, l'actuel président, qui a ensuite retracé les étapes importantes de l'entreprise. Cette dernière « aurait dû être fermée tant de fois, comme toutes les autres dans le département. Mais voilà, les volontés de survivre étaient trop fortes ! Nous avons toujours su nous adapter aux contraintes du climat mais aussi aux contextes, aux différentes réformes de la Pac. C'est une satisfaction ».

1000 merci

Didier Robin a remercié les nombreuses familles d'agriculteurs qui font vivre la Déshy'21 depuis sa création : « merci à nos 350 adhérents pour leur confiance, une dizaine d'entre eux sont même là depuis le début ! ». Le président a également félicité l'ensemble des administrateurs pour le travail accompli durant les cinq dernières décennies, y compris les différents présidents qui l'ont précédé (Claude Nocquard de 2013 à 2017, Michel Darbois de 1996 à 2012, Georges Deschamps de 1988 à 1995, Fernand Mousseron de 1983 à 1987 et Jean Renard, le président fondateur de la coopérative, malheureusement décédé en février. Une minute de silence a d'ailleurs été observée pour rendre hommage à tous les membres de la Déshy'21 partis ces derniers mois et ces dernières années). Les salariés ont eux aussi été salués au cours de cette assemblée : « la plus belle des usines ne peut pas tourner sans main d'œuvre... Nos salariés sont impliqués à 100% dans leurs missions afin de servir au mieux nos associés et clients !».

 

 

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Cèdric Funès, salarié à la Déshy'21, est double actif et gère La ferme de la Roche déserte à Magny-Lambert. L'éleveur avait préparé seize bons poulets pour le dîner. La boucherie Reiter, de Baigneux, s'était chargée de l'apéritif.
Rencontre avec.. Jean-Patrice Ollin
Jean-Patrice Ollin .

Rencontre avec.. Jean-Patrice Ollin

Jean-Patrice Ollin participait à l'assemblée de la Déshy'21. Cet agriculteur de Saint-Colombe-sur-Seine, qui s'était distingué -pour l’anecdote- aux derniers Trophées de l'agriculture avec sa production de lentilles, adhère à la coopérative de Baigneux depuis 2015 et son passage en bio : « Je me suis aussitôt engagé pour valoriser la luzerne qui avait fait son apparition dans mes rotations. Aujourd'hui, j'ai entre 60 et 90 ha de luzerne en contrat. La Déshy vient ensiler mes champs entre une et quatre fois par an, selon leur développement. La luzerne est ramenée à l'usine pour y être déshydratée, fabriquée en bouchons puis vendue pour l'alimentation bio pour les animaux. Je suis très satisfait des services. Sur le plan financier, nous sommes payés entre 75 et 95 euros la tonne de matières sèche, c'est satisfaisant là-aussi. Un autre point : je ne suis pas équipé pour stoker autant de luzerne : sans la Déshy, j'aurais dû investir dans un bâtiment dédié ». Jean-Patrice Ollin cultive également du sarrasin, lui aussi valorisé à Baigneux : « c'est un nouveau débouché qui se développe, la coopérative augmente sa production dans ce domaine. À Baigneux, il y a de bonnes idées, ça bouge ! C'est la raison pour laquelle je viens de faire mon entrée dans le conseil d’administration pour m'engager encore plus dans cette belle aventure ».

 

Cap sur la diversification

La Luzerne reste l'activité principale de la Déshy'21, mais bien d'autres produits sont fabriqués à Baigneux. Les granulés de bois se font par exemple de plus en plus nombreux, grâce à l'accompagnement d'une vingtaine de scieries partenaires. La coopérative a optimisé son outil de production en répondant notamment à la pénurie de ce produit. Didier Robin précise que cette optimisation ne s'est pas faite au détriment de la qualité : « bien au contraire, la coopérative a gardé et développé tous les agréments de qualité et certifications attendus par nos partenaires et clients. La filière marc de raisin a également pris de l'ampleur au fil des années. Cela permet d'observer que la stratégie de diversification menée porte ses fruits. Comme attendu, elle limite les risques économiques en cas d'évènements climatiques défavorables. Le sarrasin est en train de se développer et n'est qu'un exemple parmi d'autres ».