Afin de donner plus d'outils aux élèves de Bac Pro CGEA du Legta du Morvan (Château-Chinon – 58), une visite était organisée au Gaec de Germenay (58) le 7 avril. 

Ouvrir ses horizons
Durant la rencontre, Bertrand Cointe insiste : « nous n'avons pas besoin de matériel flambant neuf pour faire du bon travail, il faut simplement qu'il soit adapté à nos manières de travailler ».

Les objectifs de la rencontre entre Bertrand Cointe (un des associés du Gaec de Germenay) et les élèves de Bac Pro CGEA du Legta du Morvan (accompagnés par leur professeur de Zootechnie, Catherine Blin) étaient multiples : les préparer à l’épreuve orale du baccalauréat sur les ressources naturelles communes (sol, eau, etc.), découvrir le GIEE Magellan, entrevoir des itinéraires techniques différents (extraits fermentés de plantes, organismes efficaces) ou encore les pratiques de l’agriculture de conservation des sols. Avant l’intervention de Bertrand Cointe, Catherine Blin a rappelé aux élèves que le sol doit être considéré non pas comme un support mais bien un milieu vivant qu’il faut préserver.

Autonomie

« Le changement ne se fait avec une solution miracle, mais l’accumulation de différents facteurs. Par exemple, le Gaec a choisi de pratiquer le semis direct, d’utiliser des extraits fermentés de plantes, de rallonger les rotations et de couvrir le sol par des couverts végétaux annuels et permanents. Ces leviers génèrent plusieurs intérêts : la réduction maximum du travail du sol (et donc une certaine économie en temps et en carburant), la revitalisation du réseau microbien engendrant des plantes en meilleure santé ou du moins nécessitant moins voir pas de traitement » explique Bertrand Cointe avant d’ajouter : « il faut également s’adapter à tout notre environnement comme aux conditions climatiques ou encore à la composition de notre sol. Toutes les pratiques mises en place sur le Gaec n’ont qu’un seul objectif – outre la préservation de notre terre : ne pas être dépendant de la variation des cours des intrants ou encore des aliments pour les animaux ».

Les bases

Durant la visite, Bertrand Cointe a également insisté : « il est indispensable de se référer aux résultats économiques de son exploitation pour savoir ce qui marche ou pas. Il faut avoir en tête de travailler pour se dégager un revenu et non pour survivre. Encore de nombreux agriculteurs vivent de leur métier, il faut donc s’en inspirer sans claquer les modèles. Je pense que nos politiques font une énorme erreur en voulant nous mettre dans des cases (Bio, conventionnel, etc.) et en pensant qu’il n’y a qu’un modèle type. Notre métier est multiple et un système fonctionnant chez un tel ne sera pas forcément efficace chez un autre ».

Dans son ensemble

Bertrand Cointe a aussi évoqué l’importance de prendre en compte ses terres dans leurs intégralités (au-delà de leur valeur agronomique) : « Pour ma part, j’ai choisi de replanter des haies afin de faire des ponts aux rapaces. Ces derniers sont très utiles pour les mulots – dont nous avons été infestés il y a peu. Si l’implantation n’est pas possible, on peut toujours mettre des piquets dans les parcelles pour qu’ils puissent s’y poser. Même les renards peuvent être utiles ! Nous travaillons le vivant, alors autant le prendre en compte dans son ensemble. Il y a un équilibre à respecter que ce soit pour les cultures, l’élevage ou encore la nature dans sa globalité ». Dans la même veine, Bertrand Cointe envisage de positionner des ruches sur les parcelles du Gaec. Catherine Blin conclu : « Les pratiques agricoles ont changé et continueront d’évoluer. C’est pour cela que les jeunes doivent s’intéresser à tout et prolonger cela dans leur vie d’adulte afin d’avoir une conduite la plus adaptée au contexte. Les objectifs de cette visite étaient de préparer les élèves à l’épreuve orale de leur examen en juin mais également de les sensibiliser à produire autrement. C’est une autre façon de penser pour réintroduire du savoir agronomique et utiliser les interactions naturelles ». En mai, lors de l’organisation de deux journées axées sur l’installation, ces élèves échangeront avec Benoît Giroud, conseiller climatique à la chambre d’agriculture de la Nièvre, pour échanger sur les changements climatiques, le diagnostic empreinte carbone et les leviers possibles à mettre en place.

Le mot de Claudine Nivot, 18 ans, élève
Bertrand Cointe a expliqué l'utilité d'un couvert dans sa parcelle de 7 ha (ici, avoine d'hiver sous couvert permanent de luzerne). Avec le test à la bêche, et les explications de bertrand Cointe, les élèves ont pu observer la structure du sol, l’enracinement , la présence d’anéciques et de nodosités sur les racines de la luzerne et donc les bienfaits des couverts végétaux.

Le mot de Claudine Nivot, 18 ans, élève

« Je souhaite poursuivre mon parcours en para-agricole. Et même si les thèmes abordés ne me servent pas forcément dans mon avenir professionnel, je pense qu’il est nécessaire d’être curieux sur tout et d’ouvrir ses horizons. Apprendre qu’il y a des pratiques alternatives peut être un moyen d’avoir des idées pour la suite ».