Double activité
Chaque seconde est comptée

AG
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Jean Méot, habitant de Genlis, alterne les métiers de mécanicien et d'exploitant agricole.

Chaque seconde est comptée
Le jeune homme de 26 ans, dans une de ses parcelles de cassis à Sacquenay.

L’agenda d’un double-actif est toujours très chargé, celui de Jean Méot ne déroge pas à la règle. Ce fils d’agriculteur est mécanicien à la SARL Walter de Rouvres-en-Plaine depuis plusieurs années. En parallèle, Jean Méot est lui-même agriculteur à Sacquenay après avoir repris les terres de son père en 2021. L’exploitation compte un hectare de cassis et quatre autres en arbres fruitiers et petits fruits. Le Côte-d’orien a agrandi sa surface en début d’année en reprenant les six hectares de cassis jusqu’ici exploités par Roger Flocard, son voisin à Sacquenay, qui a fait valoir ses droits à la retraite le 1er janvier. Cela va sans dire : « chaque seconde est chronométrée » et Jean Méot n’a guère de temps libre en dehors de ses deux activités, d’autant plus que ce double-actif a également en charge l’ancien atelier de transformation de son père.

Coup de froid

Rencontré la semaine dernière dans ses parcelles, Jean Méot s’inquiétait de l’épisode de froid du week-end des 2 et 3 avril, celui-ci pourrait avoir de lourdes conséquences sur la production de ses arbres fruitiers : « il faudra encore attendre quelques jours pour faire le bilan, voir ce qui repart ou pas, mais il y a d’ores et déjà de la casse, c’est certain, notamment dans les mirabelles, les groseilles et les casseilles. Je croise les doigts pour que les pommiers s’en sortent le mieux possible ». Ces vagues de froid tardives tendent malheureusement à se répéter : « cela devient en effet de plus en plus fréquent. L’an passé, plusieurs récoltes avaient déjà été divisées par deux, voire plus. Nous n’avions ramassé que 200 kg de groseilles et à peine 60 kg de casseilles, alors que la demande des clients est en constante augmentation. Il n’y aura peut-être pas de cerises cette année, je continue à transformer mais les stocks d’il y a deux ans s’amenuisent sérieusement… ».

Miser sur le cassis

Jean Méot espère une belle récolte de Noir de Bourgogne en juillet : « le précédent millésime était d’un haut niveau et nous avait fait le plus grand bien, après plusieurs exercices difficiles à cause des sécheresses. Le froid de l’an passé n’avait pas eu de réel impact, espérons qu’il en soit autant cette fois-ci ». Le producteur transforme l’intégralité des fruits issus de son hectare bio, cultivé jusqu’à présent par Éric, son père. Des nectars, des sirops et des confitures sont ainsi produits et vendus aux particuliers, sur le marché de Renève et sur diverses foires artisanales. Le cassis conventionnel hérité de Roger Flocard sera quant à lui vendu à la coopérative Les Coteaux Bourguignon, qui écoulera ensuite la production aux différents liquoristes dijonnais.

Quelle suite ?

Jean Méot envisage-t-il d’arrêter la mécanique pour se consacrer entièrement à son exploitation ? « Il est bien trop prématuré pour prendre une telle décision », répond l’intéressé, « il est vraiment difficile de se projeter avec les aléas de toutes sortes que nous pouvons subir dans ce métier. Avec le froid, tout le travail d’une année peut être anéanti en une seule nuit. Il existe bel et bien des parades comme les bougies utilisées dans les vignes, mais l’investissement est bien trop élevé pour moi et les résultats ne sont jamais garantis. Je préfère assurer mes arrières en conservant mes deux activités ». Outre les aléas climatiques, la cochenille est le grand ennemi du cassis : « celle-ci est capable de ravager une exploitation entière. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé à mon père il y a une douzaine d’années. Il était le premier producteur à se lancer sur 8 ha de Noir de Bourgogne en agriculture biologique, en plus de ses 4 ha de fruitiers bio. La cochenille s’est manifestée et il a dû arracher pas moins de 7 ha de plantations de cassis. En bio, les moyens de lutte sont plus que limités ». Contact : 06 71 99 37 98, page Facebook « Exploitation la chênaie ».

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Jean Méot en visite dans ses pommiers. Les dégâts devraient être limités dans cette production.
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Plusieurs mirabelliers ne donneront rien cette année.