Entretien du couvert
Tester des alternatives

Chloé Monget
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Depuis quelques semaines, le Domaine du Bois Bourbon (Livry) teste le pâturage dans les vignes comme alternative aux produits phytosanitaires.

Tester des alternatives
Guillaume De La Brosse (à droite) avec son salarié, Vincent Prévost.

Le Domaine du Bois Bourbon (Livry) a été repris en 2021 par trois associés. Ainsi, Jeroen et Marian Dewulf sont chargés de la commercialisation et de la communication. De son côté, Guillaume De La Brosse s’occupe de la viticulture et de la vinification, avec l’aide de Vincent Prévost, salarié à temps plein. Guillaume De La Brosse précise : « autrefois, le vignoble s’étendait sur 400 ha. Mais la guerre ou encore le phylloxéra l’ont fait tomber en décrépitude au fil des ans. Étant excentré et éloigné des grandes appellations (Sancerre à une heure au nord) le domaine mérite d’être connu et présente différents atouts. Et, parmi eux, les essais que nous allons mettre en place avec, toujours en ligne de mire, l’amélioration de la qualité de nos vins ». Ainsi, mi-février, c’est le pâturage qui a été lancé dans les parcelles du domaine.

Atouts agronomiques

Au total, une dizaine de brebis (moutons Charollais croisés Suffolk et quelques Texel) a été positionnée en pâturage tournant (1 ha tous les 7,5 jours). « Nous avons entendu parler de cette pratique permettant de rapporter de la matière organique dans le sol, d’éviter un tassement trop important, de réduire la consommation de carburants, tout en entretenant le couvert au pied des vignes sans les abîmer. Cela nous paraissait intéressant pour réduire, voire supprimer, l’utilisation de produits phytosanitaires. Et, pour ne rien gâcher, on reste dans le local puisque les animaux appartiennent à Vincent, notre salarié. Au final, les seuls investissements sont l’argent alloué pour les clôtures et le temps nécessaire à leur installation - une matinée environ ». Pour le moment, les avantages agronomiques ne sont pas encore visibles : « cela demandera quelques années de recul pour constater les effets. Mais à première vue, la coupe des couverts est déjà effectuée avec efficacité, donc rien que pour cela, je trouve que c’est un choix pertinent ».

Aspects inattendus

Outre l’aspect agronomique, la présence des animaux dans les vignes offre un autre bénéfice pour Guillaume. « Depuis qu’ils sont là, les promeneurs et voisins s’arrêtent pour nous poser des questions. On nous appelle également pour avoir notre retour sur cette expérience. En fait, cela nous offre une certaine visibilité qui n’est pas négligeable. Je pense que ce genre de pratique est recherchée par le public, car elle sort de l’ordinaire et remémore que les vignobles sont, finalement, des terrains dynamiques et vivants ». En parallèle, il précise : « en plus, c’est une présence sympathique pour nous qui passons du temps dans les vignes ». Vincent acquiesce en souriant : « la monotonie des vignes est totalement levée quand elles sont à proximité, ça offre un peu de compagnie ». Afin d’assurer le confort des animaux, Guillaume et Vincent prévoient la création de la « Moutmobile » : un abri mobile créé par les deux jeunes hommes afin de faciliter le déplacement de la structure qui se résume, pour l’instant, à quelques tôles.

Avenir bien rempli

Pour l’an prochain, Guillaume De La Brosse envisage de replacer les brebis dans les vignes, mais « un peu plus tôt » afin d’avoir le temps de les positionner dans toutes les parcelles avant le débourrement. Loin de s’arrêter là dans l’expérimentation, les associés du Domaine du Bois Bourbon ont d’autres idées en tête. « Nous avons récupéré une parcelle de 1,5 ha, et nous allons réimplanter de la vigne avec un espace plus large entre les rangs (environ 1,90 m à 2 m) avec un autre cépage (blanc ou rouge on ne sait pas encore). Nous voulons essayer cela toujours dans l’optique de réduire les doses de produits phytosanitaires, car avec des rangs plus aérés la transmission de maladies est potentiellement amoindrie. De plus, cela nous permettra d’utiliser un petit tracteur au lieu de l’enjambeur – diminuant ainsi notre empreinte carbone. Enfin, nous envisageons l’implantation de couverts végétaux permanents ; pour des avantages agronomiques évidents ». Le Domaine du Bois Bourbon continue donc de se réinventer… affaire à suivre de près.

IMAGE A METTRE
Le couvert après quatre jours de pâturage.
Le Domaine du Bois Bourbon en chiffre
La troupe a été positionnée dans les vignes depuis mi-février. Crédit photo : Guillaume De La Brosse.

Le Domaine du Bois Bourbon en chiffre

15 ha au total ; 13 ha de cépages dont 3 ha en gamay, 5 ha en Chardonnay et 5 ha en pinot Noir. Le premier millésime des nouveaux associés a été fait en 2022. Renseignements : https://www.domaineboisbourbon.com/