Cocebi
L'agriculture biologique en crise

Christopher Levé
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L'assemblée générale de la coopérative Cocebi, qui fêtait ses 40 ans d'existence cette année, a eu lieu le jeudi 14 décembre, à Vermenton. L'occasion de fait un bilan des dernières récoltes et de pointer la crise actuelle que traverse l'agriculture biologique.

Cocebi
Guillaume Conseil, président de la Cocebi, a parlé de la crise que traverse actuellement l'agriculture biologique, lors de l'assemblée générale de la coopérative.

Si l’assemblée générale de la Cocebi avait des allures de fête, correspondant aux 40 ans d’existence de la coopérative, la crise actuelle que traverse l’agriculture biologique a toutefois longuement été évoquée lors de ce rendez-vous annuel. « On vit une période chaotique pour la bio, que ce soit au niveau de la production, avec les aléas climatiques, ou au niveau des débouchés, avec une surproduction inédite et un tassement de la demande », se désole Guillaume Conseil, président de la coopérative la Cocebi.
Le tonnage final de la récolte 2022 s’établit à 37 681 tonnes collectées par la coopérative, soit une légère baisse d’environ 2 000 tonnes par rapport à 2021. « Dans un contexte très sec, la récolte fut précoce. Les rendements et la qualité de la récolte d’été furent malgré tout bons. Toutefois, dans ces conditions chaudes et sèches, les rendements ont une nouvelle fois décroché sur les zones à moindre potentiel. La récolte d’automne a été en net repli, en particulier en soja, sarrasin et maïs », analyse Guillaume Conseil. « Pour ne rien arranger, la majeure partie de la récolte de sarrasin a été détruite, en cause les contaminations au prosulfocarbe. C’est un vrai problème de santé publique, qui impacte l’agriculture bio mais aussi l’agriculture conventionnelle, car les produits contaminés sont impropres à la consommation animale et humaine. Les contaminations touchent potentiellement toutes les cultures d’automne, mais aussi les vergers et les jardins ».

Un avis mitigé sur 2023

En ce qui concerne la récolte 2023, le sentiment est partagé pour le président de la coopérative. « D’un côté, les rendements en céréales sont bons, mais associés à une forte progression des surfaces en bio ces dernières années et au tassement de la demande, cela engendre une surproduction importante et inédite pour la plupart des céréales à paille, d’où une difficulté de commercialisation et des déclassements à l’export voire en conventionnel, ce qui baisse le prix de vente ».
Autre complexité de cette année, les pluies en de moisson à l’été. « Elles ont impacté la qualité des récoltes tardives, qui sont, heureusement, en faible proportion dans le département, contrairement à nos collègues du nord de la France qui ont beaucoup plus souffert. Ces pluies ont cependant contribué à de bons rendements sur les récoltes d’automne ».
Symbole des difficultés que peut connaître l’agriculture biologique actuellement, la lentille connaît une forte baisse de production ces dernières années. « La demande n’est pas fournie, avec des prix qui se maintiennent mais dont les mauvaises récoltes s’enchaînent. La coopérative a récolté jusqu’à 1 000 tonnes de lentilles en 2019. Aujourd’hui, nous peinons à atteindre les 500 tonnes, sans avoir complètement identifié le problème. Le climat ? La fatigue des sols ? Les recherches génétiques ? », se questionne Guillaume Conseil. « De plus, les rendements de triage ont beaucoup chuté à cause de la bruche (un insecte se nourrissant des lentilles) passant de 75 % à 50 % en rendements de triage. La lentille est passée en quelques années du produit phare en bio à un produit que beaucoup ne veulent plus tenter par peur d’échec. Il y a donc urgence à trouver des solutions et des productions qui créent de la valeur ».
Un axe de travail pour la coopérative est donc d’innover pour trouver de nouvelles cultures ou variétés qui correspondent à une demande « et qui soient agronomiquement compatibles avec nos exploitations. La commission R & D et le service production, à travers la plateforme d’essai, travaillent toutes les opportunités qu’elles remontent des demandes d’agriculteurs ou des besoins de clients », conclut le président.