Sapins de Noël
Des producteurs du Morvan en route vers la bio

Elise Rivière-Bio Bourgogne
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Depuis 2019, treize producteurs de sapins de Noël du Morvan œuvrent à l’évolution de leurs pratiques culturales. Un important travail de fond qui porte déjà ses fruits et qui a débouché, pour certains, par la création d’une Indication géographique protégée.

Des producteurs du Morvan en route vers la bio
Observation d’un nouvel outil de travail du sol chez l’un des membres du collectif. (Crédit Bio Bourgogne)

Comprenant une centaine de producteurs pour une surface de production d’environ 1 500 hectares, la Bourgogne est aujourd’hui une région clé du sapin de Noël en France. La production agricole d’un sapin de Noël représente au minimum 6 à 7 ans de travail nécessitant la mise en œuvre de pratiques variées. Les 3 premières années, cruciales, réclament une adaptation de l’itinéraire technique pour assurer la bonne implantation dans le sol et le bon développement du sapin de Noël. C’est durant cette période qu’il existe le plus d’enjeux pour les producteurs de la filière qui cultivent en agriculture biologique :

- Mettre en place un travail du sol mécanique et non chimique,

- Privilégier la tonte pour l’entretien de l’herbe au pied des sapins ou la mise en place d’infrastructures agroécologiques pour assurer un bon équilibre de l’écosystème vis-à-vis des potentiels ravageurs (champignon ou insecte).

Répondre à deux objectifs

Conscients de la nécessité d’aller vers des pratiques plus vertueuses pour préserver l’environnement et la santé de l’opérateur, comme celle du consommateur, treize producteurs du Parc national du Morvan se sont lancés en 2019 dans un travail pour répondre à ces enjeux. La constitution et l’animation de ce groupe ont été assurées par Bio Bourgogne et par l’Association française du sapin de Noël naturel (AFSNN), deux associations impliquées dans l’accompagnement des agriculteurs bourguignons depuis plus de 20 ans : l’une pour le développement de l’agriculture biologique et la seconde pour fédérer les producteurs de sapins de Noël naturels. Ces producteurs travaillent depuis 3 ans pour répondre à deux grands objectifs : produire un sapin de Noël qualitatif en agriculture biologique et assurer la viabilité économique de leurs structures. La remise en cause des pratiques culturales et leur amélioration ont été travaillées à travers plusieurs leviers : visites d’exploitations agricoles certifiées en bio, analyse des pratiques culturales et formation des agriculteurs sur des thématiques comme la biodiversité dans les sapins ou l’implantation de couverts végétaux. Des essais, suivis par les deux organismes cités plus haut ont été mis en place chez chaque producteur du groupe pour permettre à chacun d’avoir accès à des informations clés et localisées sur le bon fonctionnement ou non de certaines pratiques culturales. En complément, des indicateurs reconnus par le ministère de l’Agriculture ont été utilisés pour évaluer les bonnes pratiques des agriculteurs, comme les Indicateurs de fréquence de traitement (IFT-rapport entre la dose de produit phytosanitaire utilisée sur une surface spécifique en comparaison à sa dose de référence et la surface totale de l’exploitation). En 3 ans, une réduction de 30 % de cet IFT a déjà été enregistrée, indiquant une amélioration dans le type de produit et dans les quantités utilisées.

Simulateur de changement de pratiques

L’analyse de l’impact économique a également été une priorité durant ces 3 ans. Chaque producteur a eu la possibilité de simuler le changement de pratiques sur son exploitation à l’aide d’un outil créé collectivement au sein du groupe. Il a permis à certains producteurs de mieux dimensionner l’évolution de leur structure et d’en assurer sa pérennité dans un contexte où l’augmentation des coûts de production est importante. En 3 ans seulement, l’ensemble des producteurs a réduit son utilisation de produits phytosanitaires et 6 sur 13 ont fait évoluer leurs pratiques vers l’agriculture biologique, ce qui témoigne d’une réelle prise de conscience et envie d’avancer collectivement à l’échelle de la filière du sapin de Noël. C’est dans une volonté de reconnaissance du savoir-faire français et local que des producteurs de ce collectif se sont engagés dans la création d’une IGP Morvan en parallèle de ce travail sur les pratiques culturales depuis 2019. Ce travail complémentaire permettra d’obtenir une vraie reconnaissance de la production d’un sapin de Noël sur un territoire adapté en France. Afin de permettre à un grand nombre de producteurs de faire évoluer leurs pratiques culturales tout en maintenant la viabilité économique des structures agricoles, il est nécessaire de valoriser au juste titre ce produit cultivé minutieusement pour continuer à faire rêver petits et grands à l’époque des fêtes de fin d’année.