Rendez-vous
169e édition du concours de Nevers

Chloé Monget
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Le 29 octobre, la ferme du Marault accueillera le traditionnel concours de Nevers ; un rendez-vous incontournable pour certains et une première pour d'autres.

169e édition du concours de Nevers
De gauche à droite : Camille, Alexandre et Jean-Marie Deroche. Crédit photo : Alexandra Poirier

Organisée par la Société d’agriculture de la Nièvre, la 169e édition du concours de Nevers aura lieu le 29 octobre au Marault (Magny-Cours). André Bourry, président de la société, insiste : « Même durant la crise sanitaire nous avons pu tenir ce rendez-vous attendu par nombre d’éleveurs » avant d’ajouter : « et cette année nous sommes ravis de pouvoir se retrouver une nouvelle fois tous ensemble avec une nouveauté : la vente à prix fixe à 3 000 euros organisée en partenariat avec le Gercela, en parallèle du concours ».

Tradition à conserver

Parmi les grands habitués de l’événement, le Gaec Lepée-Bouchard. Jean-Pierre Lépée souligne : « Je suis tombé dans la génétique et les concours depuis tout gamin puisque c’est mon grand-père qui a démarré l’inscription du cheptel d’origine (dans les années 1930). Je suis la troisième génération d’éleveur dans la famille et pour moi c’est une manière de poursuivre le travail qui a été fait jusque-là, tout en conservant la qualité qui a été acquise au fil des ans, même si la race continue d’évoluer. En effet, le Charolais n’est plus le même que celui de 1930, aujourd’hui nous nous attachons aux détails comme le sans corne ou encore la précocité de vêlage - des considérations qui n’existaient pas il y a de cela un siècle. Le concours est une des manières de mettre en avant ces évolutions génétiques tout en permettant aux éleveurs de comparer leur travail. Même s’il y a une compétition, nous sommes là aussi pour commercialiser nos animaux en les valorisants, car c’est l’aboutissement de notre investissement. Mais, ce que je retiens surtout de toutes ces années au concours de Nevers, c’est la convivialité entre nous tous. J’adore que nous nous retrouvions, jeunes et moins jeunes, pour partager notre passion toujours dans un esprit bon enfant, amical et bienveillant. Ce lien entre tous les éleveurs est sûrement un des plus beaux éléments qui constitue de notre profession ; un lien inaliénable qui survit aux hauts et bas des cours des marchés ».

Toute première fois

De son côté, l’EARL de Cognan participera pour la première fois au concours comme l’explique Jean-Marie Deroche, 52 ans : « je me suis installé en 1991, en prenant la suite de mon père. Cette année, j’ai fait le choix de participer au concours car mes enfants, qui souhaitent s’installer sur la ferme (l’an prochain pour mon fils, Alexandre, et dans quelques années pour ma fille Camille) m’ont un peu poussé. Cela est un grand pas, que ce soit pour moi ou pour notre société car je n’avais jamais osé, probablement par manque de confiance en moi. C’est assez difficile de se retrouver dans un endroit où l’on est comparé aux autres, mais je pense que c’est un bon moyen pour se situer et pour faire de nouvelles connaissances notamment pour la clientèle. Il est indéniable que nous espérons que notre participation permettra à notre élevage de se faire connaître un peu plus. Nous sommes ravis, quoiqu’un peu stressés, de venir comme participants et non plus comme spectateurs du concours. Mais, cela était la suite logique à donner à tout le travail qui a été fait depuis des générations sur le domaine, et ce en toute humilité ».

Communiquer sur son métier

Alexandre Deroche, 24 ans, précise : « C’est surtout ma sœur qui nous pousse à communiquer sur notre travail. Elle a vraiment la fibre de la communication ! Elle a compris que les réseaux sociaux, notamment, étaient le meilleur moyen pour se faire connaître, de même que les concours. Pour compléter l’intervention de mon père, je tiens à rappeler que notre cheptel est inscrit à Bovin Croissance depuis 2012 environ mais que nous terminons notre inscription au HBC cette année ». Même si la famille Deroche considère que 2022 est leur première participation au concours de Nevers, il est nécessaire de rappeler, qu’ils y avaient présenté un taureau en 2018 environ, acquis en copropriété avec Olivier Vieux, Jean-Luc et Etienne Gauthier, Fabrice Bertin, Alexandre et Thibault Rameaux et Claude Pacquet. Aujourd’hui, les Deroche sont passionnés de génétique, considérant cela comme une manière de « toujours faire mieux et de faire évoluer le cheptel dans le bon sens même si l’œil de l’éleveur reste au cœur de notre métier ». Outre l’installation d’Alexandre sur l’exploitation familiale, qui se transformera alors en GAEC, la famille souhaite continuer sur sa lancée en organisant, peut-être, des portes ouvertes en 2023.

La nouveauté

En parallèle du concours de Nevers, l’association Gercela, en partenariat avec la Société d’Agriculture de la Nièvre, lance pour la première fois une vente amiable à prix fixe. Au programme tous les veaux (de 8 à 11 mois, tous inscrits HBC) présentés lors de la journée seront proposés à 3 000 euros. Un choix bien spécifique comme l’explique François Durand, éleveur à Parigny-les-Vaux et adhérent du Gercela : « Nous voulons redynamiser notre association en proposant une nouvelle force de frappe pour la commercialisation et une nouvelle clientèle. Ce prix fixe est pour nous une manière de simplifier les échanges entre vendeurs et acquéreurs – qui parfois n’osent pas demander les montants des animaux. De plus, cela permet de rendre relativement abordable l’acquisition d’un futur taureau ayant une haute valeur génétique de vieille souche. La vente aura lieu toute la journée, de gré à gré, et chacun pourra poser ses questions aux éleveurs qui seront là ». Une présentation des reproducteurs en partenariat avec la Sicafome sera faite dans les jours précédents le concours, via les réseaux sociaux. Durant l’événement, il sera possible d’acquérir un veau proposé à la vente via le service de vente en ligne de la Sicafome. L’animal sera attribué au premier acheteur qu’il soit sur place au concours ou en ligne.

Ouvrir les possibles

Jean-Louis Riotte, président du Gercela, insiste également : « Avec cette initiative, nous désirons rendre la génétique abordable, notamment en présentant des animaux avec des qualités particulières comme la facilité de vêlage. Ce point est pour nous primordial puisqu’il permet de réduire les coûts. De plus, le travail sur la génétique permet d’augmenter la croissance des veaux, le poids carcasse et la qualité de la viande. On note aussi que la génétique permet d’avoir des vaches restant en bon état durant les périodes de sécheresse en utilisant uniquement des fourrages grossiers. En somme, la génétique permet de réduire les charges sur tous les postes de production tout en améliorant les résultats et les conditions de travail des éleveurs ; conditions sine qua none à la survie de l’élevage ». Alexandre Deroche souligne aussi : « la vente a prix fixe est un bon moyen d’ouvrir un peu l’inscription aux plus jeunes, de leur permettre d’accéder à des veaux de qualité à un coût raisonnable. Je trouve que cette approche est moderne et très inclusive ». Jean-Pierre Lépée conclut : « La vente à prix fixe est un nouveau moyen de faciliter les échanges entre novices et plus confirmés, car si parfois la peur peut retenir les premiers, il faut toujours avoir à l’esprit que les plus anciens ont été, à un moment, à la même place ; pour moi l’humilité est le maître mot du monde de l’élevage ».