Agrivoltaïsme
Tombés dans le panneau

AG
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Plusieurs agriculteurs se sont lancés dans un projet d’agrivoltaïsme à Sombernon. Une conférence de presse s’est tenue le 12 septembre sur ce sujet alliant production solaire et production agricole sur un même site.

Tombés dans le panneau
Les terres de Julien Duthu (Saint-Seine-l'Abbaye) et Éric Fevret (Tart-l'Abbaye) sont notamment concernées.

L’agrivoltaïsme, on en entend de plus en plus parler. Et du côté de Sombernon, ce n’est sans doute que le commencement. Un projet de 54 ha et 70 000 panneaux va en effet « pointer le bout de son nez » l’an prochain, pour une mise en route programmée courant 2025. La puissance de l’installation s’élève à 30 MWc, de quoi satisfaire les besoins électriques de 8 700 foyers. Quand les modules seront « à plat », ces derniers représenteront 14,80 ha, soit 27 % de la surface dédiée. Pour la partie agricole, une rotation de grandes cultures sera menée en bio sur la même parcelle. Trois à quatre hectares se consacreront à la trufficulture.

20 à 30 millions

La société française Akuo, qui co-construit et exploite une trentaine de centrales en France depuis plus de 15 ans, a proposé une conférence de presse le 12 septembre à la salle communale. Ce projet représente un investissement « entre 20 et 30 millions d’euros » qui sera assuré en très grande partie par l’entreprise. Un financement participatif sera également mis en place et devra représenter au moins 10 % du total. L’EARL Duthu, l’EARL des Crots et le Gaec de Pargy sont les trois fermes partenaires du projet : les exploitants devraient percevoir une rémunération équivalente à trois fois les aides Pac par hectare, même chose pour les propriétaires. Julien Duthu, 39 ans, est venu témoigner : cet habitant de Saint-Seine-l’Abbaye ne paiera plus de location et pourra continuer de travailler dans son champ, en plus de la participation dont il bénéficiera. La durée du contrat s’échelonne sur 30 ans. Des cultures bios seront mises en place, avec forcément quelques contraintes liées aux panneaux : « Les plantes ne devront pas dépasser les 80 cm de haut. En effet, les panneaux bougeront en fonction du soleil et descendront à cette hauteur dans certains cas ». Les rangées de panneaux seront espacées les unes des autres de 12,50 m : l’agriculteur envisage de cultiver sur une largeur de 10,50 m.

Au moins le même rendement

« Plusieurs tests déjà réalisés en agrivoltaïsme montrent que le potentiel des cultures n’est pas altéré, bien au contraire. Dans certains cas, il est même légèrement supérieur. Cela s’expliquerait notamment par l’ombrage permis par les panneaux », commente Julien Duthu. Ce système innovant permettra aussi de stocker de l’eau de pluie pour « arroser » à des moments opportuns : « nous ne pouvons pas parler réellement d’irrigation, mais ce dispositif devrait tout de même être bénéfique aux cultures. Nous sommes ici dans des champs très superficiels et avec beaucoup de cailloux en surface. Le moindre coup de sec, nous le payons cash… Le potentiel, déjà limité, est très vite altéré, nous l’avons encore vu cette année. Il est très rare de dépasser les 45 q/ha en blé conventionnel ». Des équipements spécifiques devraient être mis à disposition de l’exploitant. Au pire des cas, une aide financière devrait lui être accordée pour travailler sereinement. Julien Duthu se dit « convaincu » de la nécessité de « foncer » dans les énergies renouvelables. Pour la partie économique, ses revenus fixes couvriront une partie de ses investissements de sa ferme et lui permettront de « dormir beaucoup plus tranquille ». Lors de cette conférence, Akuo a également fait écho de trois autres projets en Côte-d’Or : à Saint-Martin-de-la-Mer (10MWc), Saulieu (8 MWc) et Liernais (7,5 MWc).

 

 

 

Critères de qualification

Selon la loi d'accélération des énergies renouvelables, une installation est qualifiée d'agrivoltaïque lorsque celle-ci garantit une production agricole significative et garantit un revenu durable. Elle apporte au moins l'un des services suivants, sans dégrader les autres : adaptation au changement climatique, amélioration du potentiel et de l'impact agronomiques, amélioration du bien-être animal ou protection contre les aléas. L'installation doit être réversible (démantèlement possible, pour remise en état). L'activité principale est agricole.