Rentrée 2023
Dans le vif du sujet

Chloé Monget
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Afin de démarrer l’année concrètement, une table ronde sur le thème de l’installation était organisée par le Legta de Challuy et le Legta de Cosne le 8 septembre. La rencontre était suivie, l’après-midi, d’une visite d’exploitation.

Dans le vif du sujet
La rencontre au Legta de Challuy fut suivie par une visite du Gaec du Limonet à Mars-sur-Allier.

« La semaine de la rentrée est particulière puisque les élèves ont eu leur journée d’intégration, puis le lendemain ils sont allés à Innovagri. Afin de la clôturer de manière concrète, et dans le cadre de leur module intitulé Les clés de la réussite à l’installation », indiquent Stéphanie Moulin, enseignante en gestion et coordinatrice du BTS ACSE au Legta de Challuy et Isabelle Plaidy, enseignante en économie-gestion et coordinatrice du Bac Pro au Lycée agricole et viticole de Cosne. Elles ajoutent : « Ainsi, nous avons opté pour une table ronde regroupant divers exploitants et une visite d’exploitation pour l’après-midi au Gaec du Limonet à Mars-sur-Allier (Amélie Boissinot et Mickaël Vadrot) ». Une cinquantaine d’élèves de Bac Pro 1 et Terminale Option Gestion des Entreprises Agricoles et Viticoles et BTS 1 ACSE était réunie pour assister aux explications le 8 septembre au Legta de Challuy.

Points de vigilance

La table ronde du matin réunissait Bertrand Larue (EARL du Château à Achun), Adrien Lurier (Gaec Lurier à Colméry) et Cédric Bernier (éleveur de bovins et de volailles à Saint-Péreuse). Durant les échanges, ils évoquèrent leur parcours avec une installation deux à 10 ans après l’obtention de leur diplôme. Bertrand Larue stipule : « En sortie d’études, les jeunes n’ont pas forcément la maturité pour se lancer, je leur conseille donc d’aller voir ailleurs avant de monter leur projet. Travailler dans une autre exploitation ou se former dans une diversification particulière peuvent être des idées pour recadrer leur projet ». Le travail avec le cercle familial fut aussi évoqué comme le précise Adrien Lurier : « cela peut avoir des avantages, car on se connaît, mais cela peut engendrer des tensions. Dans tous les cas, que ce soit avec des membres de sa famille ou d’autres personnes, il faut communiquer au maximum et ne retenir aucun grief ; sinon on ne s’en sort pas. De plus, il faut avoir l’unanimité des associés ou partenaires pour les décisions directrices de l’exploitation ; là encore, sans cela, on ne peut pas avancer ». D’autres conseils à la réussite ont été prodigués par les intervenants, comme l’importance de la gestion administrative : « il faut passer beaucoup de temps à cela car cela à la fois offre une vision globale précise de son exploitation et permet de monter des dossiers pour des aides – faciles à obtenir pour certaines si on prend le temps de réunir les bons documents » insiste Bertrand Larue. Questions aides publiques, les trois exploitants sont formels : « Si vous acceptez de recevoir de l’argent public, il faut accepter d’avoir des contrôles ; c’est normal de vérifier ce que ces sommes deviennent ».

Une ouverture nécessaire

Enfin, ils martèlent : « Il faut toujours se remettre en question afin d’évoluer et de s’adapter au monde. Il faut s’ouvrir à lui afin d’être au courant des diverses avancées ou subventions existantes. Même si on vous demande de définir votre projet sur 4 ans pour l’installation, il y aura forcément des imprévus et des ajustements. Il faut simplement être raisonnable et ne pas présenter des chiffres enjolivés car cela ne vous rendra pas service ». Cédric Bernier ajoute : « Pour les installations, je pense qu’il est nécessaire de prendre du temps et du recul afin de bien cerner son projet. Cela est encore plus vrai aujourd’hui à cause du contexte climatique et économique que l’on connaît ; rendant l’installation encore plus complexe. Même si s’installer en agriculture – peu importe la filière – n’est pas aisé, si on désire vraiment le faire, il faut y aller avec prudence afin de sécuriser son avenir professionnel et personnel ». Bertrand Larue poursuit : « N’oubliez pas que l’anglais est incontournable. Je vous invite donc à travailler ce point afin de pouvoir a minima tenir une conversation. En maîtrisant une des langues les plus parlées au monde, des opportunités s’ouvriront forcément à vous ». Les intervenants concluent : « faites vos armes, aller voir ailleurs, engranger toutes les connaissances que vous pouvez pendant vos études et vos formations, car cela pourra toujours vous servir. À votre âge, on ne voit pas forcément l’intérêt de tout cela, mais il y en a bien un ». Après ces échanges, les élèves ont pu découvrir l’exploitation du Gaec du Limonet à Mars-sur-Allier (Amélie Boissinot et Mickaël Vadrot).