Portrait
Le Gaec Desmoutiers-Breton passe à trois

Christopher Levé
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Depuis le 1er janvier, Noa Vigneron a rejoint le Gaec Desmoutiers-Breton comme associé. Pour ce jeune icaunais qui n'a pas encore 22 ans, c'est le début d'une nouvelle vie, qu'il découvre petit à petit aux côtés des expérimentés Joël et Gérard. 

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Noa Vigneron aux côtés de Gérard Breton.

Si le nom de l’exploitation n’a pas changé, un nouveau visage vient compléter ceux des dirigeants du Gaec Desmoutiers-Breton, situé à Branches. À pas encore 22 ans, Noa Vigneron est le nouvel associé de Joël Desmoutiers et Gérard Breton, depuis le 1er janvier. Mais il n’est pas un inconnu à la chèvrerie. « Je viens de terminer mes études mais cela fait deux ans que je travaille ici. J’ai fait un an en apprentissage et je sors d’un CS (certificat de spécialisation) caprin, que j’ai fait aux Herbiers (85) », indique-t-il.
Originaire de l’Yonne, Noa Vigneron n’imaginait pourtant pas travailler au sein d’une exploitation en production laitière. « À la base, comme beaucoup d’enfants, je pensais devenir vétérinaire. Ensuite je me destinais à être soigneur animalier, jusqu’à mon BTS. Mais la formation étant hors de prix, j’ai décidé de changer de voie. Durant un stage, j’ai découvert le fonctionnement d’une chèvrerie et cela m’a plu », raconte-t-il. « J’ai découvert le Gaec Desmoutiers-Breton via le réseau Bienvenue à la ferme et je me suis présenté pour demander à y faire mon alternance ».
Pour Gérard Breton, « ce n’était pas du tout prévu au départ que Noa s’associe à nous. Cela s’est fait bien plus tard, lorsqu’il a su qu’on cherchait quelqu’un. Cela faisait des années que l’on cherchait un associé ».

Une décision mûrement réfléchie

Durant son apprentissage, Noa Vigneron a pris le temps de faire mûrir sa réflexion. « C’est une décision qu’on ne prend pas à la légère, j’ai longuement réfléchi avant de leur proposer de nous associer. Ça change toute une vie de passer d’apprenti à patron », dit-il. « J’avais peur de me tromper, d’aller dans quelque chose de trop compliqué. Et puis j’ai quand même décidé de me lancer. Je ne me sentais pas être salarié. Déjà lors de mon BTS, j’avais cette envie de reprendre un jour une exploitation. Mais je ne pensais pas que cela se ferait aussi tôt ».
Et s’il a décidé de franchir le pas, c’est en partie grâce à Joël et Gérard. « S’ils n’étaient pas restés aux Gaec, je ne pense pas que je l’aurais fait maintenant, peut-être pas aussi jeune. Leur présence me rassure et m’aide beaucoup dans ce nouveau rôle ».
Car devenir patron à 22 ans, forcément, cela demande des sacrifices. « Mais lorsque la passion est là, on ne considère plus cela comme des sacrifices. On se dit juste qu’il faut y aller et travailler », sourit Gérard Breton. « Au départ, on a été surpris lorsque Noa est venu nous parler de son envie de s’associer à nous. Très honnêtement, on désespérait de trouver quelqu’un. On avait le moral très bas avant que Noa arrive. On a même pensé à tout vendre. Et quand Noa est arrivé avec son projet, cela nous a reboostés », assure Gérad Breton. « J’aime être avec les jeunes, les accompagner, leur transmettre mon savoir-faire. L’arrivée de Noa au Gaec était une aubaine. C’est quelqu’un de très sérieux, de volontaire. Certes on était désespéré mais on ne se serait jamais associé avec n’importe qui. Le Gaec, c’est notre bébé avec Joël. On a démarré de zéro, avec une chèvre (il y en a aujourd’hui 260), il y a 26 ans. Il était impensable de laisser des parts au premier venu ».

Une installation hors cadre agricole

Aussi, ce qui a plu aux deux compères, « c’est que Noa ne vienne pas du monde agricole. Cela prouve que lorsque l’on veut s’installer, que l’on a un vrai projet, c’est possible. Ce n’est pas réservé aux enfants d’agriculteurs », assure Gérard Breton.
Mais pour Noa Vigneron, l’objectif n’est pas de reprendre seul l’exploitation d’ici quelques années. « On cherchera un ou plusieurs autres associés. Je ne pourrais pas reprendre l’exploitation seul, c’est trop compliqué, ce serait me tirer une balle dans le pied. Il faut gérer à la fois les chèvres, la transformation et la commercialisation ».
Et Noa Vigneron n’est pas venu seul, mais avec des projets plein la tête. « On a trois grands projets en préparation. On attend les réponses au niveau du PSN (anciennement PCAE) pour la création d’un bâtiment de stockage. Il y a aussi la création d’une nouvelle chambre froide et la création d’une salle de traite. Les deux premiers projets seront commencés dans l’année. La salle de traite est prévue pour un peu plus tard », informe-t-il.
En attendant, Noa Vigneron est bien entouré dans son nouveau rôle, qu’il prend très à cœur.