Animation
Comprendre l'intérêt des arbres

Matthias Bourreau (animateur), Etienne Bourgy (CA 58) et Chloé Monget.
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Dans le cadre de la 3e édition de « Les pieds dans l’eau », une animation était organisée le 1er juillet à l’EARL de la Vallée (Parigny-les-Vaux). Le thème : « Les exploitations face au changement climatique, quelle place pour l’eau et l’environnement ? ».

Comprendre l'intérêt des arbres
La Nièvre compte cinq contrats territoriaux : le contrat territorial (CT) Vrille Nohain Mazou (porté par la Communauté de Communes Cœur de Loire), le CT Territorial des Nièvres (Communauté de Communes Les Bertranges), le CT Yonne Beuvron (Syndicat Mixte Yonne Beuvron), le CT Aron-Cressonne et le CT Cure Yonne (tous deux portés par le syndicat du Parc Régional Naturel du Morvan). Crédit photo : Catherine Genty.

Afin de présenter le travail des exploitants agricoles face à l’anticipation au changement climatique mais aussi les autres leviers pour préserver l’environnement, une animation était proposée le 1er juillet à Parigny-les-Vaux à l’EARL de la Vallée. Pour rappel, cette rencontre était organisée dans le cadre de la 3e édition « Les pieds dans l’eau » ; événement d’un mois durant lequel les Contrats Territoriaux de la Nièvre se mobilisent pour sensibiliser le public aux enjeux de l’eau et faire découvrir les rivières.

Des atouts indéniables

Ainsi, la conférence fut animée par Étienne Bourgy, chargé de mission Énergie et Agroforesteries auprès de la Chambre d’Agriculture de la Nièvre (CA 58) et Vincent Pommery, exploitant de l’EARL de la Vallée. Pour débuter, ils se sont attachés à expliquer « le rôle écologique de la ripisylve (forêt présente naturellement sur la berge d’un cours d’eau), de son rôle de fixation des berges, de rétention des pollutions diffuses, de son importance pour le fonctionnement du cours d’eau, notamment sur la baisse de température de l’eau ». L’intérêt de cette végétation pour les exploitants a ensuite été abordé : « elle fait office de coupe-vent pour une parcelle et offre des apports indéniables en matière de production de bois à terme pour que l’exploitant puisse économiser du fioul ou d’acheter quelques camions de paille en moins ». Même si la ripisylve semble avoir tout pour elle, Étienne Bourgy a pointé le coût d’entretien non négligeable qu’elle représente pour les exploitants : « il faut compter environ 400 euros / km /an » avant de nuancer : « passer de haies basses (non fructifère et non productive en bois) à de la ripisylve haute (productrice de bois) 20 années plus tard, permet de faire quelques économies en matière d’entretien (60 % de temps en moins pour l’agriculteur avec 40 % d’économie de carburant) » et de rappeler : « La croissance des bois permet de filtrer et d’épurer l’eau, tout en tenant les berges, et stockant du carbone… . La production de bois obtenu à 20 ans permet alors à l’agriculteur de substituer une facture de fuel ou de paille tout en entretenant ses berges. Coté PAC, Il est possible d’intégrer la ripisylve, comme les haies, car elle est peut-être éligible aux droits à paiement de base (DPB). La ripisylve est donc un linéaire qui génère aujourd’hui un gain économique pour l’exploitation agricole tout en répondant à des problématiques de qualité de l’eau, d’environnement ou de biodiversité ».

Disparitions annoncées

Puis, les échanges se sont dirigés vers le changement climatique et l’importance des arbres. Pour que cela soit plus parlant, l’exemple Parigny-les-Vaux a été pris : « Vincent Pommery, soucieux de réduire les coûts d’entretien des haies de l’exploitation les laisse monter pour produire davantage de bois énergie et de bois litière. Avec le dispositif « Plantons des haies » il a planté cet hiver 4 km de ripisylve composée d’aulnes, saules blanc argenté…, réaménagé un îlot de prairie pour pratiquer le pâturage tournant et protéger une source. Grâce à la présence d’arbres, la température ambiante est aussi réduite de quelques degrés dans la parcelle ». Étienne Bourgy insiste : « Les animaux ne produisent plus de viande au-delà de 25 °C car ils thermorégulent. Comme les 30 °C sont atteints régulièrement sur des périodes de plus en plus longues, de nombreux éleveurs replantent des arbres dans les parcelles par souci du bien-être animal ». Par contre, avec le changement climatique, les arbres d’hier ne seront pas tous ceux de demain : « Certaines sont amenées à disparaître comme les gros chênes pédonculés de nos prairies/cultures qui peuvent mettre 10 ans à péricliter après une canicule, nos haies de charmes qui sèchent également et pour les forestiers c’est l’épicéa (à cause du scolyte) qui ne résiste plus. S’ajoutent à ces constats les problèmes sanitaires pour d’autres essences qui comme les frênes avec la chalarose et très probablement certains chênes » précise Étienne Bourgy.

Intégration d’avenir

Enfin, la question de l’eau dans les parcelles agricoles clôtura les débats. Matthias Bourreau et Étienne Bourgy se sont attachés à expliquer comment l’arbre pouvait ramener une certaine humidité dans le sol via l’augmentation de la matière organique – soit de l’humus favorisant le maintien de l’eau. Ils concluent : « L’arbre est au carrefour de plusieurs problématiques de l’exploitation agricole et certains exploitants lui redonnent une place dans leur système. Il offre des gains importants de diversification des exploitations ou encore de valorisation « énergie ». Il permet de tenir les productions, d’assurer le bien-être animal tout en s’adaptant au changement climatique. L’arbre n’est pas une contrainte mais une complémentarité pour les exploitations ».