Coopérative Bourgogne du Sud
2020, une année charnière
Vendredi 6 décembre dernier, Bourgogne du Sud tenait son assemblée générale annuelle, l’occasion pour les responsables de la coopérative de faire le point sur différents dossiers, au-delà des chiffres et du bilan financier de la campagne 2018-2019. 2020 s’annonce, comme une année charnière. Au niveau politique agricole notamment, avec la mise en place des ZNT et de la séparation vente conseil ; au niveau de la coopérative aussi après le lancement en novembre de l’usine Selvah et les débouchés possibles que permet désormais ce nouvel outil.

Les sujets d’inquiétude et d’incertitude ne manquent pas, comme les a listés Didier Laurency dans son discours proposant un bilan de l’année. Les perspectives répondent aussi à l’appel pour compenser. Mais avant, le président de la coopérative s’inquiète de «la seule règle, celle de la jungle économique» face à laquelle les bonnes intentions de la loi Égalim ne font pas le poids. Il en ressort pour l’instant que «la profession doit s’organiser».
Or, les premiers éléments «visent plutôt à déstructurer notre organisation actuelle». À l’image de l’impossibilité prochaine, pour les structures type coopératives, de cumuler les fonctions de conseils et de ventes des produits phytosanitaires. Si la séparation est annoncée pour le 1er janvier 2021, «nous sommes toujours dans l’incertitude» puisque les modalités ne sont toujours pas définies.
L’inconfort des incertitudes
Un an avant sa mise en place donc, Didier Laurency l’annonce malgré tout : «aucune hésitation, Bourgogne du Sud s’orientera vers l’accompagnement technique», un service déjà proposé en viticulture depuis près de 15 ans, où les coopérateurs peuvent choisir entre dix types de contrats services conseils. Pour les grandes cultures, un contrat de service conseil type est proposé depuis cet automne, «pour mieux répartir le coût en fonction des besoins de chacun […] Si auparavant le coût du service était compris dans l’appro, le défi est désormais de rester au même prix».
Mais l’incertitude «inconfortable» demeure autour «des répercussions financières indéniables» et du devenir des équipes concernées…
Autre incertitude et autres répercussions redoutées, notamment financières, la question des zones de non-traitement, les ZNT «pour lesquelles nous voyons fleurir des arrêtés municipaux électoralistes», à six mois des prochaines municipales. L’occasion pour Didier Laurency d’inciter les agriculteurs à intégrer les conseils municipaux et l’ensemble de la profession à s’emparer de sa communication. «L’exemple du projet de parc régional dans la Bresse prouve une nouvelle fois que nos propres voisins et nos maires ne connaissent plus nos métiers !»
Ne plus participer «au désastre»
Dans un contexte d’évolution du climat, avec pour symptômes le gel, le sec, le déficit de pluviométrie impactant clairement les végétaux et les animaux et «entraînant jusqu’à 50 % de pertes en viticulture dans la zone sud de la coopérative» (Mâconnais), agriculteurs et coopératives doivent se réinventer et s’adapter : le système assurantiel permet de limiter un peu les conséquences, avance notamment le président coopérateur, de même que les choix agronomiques.
Un choix sociétal aussi, au regard de l’Amazonie en feu puisqu’«importer du soja participe au désastre». L’occasion pour Didier Laurency de faire le focus sur l’usine Extrusel, un outil permettant de développer le soja français, de qualité et tracé non-OGM, et porté en commun par les coopératives partenaires (Dijon Céréales et Terre Comtoise notamment). Autre outil, opérationnel depuis quelques semaines, Selvah. Deux usines permettant d’illustrer concrètement le propos de la table ronde organisée ensuite et abordant le développement de la protéine française (voir ci-dessous).
Une table ronde pour promouvoir l’autonomie protéique
Actuellement sur le continent sud américain, 60 millions d’hectares sont dédiés à la culture du soja. Les estimations parlent de 16 millions d’hectares supplémentaires d’ici dix ans, des surfaces récupérées sur la forêt amazonienne… celle-là même qui brûle de mille feux actuellement.
16 millions, c’est exactement l’équivalent en graines et tourteaux de soja que l’Union européenne a importé sur la campagne 2018-2019, quand sa production est de seulement un million d’hectares répartis sur la Roumanie, l’Italie et la France.
Si la surface de soja non-OGM en UE a doublé en 15 ans, les superficies restent bien en deçà de la demande. Une tendance qui gagne l’ensemble de l’Europe où les consommateurs souhaitent désormais des animaux nourris sans OGM.
La Bourgogne propose l’un des deux sites de trituration français avec l’usine Extrusel basée à Chalon-sur-Saône.
C’est dans ce contexte que la table ronde de l’assemblée générale avait pour thème «le développement de la protéine française, l’exemple des coopératives de Bourgogne Franche-Comté» et en sous-titre «de la racine à la recette».
Une R & D heureusement maintenue
Ainsi la partie graine a été abordée via Artémis et ses travaux de recherche sur les variétés pour produire des plantes (soja, pois) ou obtenir des coproduits (via les colzas, tournesols) toujours plus riche en protéines. Une recherche et développement maintenue depuis plusieurs années notamment par Euralis Semence, à une époque où les surfaces de soja n’auraient pas dû permettre de maintenir ces recherches. En sachant qu’il faut près de 10 ans pour créer une variété et que le soja est une plante particulière difficile à travailler, le maintien de la R & D permet aujourd’hui de proposer sur le marché des semences précoces à tardives, correspondant aux caractéristiques régionales.
Et de l’amont à l’aval, il faut garantir stockage et traçabilité, conditions sanitaires et nouveaux produits. C’est ce que permet le site d’Extrusel, qui aura transformé sur la campagne 2018-2019, 50 000 tonnes de colza et 30 000 tonnes de soja, représentant 1 000 camions d’huile et 1 700 camions de tourteaux.
En alimentation animale, la concurrence est rude face à un coût du transport des bateaux à grands gabarits toujours plus bas que ceux de la route… La carte du local entre production, transformation et consommation reste donc un atout indéniable pour le site.
Et déjà de nouveaux marchés se profilent notamment des contrats d’huile avec Lesieur ou à terme le dégommage à façon et la production de lécithine de soja par séchage des gommes. L’étape suivante pour Extrusel, c’est le démarrage en janvier de la construction de six nouvelles cuves supplémentaires, portant à 1 800 m3 les capacités totales de stockage.
L’alimentation humaine aussi
En parallèle, a débuté en novembre dernier la production de l’usine Selvah, pour Société pour l’extrusion de légumineuses valorisées en alimentation humaine, ouvrant cette fois de nouvelles perspectives de cultures de soja et autres légumineuses pour les producteurs de la région et de marchés notamment en alimentation végétarienne, pour la boulangerie-pâtisserie et autour des ingrédients fonctionnels. Loin d’en rester là, plusieurs participants à la table ronde ont invité les représentants des coopératives concernées à d’ores et déjà s’ouvrir à de nouveaux produits et à l’export.
Or, les premiers éléments «visent plutôt à déstructurer notre organisation actuelle». À l’image de l’impossibilité prochaine, pour les structures type coopératives, de cumuler les fonctions de conseils et de ventes des produits phytosanitaires. Si la séparation est annoncée pour le 1er janvier 2021, «nous sommes toujours dans l’incertitude» puisque les modalités ne sont toujours pas définies.
L’inconfort des incertitudes
Un an avant sa mise en place donc, Didier Laurency l’annonce malgré tout : «aucune hésitation, Bourgogne du Sud s’orientera vers l’accompagnement technique», un service déjà proposé en viticulture depuis près de 15 ans, où les coopérateurs peuvent choisir entre dix types de contrats services conseils. Pour les grandes cultures, un contrat de service conseil type est proposé depuis cet automne, «pour mieux répartir le coût en fonction des besoins de chacun […] Si auparavant le coût du service était compris dans l’appro, le défi est désormais de rester au même prix».
Mais l’incertitude «inconfortable» demeure autour «des répercussions financières indéniables» et du devenir des équipes concernées…
Autre incertitude et autres répercussions redoutées, notamment financières, la question des zones de non-traitement, les ZNT «pour lesquelles nous voyons fleurir des arrêtés municipaux électoralistes», à six mois des prochaines municipales. L’occasion pour Didier Laurency d’inciter les agriculteurs à intégrer les conseils municipaux et l’ensemble de la profession à s’emparer de sa communication. «L’exemple du projet de parc régional dans la Bresse prouve une nouvelle fois que nos propres voisins et nos maires ne connaissent plus nos métiers !»
Ne plus participer «au désastre»
Dans un contexte d’évolution du climat, avec pour symptômes le gel, le sec, le déficit de pluviométrie impactant clairement les végétaux et les animaux et «entraînant jusqu’à 50 % de pertes en viticulture dans la zone sud de la coopérative» (Mâconnais), agriculteurs et coopératives doivent se réinventer et s’adapter : le système assurantiel permet de limiter un peu les conséquences, avance notamment le président coopérateur, de même que les choix agronomiques.
Un choix sociétal aussi, au regard de l’Amazonie en feu puisqu’«importer du soja participe au désastre». L’occasion pour Didier Laurency de faire le focus sur l’usine Extrusel, un outil permettant de développer le soja français, de qualité et tracé non-OGM, et porté en commun par les coopératives partenaires (Dijon Céréales et Terre Comtoise notamment). Autre outil, opérationnel depuis quelques semaines, Selvah. Deux usines permettant d’illustrer concrètement le propos de la table ronde organisée ensuite et abordant le développement de la protéine française (voir ci-dessous).
Une table ronde pour promouvoir l’autonomie protéique
Actuellement sur le continent sud américain, 60 millions d’hectares sont dédiés à la culture du soja. Les estimations parlent de 16 millions d’hectares supplémentaires d’ici dix ans, des surfaces récupérées sur la forêt amazonienne… celle-là même qui brûle de mille feux actuellement.
16 millions, c’est exactement l’équivalent en graines et tourteaux de soja que l’Union européenne a importé sur la campagne 2018-2019, quand sa production est de seulement un million d’hectares répartis sur la Roumanie, l’Italie et la France.
Si la surface de soja non-OGM en UE a doublé en 15 ans, les superficies restent bien en deçà de la demande. Une tendance qui gagne l’ensemble de l’Europe où les consommateurs souhaitent désormais des animaux nourris sans OGM.
La Bourgogne propose l’un des deux sites de trituration français avec l’usine Extrusel basée à Chalon-sur-Saône.
C’est dans ce contexte que la table ronde de l’assemblée générale avait pour thème «le développement de la protéine française, l’exemple des coopératives de Bourgogne Franche-Comté» et en sous-titre «de la racine à la recette».
Une R & D heureusement maintenue
Ainsi la partie graine a été abordée via Artémis et ses travaux de recherche sur les variétés pour produire des plantes (soja, pois) ou obtenir des coproduits (via les colzas, tournesols) toujours plus riche en protéines. Une recherche et développement maintenue depuis plusieurs années notamment par Euralis Semence, à une époque où les surfaces de soja n’auraient pas dû permettre de maintenir ces recherches. En sachant qu’il faut près de 10 ans pour créer une variété et que le soja est une plante particulière difficile à travailler, le maintien de la R & D permet aujourd’hui de proposer sur le marché des semences précoces à tardives, correspondant aux caractéristiques régionales.
Et de l’amont à l’aval, il faut garantir stockage et traçabilité, conditions sanitaires et nouveaux produits. C’est ce que permet le site d’Extrusel, qui aura transformé sur la campagne 2018-2019, 50 000 tonnes de colza et 30 000 tonnes de soja, représentant 1 000 camions d’huile et 1 700 camions de tourteaux.
En alimentation animale, la concurrence est rude face à un coût du transport des bateaux à grands gabarits toujours plus bas que ceux de la route… La carte du local entre production, transformation et consommation reste donc un atout indéniable pour le site.
Et déjà de nouveaux marchés se profilent notamment des contrats d’huile avec Lesieur ou à terme le dégommage à façon et la production de lécithine de soja par séchage des gommes. L’étape suivante pour Extrusel, c’est le démarrage en janvier de la construction de six nouvelles cuves supplémentaires, portant à 1 800 m3 les capacités totales de stockage.
L’alimentation humaine aussi
En parallèle, a débuté en novembre dernier la production de l’usine Selvah, pour Société pour l’extrusion de légumineuses valorisées en alimentation humaine, ouvrant cette fois de nouvelles perspectives de cultures de soja et autres légumineuses pour les producteurs de la région et de marchés notamment en alimentation végétarienne, pour la boulangerie-pâtisserie et autour des ingrédients fonctionnels. Loin d’en rester là, plusieurs participants à la table ronde ont invité les représentants des coopératives concernées à d’ores et déjà s’ouvrir à de nouveaux produits et à l’export.
Un nouveau directeur adjoint
En attendant le départ à la retraite de Michel Duvernois le 30 juin prochain, son successeur Christophe Marcoux débutera le 1er janvier prochain au poste de directeur adjoint. Coopérateur dans l’âme depuis de nombreuses années, cet homme de 49 ans arrive de Val’Limagne, une coopérative de l’Allier. Il reste convaincu du bénéfice du travail en coop au niveau régional, de la rentabilité de l’agriculture en mouvement passant par l’agronomie, de la nécessité, pour ne pas dire de l’injonction de communiquer.
Michel Duvernois a procédé de son côté à sa dernière présentation des comptes annuels, après 36 ans à Bourgogne du Sud. Nous reviendrons la semaine prochaine sur ce bilan de campagne 2018-2019.
Michel Duvernois a procédé de son côté à sa dernière présentation des comptes annuels, après 36 ans à Bourgogne du Sud. Nous reviendrons la semaine prochaine sur ce bilan de campagne 2018-2019.